Souvent, celles et ceux qui se sentent appelés par l’hébreu sacré (les 22 lettres) et ne possèdent que peu de connaissances traditionnelles, ne rencontrent d’enseignements que des pratiques dégradées, des raccourcis vidés de leur substance libératrice. Ceux qui les proposent sont souvent de bonne foi, seulement ils ont un peu « bâclé » leurs propres apprentissages. Esprits souvent créatifs, ils offrent plus d’eux-même avec les limites que cela comporte, que la «nourriture» véritable, tradition sacrée, construites par des sages sur plusieurs millénaires. Cette dernière, la tradition des enseignements de l’hébreu sacré, se donne, en vérité, comme premier objectif de révéler la connaissance du divin aux racines et singularités de l’être qu’elle instruit. Ce que saint Jean Climaque appelait soit le Maître intérieur, soit le livre sacré à l’intérieur de toute âme. Cette capacité à sentir et juger (au sens noble et bienveillant) pour amener l’impétrant vers sa révélation, son retournement (Metanoïa / Techouvah) et ainsi entretenir un dialogue avec la puissance divine, résulte d’une étude qui ne peut se faire en moins d’une dizaines d’années… Ceci n’est pas le seul fait de la tradition civilisatrice du Judéo-christianisme… Il en est de même dans les traditions dites druidiques, bouddhiques, soufis… Épris de quelques jolies étincelles qu’ils confondent avec le brasier divin, ayant « bâclé » leur propre enseignement, les « enseigneurs inachevés » proposent des raccourcis, persuadés de faire des initiés en 3 leçons. Les enseignements qu’ils proposent nourrissent une relation narcissique à soi même et renforcent les vanités individuelles. Deux pièges que les conditionnements du temps dans lequel nous sommes ne nous apprennent plus à éviter. Vanité et narcissisme, en notre 21e siècle, ont été constitués en véritable doctrine. Une doctrine diffuse et omniprésente dont l’objectif principal est l’ultra-consommation et la confusion de l’avoir assimilé à l’être. S’échapper d’abord de ce piège est la condition sine qua non de l’ouverture au divin.
Ce que propose comme socle le cheminement des 22 lettres ouvrant sur l’hébreu sacré et biblique et principalement par la porte des 5 principales voyelles, c’est un questionnement, un questionnement avant tout. Un questionnement qui est plus important, peut-être, que toute réponse. Un questionnement de soi à soi. Un questionnement sur le nom que nous percevons de Dieu. Ce questionnement a plusieurs facettes, mais il est le seul susceptible de provoquer un retournement pour s’extraire des conditionnements méphitiques de notre époque. Comme le rappelait le MaHaRaL de Prague ( le RABBI LOEB, dit LE MAHARAL DE PRAGUE -1512-1609) , que sa mémoire soit bénie, paroles qui peuvent-être mises en parallèle avec les recommandations de sainte Thérèse d’Avila et que l’on peut synthétiser ainsi : « Aucun cheminement spirituel vers la source de toute vie, ne peut s’effectuer en sa véritable puissance, sans une interrogation profonde de ce que l’on est et ce que nous sommes désireux d’être. » Cette interrogation revient « mécaniquement » tout le long du cheminement et c’est l’une des conditions principales qui rend possible l’union toujours plus grande avec le plan divin. Ce cheminement n’est pas confortable, serein, sans difficulté, ni larmes et épreuves. Mais il offre aussi l’extase la plus essentielle qui nous permettra d’ajuster notre façon d’être au monde, en le « réparant de notre mieux » en nous « réparant de notre mieux », c’est en cela que réside la promesse d’entrer vivant dans le royaume de Dieu. Ce n’est absolument pas une sorte d’exercice qui nous aiderait à être, seulement, en forme, ou seulement, en état de bien être et de contentement soi même. J’écris le mot « seulement » car il est bien évident que pour beaucoup il est parfois, aussi, nécessaire de réhabiliter le « plaisir » d’être et d’être avec soi-même, souvent dégradé par les souffrances de la vie… Mais la voie mystique, ce n’est pas que cela, c’est beaucoup plus… Et ne rester que dans « le plaisir d’être » sans l’encadrer des perspectives de la transcendance, c’est enfermer à nouveau le cheminant en une illusion… Certains, paradoxalement, se protègent ainsi de leur propre incroyable beauté dont il ne se sentent pas digne ! Ils se contentent de la pommade et écartent le miracle.
Pour bien comprendre ce qui peut faire défaut en certains enseignements dégradés c’est la relation au « Tiers » dans l’enseignement. Relation au « Tiers » qu’il est nécessaire de développer. Dans la relation d’enseigneur à enseigner, le Tiers est la puissance divine. Si ce Tiers est « trop » matérialisé dans des objets, la puissance ne peut se manifester véritablement. L’exemple des « tarots de lettres hébraïques » est très parlant en ce sens. L’objet « tiers » sous forme de « cartes » représentant les lettres et leur connaissance sous la forme d’une sorte de livret façon « rider digest », ne peut-être qu’un obstacle et un enfermement dans l’imaginaire de ce tiers et donc de l’imaginaire de celui qui les a produit. Le recours à des tarots de lettres hébraïques achetés en quelques librairies New-Age, s’il peut-être un moyen de prendre conscience par un acte, de l’appel ressenti, à court terme, enfermera celui qui les utilise en l’imaginaire plus ou moins corrompu de celui qui édita cet outil… Les cartes de tarots des lettres hébraïques ne sont que des béquilles, alors que notre âme, attend d’être libérée des entraves. Notre âme, de béquilles n’a nul besoin. Notre âme a surtout besoin d’entrer en travail, pour voir où sont inscrites en nous-même les lettres de l’hébreu sacré et leurs voyelles. Les lettres de l’hébreu biblique et sacré, pour tout judéo-chrétien « épigénétiquement » constitué ainsi, sont constitutives sur le plan de nos archétypes de toutes choses de l’univers en ses représentations. Dieu créa l’univers avec l’hébreu sacré. Les lettres doivent surgir de notre intériorité spirituelle, où nous les retrouverons présentes. En surgissant ainsi, comme un enfant naît de sa mère, chacune parle d’avenir dès son premier souffle. La main doit les transcrire sur des feuilles absolument blanches, sans quadrillage… Plus tard pour les rendre plus belles, en connaissance de la source, nous pourrons utiliser des quadrillages. Si l’on n’est pas déjà formé au Calame, à la plume Sergent Major, ou aux pinceaux de calligraphie, on les pratique au contour… Les lettres surgissent de notre être en une étude personnelle et en des temps de solitude… Les écrire de la main (Yad/YOD =י) et prononcer avec justesse leur nom en sachant faire résonner les 5 principales voyelles en notre corps en une posture presque immobile et en utilisant le souffle en trois temps, socle universel du début du cheminement, est la voie royale ! C’est la voie que les cabaliste nomment le PaRDS. C’est ainsi que les sages proposèrent de se placer, non plus en intellectualité (consommateur) vis à vis de la vérité, mais d’être dans la vérité… Ainsi tout notre corps (Nephesh) devient en capacité d’être en « vibration » avec ce qui fait Vérité et monte dans l’âme (Rouah)…
De cela on peut aussi comprendre que danser les lettres, est un exercice de gymnastique spirituel pouvant apporter du bien-être… Mais c’est fort inadapté à ce qui libère aussi la singularité de la puissance divine individuelle. En cabale, ce qui se danse ce sont des mots, même seulement de deux lettres (rocher/briques), mais avec leurs voyelles. Car ce sont les voyelles qui insufflent la puissance divine au corps, les consonnes sont toutes signifiantes, mais sans âme. Les cabalistes ne dansaient pas les lettres (consonnes) seules. En vérité les lettres consonnes sont trop « informe » bien que potentiellement source d’une spiritualité infinie… Potentialité, j’insiste, qui ne se révèle que par les voyelles. En cabale on danse des mots (consonnes+voyelles), souvent des noms divins (72 occurrences). Mais pas seulement, car pour arriver à la juste prononciation des noms divins, il est généralement nécessaire de travailler et de danser certains autres mots (racines hébraïques sur lesquelles ont fait tourner toutes les voyelles) qui font sens pour notre individualité et nos difficultés d’être. Un travail sur les noms propres et communs, peut-être alors nécessaire. Au regard de ce qui est en question, des mots comme : violence, pauvreté, douleurs, richesse… peuvent être mis au travail et amènent le cheminant à danser certaines racines avec diverses voyelles…
Il me semblait nécessaire d’offrir un peu de cette lumière, bien que certains pourront y voir comme une polémique, j’espère qu’ils y trouveront surtout une perspectives riches en invitations à avancer dans le désir de la source de toute vie.
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