Être appelé par l’hébreu sacré

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Souvent, celles et ceux qui se sentent appelés par l’hébreu sacré (les 22 lettres) et ne possèdent que peu de connaissances traditionnelles, ne rencontrent d’enseignements que des pratiques dégradées, des raccourcis vidés de leur substance libératrice. Ceux qui les proposent sont souvent de bonne foi, seulement ils ont un peu « bâclé » leurs propres apprentissages. Esprits souvent créatifs, ils offrent plus d’eux-même avec les limites que cela comporte, que la «nourriture» véritable, tradition sacrée, construites par des sages sur plusieurs millénaires. Cette dernière, la tradition des enseignements de l’hébreu sacré, se donne, en vérité, comme premier objectif de révéler la connaissance du divin aux racines et singularités de l’être qu’elle instruit. Ce que saint Jean Climaque appelait soit le Maître intérieur, soit le livre sacré à l’intérieur de toute âme. Cette capacité à sentir et juger (au sens noble et bienveillant) pour amener l’impétrant vers sa révélation, son retournement (Metanoïa / Techouvah) et ainsi entretenir un dialogue avec la puissance divine, résulte d’une étude qui ne peut se faire en moins d’une dizaines d’années… Ceci n’est pas le seul fait de la tradition civilisatrice du Judéo-christianisme… Il en est de même dans les traditions dites druidiques, bouddhiques, soufis… Épris de quelques jolies étincelles qu’ils confondent avec le brasier divin, ayant « bâclé » leur propre enseignement, les « enseigneurs inachevés » proposent des raccourcis, persuadés de faire des initiés en 3 leçons. Les enseignements qu’ils proposent nourrissent une relation narcissique à soi même et renforcent les vanités individuelles. Deux pièges que les conditionnements du temps dans lequel nous sommes ne nous apprennent plus à éviter. Vanité et narcissisme, en notre 21e siècle, ont été constitués en véritable doctrine. Une doctrine diffuse et omniprésente dont l’objectif principal est l’ultra-consommation et la confusion de l’avoir assimilé à l’être. S’échapper d’abord de ce piège est la condition sine qua non de l’ouverture au divin.

Bouclier de David : Codex de Leningrad
Bouclier de David : Codex de Leningrad

Ce que propose comme socle le cheminement des 22 lettres ouvrant sur l’hébreu sacré et biblique et principalement par la porte des 5 principales voyelles, c’est un questionnement, un questionnement avant tout. Un questionnement qui est plus important, peut-être, que toute réponse. Un questionnement de soi à soi. Un questionnement sur le nom que nous percevons de Dieu. Ce questionnement a plusieurs facettes, mais il est le seul susceptible de provoquer un retournement pour s’extraire des conditionnements méphitiques de notre époque. Comme le rappelait le MaHaRaL de Prague ( le RABBI LOEB, dit LE MAHARAL DE PRAGUE -1512-1609) , que sa mémoire soit bénie, paroles qui peuvent-être mises en parallèle avec les recommandations de sainte Thérèse d’Avila et que l’on peut synthétiser ainsi : « Aucun cheminement spirituel vers la source de toute vie, ne peut s’effectuer en sa véritable puissance, sans une interrogation profonde de ce que l’on est et ce que nous sommes désireux d’être. » Cette interrogation revient « mécaniquement » tout le long du cheminement et c’est l’une des conditions principales qui rend possible l’union toujours plus grande avec le plan divin. Ce cheminement n’est pas confortable, serein, sans difficulté, ni larmes et épreuves. Mais il offre aussi l’extase la plus essentielle qui nous permettra d’ajuster notre façon d’être au monde, en le « réparant de notre mieux » en nous « réparant de notre mieux », c’est en cela que réside la promesse d’entrer vivant dans le royaume de Dieu. Ce n’est absolument pas une sorte d’exercice qui nous aiderait à être, seulement, en forme, ou seulement, en état de bien être et de contentement soi même. J’écris le mot « seulement » car il est bien évident que pour beaucoup il est parfois, aussi, nécessaire de réhabiliter le « plaisir » d’être et d’être avec soi-même, souvent dégradé par les souffrances de la vie… Mais la voie mystique, ce n’est pas que cela, c’est beaucoup plus… Et ne rester que dans « le plaisir d’être » sans l’encadrer des perspectives de la transcendance, c’est enfermer à nouveau le cheminant en une illusion… Certains, paradoxalement, se protègent ainsi de leur propre incroyable beauté dont il ne se sentent pas digne ! Ils se contentent de la pommade et écartent le miracle.

Pour bien comprendre ce qui peut faire défaut en certains enseignements dégradés c’est la relation au « Tiers » dans l’enseignement. Relation au « Tiers » qu’il est nécessaire de développer. Dans la relation d’enseigneur à enseigner, le Tiers est la puissance divine. Si ce Tiers est « trop » matérialisé dans des objets, la puissance ne peut se manifester véritablement. L’exemple des « tarots de lettres hébraïques » est très parlant en ce sens. L’objet « tiers » sous forme de « cartes » représentant les lettres et leur connaissance sous la forme d’une sorte de livret façon « rider digest », ne peut-être qu’un obstacle et un enfermement dans l’imaginaire de ce tiers et donc de l’imaginaire de celui qui les a produit. Le recours à des tarots de lettres hébraïques achetés en quelques librairies New-Age, s’il peut-être un moyen de prendre conscience par un acte, de l’appel ressenti, à court terme, enfermera celui qui les utilise en l’imaginaire plus ou moins corrompu de celui qui édita cet outil… Les cartes de tarots des lettres hébraïques ne sont que des béquilles, alors que notre âme, attend d’être libérée des entraves. Notre âme, de béquilles n’a nul besoin. Notre âme a surtout besoin d’entrer en travail, pour voir où sont inscrites en nous-même les lettres de l’hébreu sacré et leurs voyelles. Les lettres de l’hébreu biblique et sacré, pour tout judéo-chrétien « épigénétiquement » constitué ainsi, sont constitutives sur le plan de nos archétypes de toutes choses de l’univers en ses représentations. Dieu créa l’univers avec l’hébreu sacré. Les lettres doivent surgir de notre intériorité spirituelle, où nous les retrouverons présentes. En surgissant ainsi, comme un enfant naît de sa mère, chacune parle d’avenir dès son premier souffle. La main doit les transcrire sur des feuilles absolument blanches, sans quadrillage… Plus tard pour les rendre plus belles, en connaissance de la source, nous pourrons utiliser des quadrillages. Si l’on n’est pas déjà formé au Calame, à la plume Sergent Major, ou aux pinceaux de calligraphie, on les pratique au contour… Les lettres surgissent de notre être en une étude personnelle et en des temps de solitude… Les écrire de la main (Yad/YOD =י) et prononcer avec justesse leur nom en sachant faire résonner les 5 principales voyelles en notre corps en une posture presque immobile et en utilisant le souffle en trois temps, socle universel du début du cheminement, est la voie royale ! C’est la voie que les cabaliste nomment le PaRDS. C’est ainsi que les sages proposèrent de se placer, non plus en intellectualité (consommateur) vis à vis de la vérité, mais d’être dans la vérité… Ainsi tout notre corps (Nephesh) devient en capacité d’être en « vibration » avec ce qui fait Vérité et monte dans l’âme (Rouah)…

De cela on peut aussi comprendre que danser les lettres, est un exercice de gymnastique spirituel pouvant apporter du bien-être… Mais c’est fort inadapté à ce qui libère aussi la singularité de la puissance divine individuelle. En cabale, ce qui se danse ce sont des mots, même seulement de deux lettres (rocher/briques), mais avec leurs voyelles. Car ce sont les voyelles qui insufflent la puissance divine au corps, les consonnes sont toutes signifiantes, mais sans âme. Les cabalistes ne dansaient pas les lettres (consonnes) seules. En vérité les lettres consonnes sont trop « informe » bien que potentiellement source d’une spiritualité infinie… Potentialité, j’insiste, qui ne se révèle que par les voyelles. En cabale on danse des mots (consonnes+voyelles), souvent des noms divins (72 occurrences). Mais pas seulement, car pour arriver à la juste prononciation des noms divins, il est généralement nécessaire de travailler et de danser certains autres mots (racines hébraïques sur lesquelles ont fait tourner toutes les voyelles) qui font sens pour notre individualité et nos difficultés d’être. Un travail sur les noms propres et communs, peut-être alors nécessaire. Au regard de ce qui est en question, des mots comme : violence, pauvreté, douleurs, richesse… peuvent être mis au travail et amènent le cheminant à danser certaines racines avec diverses voyelles…

Il me semblait nécessaire d’offrir un peu de cette lumière, bien que certains pourront y voir comme une polémique, j’espère qu’ils y trouveront surtout une perspectives riches en invitations à avancer dans le désir de la source de toute vie.

Les 4 piliers…

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Alors que saint Patrick vient de nous ouvrir le printemps, bien que le temps vrai n’existe pas, c’est avec joie que nous en goutons l’illusion nécessaire au libre arbitre. Bien nous en fut donné. Nos yeux lavés par des larmes de joie, virent furtivement ce que le seigneur de toute chose n’a de cesse d’exprimer… Dans le ciel, comme cela est souvent donné, la danse des nuages formèrent quelques lettres : « יעישׁג »

Une séquence qui se décline en divers schèmes : Réalisation – Atteindra – C’est une réussite – Merci de répondre…

Il y a en cette déclinaison de séquence, de la malice joyeuse et libératrice, une sagesse infinie que l’image des anges, compagnons silencieux, évoque souvent, un doigt sur les lèvres. Cette séquence nous parle sans dire et fait penser… Jouant du paradoxe pour signifier la Vérité.

Les quatre piliers, comme les schèmes résultants, devaient donc être honorés, car la réponse précédait la question…

Les quatre piliers, comme les schèmes résultants, devaient donc être honorés, car la réponse précédait la question…

En chemin, déposant mes poèmes en 4 lieux proches de notre maisonnée, méditant sur le sort de mes amis qui se joue en bien des tonalités, respirant le ferveur du soleil, rendant grâce à la beauté de mon union avec ma douce compagne, l’agissant de mon « je » palpitait de tous ses propres paradoxes et dualités, parfois douloureux, toujours en passion. C’est là une merveille sans pareil. Il en jaillit des étincelles, qui en nourrissent d’autres chez l’Autre, qui ne s’accueille qu’en Soi et pour le Soi…

Le chemin de Ricou
Les quatre piliers devaient donc être honorés, car la réponse précédait la question…

Au pied du chemin qui monte aux Carrières de Ricou, dans le vent, prit  sa place le poème : « Lorsque l’ennemi succombe ». Plus loin sur le chemin, face à la source des hauteurs, le poème  « A Mélusine » trouva son écrin en une grotte propice. Au lavoir de Jaunay, la lumière incandescente accusait un début de réception de notre réponse qui cherchait sa question, la question se formulait donc et « lamed », s’intercala dans la fine brèche de la rencontre… Enfin au chemin du Roi, cette Voie Royale qui ne cesse d’espérer le digne visiteur pour distribuer la splendeur, le poème : « Ce mystère du Temple » fut déposé dans l’espoir d’éveiller quelques esprits au rôle du Lieu.

Je n’ai que la spirale et c’est la bannière sainte et mes gestes sont là pour en témoigner, et elle s’appelle oriflamme. Là est aussi l’étrangeté de l’être gratuit qui nécessite son propre reflet pour signifier… Ivresse narcissique désintéressée… Conversation de soi pour qu’il soit, égoïsme offert, nécessaire réanimation des glaciations humaines pour en conclure leur fin !… Dans le creuset de mes maîtres, nobles précurseurs, j’entre… Défilent Ibn’Arabi, Attar, Salomon Ibn Gabirol… Tous géants de la dignité de l’Être Humain ! Être à leur hauteur n’est pas un choix, mais une perspective… Ils me guident, en des mouvements inespérés et pourtant offerts à tous, et dans la légende des siècles, si Eretz demeure stérile, c’est que nous persévérons dans l’erreur, ignorant que la vie nous féconde lorsqu’elle jailli de nous même !

« …Là est aussi l’étrangeté de l’être gratuit qui nécessite son propre reflet pour signifier… »

Ce Mystère du temple…

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De l’ombre à la lumière, l’Être rouge

De l’un à l’autre,
Et des autres à l’Un.
Neuf Lumières, dignes hyacinthes du Chandelier,
Miraculeuses en leur durée
Aux Neufs lumières, oriflammes, des neufs jeunes chevaliers,
Miraculeuses en leur humanité.

De la purification
A la spiritualisation
De la cristallisation, secret protégé des ailes, à la diffusion, vitale, essentielle…

Violence qui fait du temple des Ruines, pour que l’espoir règne en toutes les nations…

En présence, c’est un Paradoxe,
Maudites braises d’ignorances, vitales et nécessaires.
Elles seules en leurs puissantes faiblesses éphémères, Peuvent abattre les coupables de l’avoir.
Ces gardiens de Dieu, jusqu’à l’égoïsme.


Nécessaire brisure de leur lignée, d’âge en âge.
Révèle, renouvèle, et nourrie de noir, le partage.
Nécessaire torture, au feu froid,…

Le feu de l’accusateur libéré déshumanise, l’Un et l’autre en chacun, tout se brise.
Ainsi se retire l’Or… Nulle emprise…

Rien d’autre ne peut faire croitre son appel, pour son retour en Roy, perçant les nuages.

Lys et crapaud, comme cheveux, cristal des songes
Le temps n’existe que par le retrait de l’Éternel.
Toutes matières, même les trésors, en gardent la fange.
Ce qui ne peut se dire est tissé par les anges.

Ainsi se porte le mystère du Temple.
Il passe de génération en Génération, déplaçant les formes, fidèle de Sion.
Allant évoluant, charriant l’espoir ample, toujours plus en Force, en Beauté et Sagesse…

Les dés en donnent le chiffre !

Pour connaître l’auteur

Le geste du « M », geste aimé de l’Ordre Royal de Mélusine…

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  • Prise de parole de Bruno Fouchereau, lors du banquet donné pour le chapitre confraternel de « l’Ordre Royal de Mélusine » et de « l’Ordre International de la Table Ronde du Roi Arthur » en sa Branche Anjou-Plantagenet.
  • Prose poétique au sujet du geste du « M ». Geste aussi appelé dans les milieux universitaires : « Geste Pseudo-zygodactyle ». L’iconographie, en bas, est celle présentée en « exposition » lors du banquet.

Lors du banquet, un texte d’instruction au sujet de ce geste « M » fut distribué aux participants, contenant des références de travaux et une analyse sur le plan mythologique, il peut être demandé à l’auteur : bruno.fou@free.fr


Nobles dames, honorables Sires, Chevaleresses, chevaliers,…

 

C’est la forme d’aujourd’hui, mais qu’importe,

Juste et nécessaire est que cela se passe,

Et que cela passe de l’un à l’autre.

Demain une autre forme,

Si la nécessité fait rage,

Prendra la place, surviendra et semblera régner.

Tous le sens Merveilleux du Geste du “M” est là…

Il nous parle de la voix lactée,

De cette part de Divin qui fait notre mission Terrestre

Des psaumes d’Asaf, de notre création,

De notre finitude face à l’absolu.

M, de magnifique

M, de musique

M, de miracle

M, de Marie

M, de Madeleine

M, de Jérusalem

M, de Mélusine…

Et les lettres tournent, révèlent leur part de lumière Éxaltée !

Cassiopée au ciel nous montre la danse

Le Geste du “M” est aussi celui du “W”…

Dans le mille feuilles de nos expériences,

Le Geste du “M” viendra vous parler,

Au détour d’une promenade,

Dans le tableau d’un antique retable,

Ou une sculpture d’un parc Romantique…

Dès lors, dès aujourd’hui, il vous appartient d’entendre

Ses cris et chuchotement…

Permettez moi de rappeler pour finir quelques mots d’Homère,

Ceux qu’il fit prononcer à Circé accueillant Ulysse et ses compagnons :

“… Nous allons manger des mets et buvez du vin, jusqu’à ce que vous ayez repris en vos poitrines le même courage qui vous fit aux premiers temps quitter votre patrie, la rocheuse Ithaque… Vous êtes aujourd’hui sans vigueur, sans ressort, il vous souvient toujours, des dures courses errantes, et jamais votre cœur n’est en joie, tant vous avez souffert…”

 

 

 

Le feu de Mélusine, éclat et trace de l’Invisible

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Lorsque le non-manifesté nous confronte à la damnation

Il n’y a de monstruosité que ce que nous ne savons pas reconnaître… de même il n’y a d’érotique que ce que l’on devine de l’objet désiré… En vérité, il est des commandements de l’Invisible qui, s’ils sont contrariés, nous confronte à la monstruosité… s’ils sont écoutés en nos respirations, ils offrent le plus grand délice. Il n’est rien d’autre qui révèle le vrai Lys de la vraie royauté ! C’est l’aventure du Saint des saints et celle de l’Arche d’Alliance dans le Temple que l’on ne peut qu’apercevoir, comme les seins de la parfaite fiancée, dissimulés et pourtant aperçues grâce à la belle échancrure et au voile du décolleté.

Ainsi nous passionne la terrible Mélusine, fée tutélaire de cette belle région de France qu’est le Poitou. Mélusine accompagne les mythologies les plus précieuses. Elle est une source merveilleuse de l’imaginaire francophone. 33 vies ne suffiraient pas à parcourir l’océan de ses mystagogies et seuls 72 chevaliers cachés dans les profondeurs de la terre savent l’évoquer au cœur de nos rêves. Plus encore, il serait presque vain de vouloir comprendre le message des géants dont la mémoire fut réactivée par Rabelais (grand lecteur du livre d’Henoch), de même vouloir atteindre l’essentiel de l’esprit de Chevalerie placé sur le trône de l’espoir par Chrétien de Troyes, et plus encore tenter d’imaginer la saveur du Graal, si l’on ne parcourt pas les chants qui œuvrent à la juste gloire de Mélusine et saisir le sens de ce feu qu’elle exhale en dernier ressort. Ceci révélé, il faut rappeler la parole du sage rabbi Rachi Chlomo ben Itzhak HaTzarfati : «… Si ta pensée court dans une direction… Revient en sens inverse, car ce qui est vivant à deux dimensions opposées, c’est sur cela qu’est basée l’alliance… ». A l’inverse, les textes de la mythologie du Graal, l’Imaginaire arthurien, et la légende des géants,… sont les clés de la bonne compréhension des mystères de Mélusine… Et, en l’occurrence, du propos de ce texte, pour la bonne compréhension du mystère auquel nous confronte le non-manifesté dans son message le plus paradoxal, celui de la damnation. Elle qui vise pourtant à nous sauver par la mystagogie de son récit mythologique (Ex 10-1,2) ! Ces récits de damnation visent, par ce qu’affirme YHWH lui-même à Moïse, à la catharsis du lecteur/spectateur. Le feu de Mélusine porte ce message hautement paradoxal, lui seul est capable de nous faire percevoir, au-delà de la pensée consciente, la vérité du non-manifesté, de l’indicible, cette réalité hors du temps, nature impénétrable du seigneur, force créatrice de toutes vies…

Mélusine en Dragon crachant le feu…

Le feu, dont il est question ici est donc l’annonciateur d’une damnation qui peut n’être que potentielle, si l’on sait entendre ou avérée si l’on s’endurcit comme le Pharaon qui fut pourtant confronté au trois signes proférés par Moïse. Ce feu est aussi celui qui protège les gardiens du Graal. C’est lui encore qui protégea, un temps, le dernier roi Celtes de Bretagne nommé fort à propos Salomon et qui après avoir confié son « trésor » à des moines de la forêt de Brecilien, fut assassiné le 24 juin[1] 874…

Ce feu de damnation, c’est celui qu’exhale, menaçante, Mélusine. Il vient en des instants précis des récits mythologiques de la Fée. Ce feu que Mélusine crache nous parle de ce qu’il nous reste à parcourir pour en finir définitivement avec le temps des « Juges »[2]…

Le légendaire écrit doit être étudié avec la mémoire des récits oraux aujourd’hui encore conservés dans certaines familles qui savent se méfier des oreilles indiscrètes… Hors donc, au regard de la tradition orale, le feu de Mélusine ne se manifeste qu’en d’ultimes circonstances que seules ces traditions orales décrivent pleinement. Les représentations de Mélusine en cette posture de Dragon, entité détentrice du feu divin, sont donc rares. Elle est ainsi représentée, survolant les fortifications de Lusignan, dans le livre des « Très Riches Heures du duc de Berry » dit Jean-le-Magnifique (30-11-1340 à Vincennes – 15-6-1416 à Paris). En Poitou, 2 linteaux de cheminée qui datent du 15e siècle montrent une Mélusine sous la forme d’un petit dragon ailé, volant sur le dos[3], exposant son ventre au ciel comme certains textes de l’antiquité décrivent le Cocatrix. Ainsi sculptée, elle crache le feu. Jusqu’à la fin du 19e siècle les familles, rassemblées autour de ce type d’âtre, faisaient le récit de cette particulière métamorphose et dévoilaient la « Mére Lusine » en ses racines mytho-génétique. Récit d’une métamorphose en lequel réside une mystagogie dont la fonction est similaire au Torh[4] de la transmission orale Mosaïque.

Mélusine sur un linteau de cheminée d’une maison poitevine…

Personnellement, plus qu’une similarité, je ne peux m’empêcher de voir une parenté foudroyante ! D’ailleurs l’aventure du mot “Aschkenaz” qui désigne aujourd’hui les juifs d’Europe, nous interpelle tant est grande sa puissance de métaphorisation d’une réalité historique qui reste à écrire. Au sens de l’Histoire Biblique, Aschkenaz est un patriarche biblique descendant de Japhet et donc de la troisième branche des descendants de Noé. Les deux autres étant les Sémites et les Hamites. Toujours au sens biblique, les Aschkenaz sont le peuple des Scythes[5]. Leur principale ville : Scythopolis est nommée par les auteurs bibliques Bet-Sheân, ce qui veut dire Maison de la Déesse Serpent. Il est avéré que les terres de Lusignan (Ville du Poitou aux origines de la fée Mélusine) furent un territoire où stationnait des peuplades agglutinés autour de guerriers Scythes qui avaient composées une légion romaine. Armée grandement supplétive qui fut rapidement en déshérence suite la dislocation du pouvoir de Rome… Ce sont ces Scythes, dont Grégoire de Tours narre l’histoire « turbulente » en terre poitevine et vendéenne, qui auraient transmis, pour une bonne part, les bases populaires de la légende de Mélusine. Enfin, pour en finir avec ce télescopage source de métaphorisations, rappelons que Juifs et Scythes furent de même tyrannisés par Rome, contraints à l’Exode (au moins les familles aristocratiques), intégrés de force dans des légions, et encore décimés avec une volonté d’éradication par l’armée Romaine après diverses rébellions[6]…

Le bain rituel et hebdomadaire, interdisant à Mélusine toute activité dans la nuit du vendredi au samedi et dans la journée du samedi, car le bas de son corps reprenait sa forme serpentine, vient inévitablement évoqué le Shabbat, jour de méditation principalement instauré en hommage à la Genèse et à la création de l’univers…  Cet encrage Sémitique (en plus de la source scythique), est aussi rappelé avec humour par Rabelais dans sa généalogie de ses géants et des autres entités fantastiques dont Mélusine (cousine de Gargantua !) qu’il nomme expressément. L’Humaniste source mythologiquement la généalogie des êtres fantastiques au livre du prophète Hénoch et au récit qu’il fait du déluge. Car Noé, et ceux transportés en son Arche, n’auraient pas été les seuls survivants… Un Géant, faisant penser à Gilganesh, se serait sauvé de la noyade en se servant de l’Arche comme d’une « bouée » ! D’autres êtres fantastiques nés des accouplements entre les femmes humaines et les anges de l’armée de l’archange Lucifer alors en rébellion contre Dieu, auraient été saufs de diverses manières. Il en serait ainsi de l’aïeule de Mélusine qui auraient survécu dans des grottes sous-marines et d’autres sur des montagnes aux sommets insubmersibles. On peut donc penser, sur le plan mythologique, que l’entité de la Fée Mélusine, via les traditions Sémitique et Japhétique mêlées, remonterait aux origines antédiluviennes de la vie sur terre ! Son bain hebdomadaire est un de ces indices qu’il nous faut « scruter », au risque d’être damné, pour percer son mystère. Car le Mystère du bain de Mélusine, et l’ambivalence paradoxale Respect/Révélation de son secret est la clé de l’activation de la damnation et donc du feu qu’elle est alors amenée à exhaler !

Selon une ancienne tradition orale celto-gauloise, les eaux retenues en certaines cupules de mégalithes étaient des lieux d’un culte dont le souvenir fut préservé sous forme de substrat et étendue aux lavoirs par le légendaire populaire. Ces eaux de cupules et de lavoirs, recevaient l’énergie cosmique et séminale des puissances de l’Ether, souvent personnifiée dans les récits en l’entité mythologique universelle du dragon puis, la catholicité faisant son œuvre, du diable. Dans les eaux de bassins particuliers, cette énergie/séminale se concentraient et les femmes/fées qui savaient s’y baigner à l’heure juste, en absorbaient l’énergie fécondante ou « fertilisante »… Ma grand-mère paternelle, lorsque j’étais enfant, m’en fit explicitement le récit. Elle m’assurait que ce serait à ce rituel, véritable diablerie, que se seraient livrées dans la nuit les trois filles de la fée Pressine le jour où, à l’aube, Mélusine séduisit Raymondin. Le gentilhomme devait alors tomber follement amoureux de la jeune Mélusine… De cette idylle et par la Grâce de Mélusine, la lignée des Lusignan fît souche, ils furent Rois de Chypre, d’Arménie et de Jérusalem.

Ce Rituel du bain est le fil rouge de la dramaturgie de l’épopée de la Fée Mélusine, c’est aussi la clé de la damnation de son époux et de sa descendance, le principe même de l’interdit et de son paradoxe… La fée en son bain ne doit pas être vu de Raymondin, ni de personne… Le risque pour son époux est la perte de sa puissance et pour ses enfants c’est la promesse de la folie. Car le bain révèle la nature profonde de la Fée[7], une nature liée aux forces cosmiques du Dragon et de l’Invisible… Et l’Invisible ne doit pas s’échouer dans le visible, l’ordre de notre monde n’y survivrait pas ! Ou, peut-être, un certain ordre… Malheureusement, Mélusine fut découverte en sa nature fondamentale et indicible par Raymondin. Il rompit, soumis à de mauvais conseils, sa promesse de ne pas chercher à voir son épouse lors de ses ablutions hebdomadaires. Mélusine ne pouvant absolument plus se maintenir sous une forme humaine, déploya ses ailes et hurlant de douleur, cracha le feu de la damnation révélé, en s’enfuyant dans les airs… Mais qu’est-ce que cette damnation auquel nous confronte le non-manifesté en ce point du récit ? Comme le peuple élu de Dieu qui retombe cycliquement dans l’erreur et la damnation, qui ne se comprend que par l’étude du livre de Ruth, le sens Mystique et philologique de la damnation de Mélusine n’apparaît que si l’on approfondit l’univers même du symbole de Mélusine et je l’affirme à l’aune principale de l’ésotérisme Judéo-chrétien.

Cette nature de la femme serpente hautement vénérée  par les Scythes, renvoie aussi, dans son aspect « dragonesque », au Serpent ailé crachant le feu qui est l’une des figures mythologiques des plus paradoxales du Judéo-christianisme. Il s’agit des Serpents volants et brulants évoqué par le Prophète Esaïe (14-29,30 ; 6-2). C’est aussi « l’idole » que dresse Moïse sur son étendard sous la forme d’un serpent d’Airain (Deut. 8-15). Idole et objet magique  crée à la demande paradoxale de YHWH. Ce Dragon crachant le feu, ce serpent ailé et brulant, il faut chercher son nom en hébreu, notamment dans la Biblia Hebraica Stuttgartensia, texte universellement considéré comme le plus « authentique » de la transmission. Le nom hébreu de ce dragon, c’est le Sârâph (שרף), ou les Séraphim (שרפים). Ce qui étymologiquement renvoi directement à la racine Assyro-Chaldéenne de la caste des Séraphins, entités gardiennes du trône de Dieu et en charge de la Shékinah. Des entités qui ne peuvent apparaître aux humains au risque de les réduire en cendres et qui dissimulent (comme les Chérubins) leur « corps » supra-céleste par 3 paires d’ailes. Soit 2 dissimulent leur visage, 2 dissimulent leur corps, 2 dissimulent leurs pieds… « Réaffirmé » dans l’ésotérisme chrétien par Denys l’Aéropagite (pseudo) au 6e siècle, les Séraphins, dont il redonne le statut (entité les plus proches de Dieu) dans sa « Hiérarchie celeste », font toujours partie des représentations de l’angéologie catholique. Mélusine serait donc un Sârâph, qui ne peut apparaître aux êtres humains que sous une forme effrayante tel le dragon crachant le feu et brulant. Une entité terrible, non pas par ce qu’elle est diabolique, mais par ce que sa nature si proche de Dieu la rend inconcevable à nos esprits humains. Confronté à la réalité des Sârâphim, notre réalité se disloque jusque dans ses fondements spatio-temporels… Voir un Sârâph c’est prendre le risque de dissoudre son identité et se fondre, sans possible retour et avant l’heure juste, dans la réalité divine. C’est aussi prendre le risque de ne pas accomplir sa mission terrestre… Ce qui est l’absolue damnation ! Mélusine, ce Sâraph ayant pris forme féminine, fée, comme l’est la 17e lettre de l’Aleph-Beth, porte en son récit, l’arcane qui nous rattache aux origines de l’humanité et de ses croyances… Un récit qui nous invite à penser l’impossible, la nature indicible de la force transcendante et sa tangibilité depuis la nuit des temps.

[1] L’assassinat du dernier roi Celte de Bretagne est connu par divers récits de l’époque Médiévale dont celui découvert au monastère de Saint-Bertin et rédigé par un/des contemporains du roi Salomon de Bretagne. Voir F. Le Lay « La Mort de Salomon roi de Bretagne » Mémoire de la SHA de Bretagne t. V – 1924. Le trésor du roi Salomon de Bretagne est un « fait imaginaire » de la tradition orale…
[2] Le livre des juges dans la bible relate cette période qui ne finit pas et décrit le peuple de Dieu qui ne sait sortir du cycle perpétuel, allant sans fin de la rédemption à la décadence, puis du châtiment divin à la damnation, revenant alors à la rédemption et à la prospérité, puis renouant encore avec la décadence…  Cycle de portée symbolique universelle dont la fin possible est en « germe » dans le mystère du livre de Ruth. Texte très important pour les hauts grades maçonniques. Il offre aussi des clés de type cabalistiques pour pénétrer certains aspects de l’Imaginaire Arthurien…
[3] Les représentations du Cocatrix et des dragons qui inspirèrent nombre d’artistes  de l’époque médiévale et de la renaissance ont intimement été inspirées par les descriptions faites dans un bestiaire chrétien du IIe siècle, « le Physiologos ». Les Crocodilos et autres Coquatrix volant ou rampants y sont décrits comme des bêtes dont la gorge regardait le ciel, alors que leurs naseaux, leurs yeux et leurs oreilles, sont ouverts dans le dessous de la tête. Une image très appropriée pour rendre compte du paradoxe qui fit de l’hydre du Nil, animal maudit par excellence dans l’antiquité, un symbole du Christ victorieux !
[4] La Torah orale (hébreu תורה שבעל פה, Torah SheBe’al Pe) désigne à la fois le concept et le corpus d’une doctrine oralement transmise, concomitante à la Torah, inséparable d’elle et existant depuis sa révélation. Une tradition orale semble se retrouver dans plusieurs livres juifs, canoniques ou non, mais le pharisianisme, auquel succède le judaïsme rabbinique, se distingue par son insistance à proclamer qu’il transmet « la » tradition oralement.
[5] Les Scythes (/sit/, en grec ancien Σκὐθαι, Skúthai) étaient un ensemble de peuples indo-européens d’Eurasie en grande partie nomades et parlant des langues iraniennes1. Originaires d’Asie centrale ils ont vécu leur apogée entre le VIIe siècle av. J.-C. et la fin de l’Antiquité, notamment dans les steppes eurasiennes, une vaste zone allant de l’Ukraine à l’Altaï, en passant par la Russie et le Kazakhstan. Les Perses désignaient ces peuples par le nom de sakas, francisé en Saces. De nombreuses sources antiques attestent des peuples scythes, les Assyriens mentionnent les Saces dès 640 avant l’ère chrétienne.
[6] Parmi les savants de la Bible qui se passionnèrent pour ce que pouvait signifier la Métahistoire du mot Aschkenaz, il faut nommer le pasteur James Anderson du 18e siècle, un écossais presbytérien et franc-maçon. Il joua un rôle capital dans la naissance de la franc-maçonnerie « spéculative », en particulier par sa contribution à l’ouvrage connu  sous le nom de Constitutions d’Anderson.
[7] Comme nous l’avons rappelé c’est en ce bain que sa queue de serpente réapparaît.

Antimaçonnisme, une glaciation de la pensée…

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Réaction à deux livres qui souhaiteraient en finir avec la « question » et semblent oublier que seule « la question » est importante !

La lactation de saint Bernard, offre à méditer, sur le plan mythologique, Beaucoup de ce formidable dialogue des traditions et des religions, flux spirituels constitutifs de notre rapport à la transcendance comme œuvre civilisatrice.

L’ouvrage du Professeur J.-C. Lozach’meur : « De la Gnose au Graal », que certains ont découvert lors de différentes journées de conférences organisées par le C.E.N.A.[1], est effectivement fort érudit et fort utile. Il est aussi particulièrement sollicitant en ce qu’il active d’arrières plans philologiques, métaphysiques et de même (j’ose !) au sens que peuvent donner certains aux perspectives post-modernes et herméneutiques de l’eschatologie apocalyptique (ouf !)… C’est donc un ouvrage qui doit éveiller fortement notre esprit analytique et critique ! Ceci est d’autant plus à prendre au sérieux que le très érudit Professeur J.-C. Lozach’meur est l’auteur d’un second ouvrage, sorti plus récemment, qui en découle directement : « Les origines occultistes de la franc-maçonnerie »[2]. Du fait du cheminement particulier de la pensée qui est exposée en ces deux livres, ils doivent être considérés comme indissociables, tellement le premier semble autoriser le propos du second.

Le modus operandi utilisé exclu l’adaptabilité des schémas structurants de la pensée à travers les périodes historiques de l’humanité…

Tant je rejoins, en certains points, l’analyse métahistorique et anthropologique de ces deux livres, d’autres points, très nombreux, me semblent contraires à ce que j’appréhende du réel de par mes propres recherches[3]. Précisément, les perspectives offertes par le Pr JC Lozach’meur semblent cruellement manquer, dans leur panel d’éléments comparés, de certaines traditions et de certaines mythologies pourtant cruciales au regard du propos. Les choix du Pr JC Lozach’meur impliquent une vision dualiste de l’histoire et organisent sa pensée pour justifier une idéologie. Cette posture idéologique alimente tellement l’effort intellectuel de l’auteur qu’il finit, mécaniquement, par la cristalliser et la mettre en relief, croyant faire une « découverte » que je me permets de résumer ainsi : « Les traditions et les sources des religions peuvent être segmenter comme des espèces animales et génétiquement incompatible. En révéler leurs « bornes»  et définir leurs ensembles, permet d’identifier les forces spirituelles maléfiques ou bénéfiques qui les inspirent »… Et pour le professeur, les forces spirituelles bénéfiques sont bien évidemment celles qui sont à « l’œuvre » dans la religion catholique. Cette vision de la réalité produit plus une idéologie douteuse, qu’un schéma scientifique tendant à rendre compte du réel. Qui plus est, le modus operandi utilisé exclu l’adaptabilité des schémas structurants de la pensée à travers les périodes historiques de l’humanité avant et après J.C., et détruit la valeur de perfectionnement et de ce fait du possible choix du juste comportement. Je m’explique :

Une dialectique civilisatrice et spirituelle qui vise d’une manière générale à penser notre rapport à l’altérité.

Sur le plan des données non prises en compte par le Pr JC Lozach’meur, je pense tout particulièrement à ce que l’archéologie biblique et l’anthropologie comparative ont dévoilé des interactivités constantes entre traditions dites Abrahamiques et traditions dites Indo-européennes. Le « bornage » de ces deux (au moins) « courants  de traditions » apparaissant, aux yeux de leurs réalités intrinsèques, comme de pures repères plaqués artificiellement sur une matière complexe et ne correspondent à aucune réelle dichotomie précise permettant de les différencier tant les continuelles reformulations en ces traditions ont été en interactions multiples, sur le plan philosophique, mythologique, spirituel, mais aussi des représentations symboliques[4]… Pour faire dans la caricature, si l’on peut borner des différences idéologiques, mystiques et théologiques, entre l’enseignement Christique, et celui d’Apollonius de Tyane, de même entre celui Mahométan et celui du Mytraisme, ou celui du Thalmude et des esséniens… Le bornage qui définirait les traditions indo-européennes et les « autres » comme des citadelles  de pensées relève du non-sens ! Nul ne peut plus ignorer leurs intenses dialogues et les humanistes y discernent une dialectique de l’effort civilisateur, qui n’est pas comme semble l’affirmer le Pr J.-C. L., ontologiquement opposée à la transcendance. Il en va ainsi d’une certaine dialectique de la conception de la transcendance qui est une dialectique civilisatrice, notamment pour ce qui est de définir comme un « mal » l’inceste, le suicide rituel, les sacrifices humains, les sacrifices d’animaux, l’esclave… Une dialectique civilisatrice et spirituelle qui vise d’une manière générale à penser notre rapport à l’altérité.

…au regard de leur influence constante depuis la haute antiquité, il relève de l’erreur que d’ignorer l’apport du Zoroastrisme authentique…

Il me semble aussi que le panel des traditions utilisés par Pr J.-C. L., et notamment dans leurs aspects mystagogiques et philologiques, souffre de certains manques. Soumis au concept dualiste fondamental qui l’anime, disséquant seulement une certaine partie du fleuve de l’imaginaire mythologique et de la symbolique

Égalité – Athéna

des jumeaux et des tri-jumeaux, de leurs luttes contre la tyrannie et le retour de la justice, le Pr JC Lozach’meur est conduit à croire qu’il constate l’existence d’une lutte mythologiquement personnifiée à travers les siècles, pour la suprématie d’un Dieu sur un autre… Je n’évoquerais pas immédiatement les sources bibliques (A.T) écartées et qui pourtant alimentent aussi l’Imaginaire Arthurien dont il est principalement question. En premier lieu, il me semble nécessaire de souligner qu’au regard de leur influence constante depuis la haute antiquité, il relève de l’erreur que d’ignorer l’apport du Zoroastrisme authentique. Ceci du fait de sa particulière modulation du mythe des jumeaux, et de ce qui est pensé dans les Gathas, notamment de ce qui nourri l’idée de tyrannie. Précisément, il y a là une matière mytho-philosophique qui est la source même de l’obsolescence du manichéisme et des visions dualistes[5]… Il en va de même, dans ce creuset civilisateur, des apports de la philosophie de Zarathoustra et de ceux des courants Abrahamiques, Mosaïques et même Talmudiques. Ainsi fait, par le Pr J.-C. L. qui les écarte, c’est ignorer l’entremêlement perpétuel, la vivification et les combats dialectiques et leur complexité, leurs instrumentalisations parfois paradoxales sur le plan politique, les oublis et les effacements,… tout un magma source de merveilles, mais aussi de meurtrissures, et qu’aucun esprit solitaire ne peut penser… J’insiste sur un point important de ce questionnement : Comment ignorer aujourd’hui la « parenté » entre Abraham et Zarathoustra que l’on donne (mytho-historiquement) comme des quasi-contemporains… de même l’influence, aujourd’hui très documentée, du Zoroastrisme et des Gathas sur le Talmud de Babylone, de même du Mitraïsme sur le Christianisme, du culte d’Isis sur le culte de la Vierge Marie… et donc, tout ce dialogue mythologique entre l’orient et l’occident, des royaumes du nord et des empires du sud, ce magnifique effort de la pensée humaine, fortement identifié par la linguistique, l’anthropologie, l’histoire, l’architecture, la musicologie… Et la gastronomie !
En n’ouvrant qu’au « rayon » de la tradition biblique, rappelons que Hiram, l’architecte du temple de Salomon, est un « fils de veuve » (1er Livre des Rois, 7.14). De même, la maison de David, cette lignée dont naquit Salomon et le Christ,  est fondée par la veuve Noémie (Livre de Ruth), via Ruth sa belle fille, elle même Moabite, et ceci en se mariant à Booz qui est ainsi son sauveur/vengeur contre le « destin », en pratiquant l’acte de l’ancestrale loi du « G’aal » (לאב). Rappelons encore que le rêve, l’espoir de Dieu (utopie) de la grande Jérusalem, trahi par son propre peuple, est comparé à une veuve qu’il faudra venger (lamentations de Jérémie 1-Aleph). Les jumeaux, Jacob et Esaü, arrière petit fils de Booz et Noémie, offrent aussi une perspective du mythe particulièrement intéressante… De même la blessure de Jacob, qui en fait un Roi Méhaigné (…et sans terre !)…  et encore, le rôle de Joseph, fils de Jacob, qui organise sciemment l’asservissement du peuple de Jacob/Israël au joug du tyran Pharaon (Gen. 47.13)…

Il y a là, selon les époques, des télescopages, des inversions de valeurs symboliques, des « changement de camp » de corpus idéologiques, ésotériques et religieux

Il me semble que les éléments écartés/omis dans l’étude comparative du Pr J.-C. L. ont aussi ceci de particulier qu’ils manifestent certaines ambitions philosophiques et spirituelles, dont le principal apport est d’offrir des systèmes de pensées ouverts. Ils font références pour certains au livre perdu, pour d’autres au livre pour toujours incomplet, le fait que Moïse n’a pas tout transmis dans la Thora,… que l’ignorance du fils de la veuve fait aussi sa force, que d’un roi juste peut aussi naître un tyran et inversement ! Que, peut-être, la tyrannie véritable nait d’une posture dangereuse qui vise à l’épuisement définitif du sens, cette pensée définitive et folle qui, sans parfois le savoir, détruit le paradoxe spirituellement nourricier de la trace (présence/absence) et vise donc à détruire la possibilité même de transcendance, alors que souvent cet effort (fou de lui-même) prétend en être le (seul) garant. Mes remarques, qui demandent à être approfondies, sur les éléments écartés par le Pr J.-C. L., éclairent aussi la juste ambition prophylactique du Pr J.-C. L. et révèlent… son paradoxe ! Le très érudit Pr JC Lozach’meur serait-il un chasseur de dragon devenu dragon à force de les combattre ? La pensée du Pr J.-C. L. me semble, aussi, beaucoup « se mécaniser » dans l’utilisation qu’il fait de son étude comparative, lorsqu’il ne prend pas en considération ce qui constituait culturellement et socialement la façon d’être des humains en prise avec les symboles, mythes et légendes, ordres initiatiques et religieux, aux diverses époques évoquées. Ceci reste donc à intégrer, si l’on veut être dans l’ambition d’une approche plus historique des faits… Et plus encore, de ce que les systèmes sociaux dominants, de ces différentes époques, placent et placèrent d’individus ivres de leur toute puissance déshumanisée et donc œuvrant avec plus ou moins de facilité aux pratiques tyranniques de leur temps. Il y a là, selon les époques, des télescopages, des inversions de valeurs symboliques, des « changement de camp » de corpus idéologiques, ésotériques et religieux, qui sont bien loin d’être pris en compte. En conséquence, la mécanique sous-jacente de cet ouvrage, bien que proposant des matériaux forts érudits et utiles, ouvre sur une pensée scientiste que je trouve inquiétante. Face à un tel effort de pensée, il faut se rappeler le sage adage des Midrash : « Dieu a crée l’univers et les hommes les religions… »

Liberté – Isis

Voilà donc ce qui à mon goût pose question dans l’approche du Pr JC Lozach’meur et de ce fait pré-oriente de manière très précise son approche comparative. Il faut bien noter que sa démarche tend à dévoiler que des « missions métapolitiques » auraient été données, de manière absolue et définitive, à certaines mythologies/mystagogies et ceci jusque dans leurs substrats. Ce qui implique que « ces missions » auraient été entretenues de siècle en siècle par certains (?) et ceux-là même proposeraient, depuis toujours, un plan de subversion de l’humanité visant à sa destruction… Le lieu commandant aujourd’hui à cette subversion serait la Franc-Maçonnerie et là nous touchons presque à la dimension pathologique d’un système de pensée.

Malgré ce que je viens d’évoquer à grands traits, je crois que nous ne devons pas faire l’économie d’analyser plus précisément la critique faite de la Franc-maçonnerie par le Pr J.-C. L. et penser cela en raison, car nul ne peut douter qu’il y a bel et bien quelque chose de pourri au royaume de Danemark !

Si l’argumentation qui le conduit à concevoir le monde sur un mode dualiste (… et c’est un paradoxe !) souffre d’une « certaine faiblesse » d’approche systémique, ne pas faire l’effort d’une analyse complète me semble dangereux. Une réponse construite est nécessaire à l’antimaçonnisme croissant. La pensée du Pr J.-C. L. participe à un « mouvement social » qui place de terribles « rails » intellectuels que pourraient utiliser les furieuses machines du « passage à l’acte ». Seule une analyse critique de certaines fonctions sociales de la Franc-Maçonnerie et des reproches qui peuvent lui être fait permettra qu’une trop grande foule ne rejoigne et donne force aux menaces socio-psycho-dramatiques et violentes du type de celles mises en évidence par René Girard[6].

Comment certaines pratiques maçonniques pourraient-être un facteur participant ou non à ce phénomène aux aspects sociétaux complexes, cela peut sembler « intéressant » de le comprendre…

Qui pourrait soutenir, en rationalité, que les déviances maçonniques évoquées le Pr J.-C. L., du moins dans leurs occurrences très contemporaines, n’ont pas une part de réalité ?… Au moins, dans cette vision de la nature humaine foncièrement matérialiste et/ou Janseniste qui alimentent fortement l’idéologie de la mondialisation actuelle et l’idolâtrie du libéralisme économique ? Une idolâtrie contemporaine qui tend à dissoudre la morale en politique dans ce qu’elle a de plus philosophique et civilisateur au bénéfice d’un être humain auquel on ne concède qu’un but existentiel, le contentement de ses pulsions perçues comme une mécanique informatique hautement complexe mais quantifiable. Comment certaines pratiques maçonniques pourraient-être un facteur participant ou non à ce phénomène aux aspects sociétaux complexes, cela peut sembler « intéressant » de le comprendre… Voire même de définir où ce type d’organisations initiatiques interagit… et pourrait, pourquoi pas ( ?), chercher à contrecarrer les interactions néfastes et contraire à la pensée humaniste qui est la norme universelle de toute réelle fraternité !

Voici une piste que je perçois… et c’est là que je vous propose un autre « paradoxe signifiant », véritable « étrangeté familière » ! Car il y a, pour moi, une analogie « surprenante » entre les errances de pensées formulées par le Pr J.-C. L. et la relation que de nombreux cercles maçonniques semblent entretenir avec la « matière maçonnique ». Il me semble qu’il s’agit du même défaut d’approche systémique. Ce n’est pour l’instant qu’un sentiment documenté, plus qu’un constat abouti. Je l’offre ici en débat. Cela concerne précisément les pratiques actuelles de la catéchèse maçonnique qui prend si peu en compte la différence socio-culturelles des femmes et des hommes du 21e siècle, avec celles du même ordre des individus qui, aux 17e et 18e siècle, pratiquaient la FM, et plus encore avec ceux qui conçurent pour une bonne part les rituels qui sont, aujourd’hui encore, utilisés. Sur ce point, notamment, les recherches et les archives sur/du « Club de l’Entresol », le travail et les recherches sur les personnalités qui composaient l’Ordre des Chevaliers Élus[7] (cercle maçonnique initié par les Stuart et creuset des hauts grades/1720)… démontrent à quel point ceux et celles qui participèrent à l’élan mystagogique et à la conceptualisation des rituels (toujours utilisés aujourd’hui), étaient des individus hautement édifiés aux connaissances alors disponibles en anthropologie religieuse, en histoire du christianisme (AT & NT) et en théologie, ainsi qu’aux 7 arts libéraux… De ce fait, ceux qui pratiquaient les rituels maçonniques au 18e siècle, se connectaient immédiatement à ce qu’ils voyaient sur le « tapis de loge » et les « décors » grâce à leur culture foncièrement constituée de connaissances bibliques et théologiques. Le corpus religieux catholique, absolument dominant, était la base structurante de tout enseignement diffusé à cette époque, le protestantisme y avait fait quelques « brèches » plus ou moins importantes selon les pays, en l’occurrence cela n’apportait que des divergences peu signifiantes pour l’approche maçonnique. Les écoles sous influence protestante offraient en tout premier lieu, elles aussi, un rigoureux enseignement théologique d’essence judéo-chrétienne.

La dynamique maçonnique à visiblement été conçue pour étancher, en tout premier lieu, une soif de transcendance que la pensée tyrannique de la religion dominante d’alors rendait impossible…

De ce fait, les impétrants aux cercles maçonniques se découvraient en « synchronicité » intellectuelle et spirituelle avec les symboles et récits mythologiques qui leur étaient présentés. Ceci était d’autant plus puissant que le cheminement critique intellectuel et métaphysique des impétrants avait été important vis a vis de sa propre formation culturelle souvent ressentie comme oppressante. La dynamique maçonnique à visiblement été conçue pour étancher, en tout premier lieu, une soif de transcendance que la pensée tyrannique de la religion dominante d’alors rendait impossible à exprimer, car figée par une catholicité dogmatique et hautement meurtrière. N’oublions pas que la violence politique du catholicisme s’est fortement radicalisée de la renaissance jusqu’au siècle des lumières… Ce n’est que le rapport de force (vengeur) qui l’a fait « choir » de sa toute puissance fanatique. Les rituels maçonniques portent un élan particulier et salvateur en cela qu’ils permettent à l’esprit en quête de transcendance de se penser en une dynamique de liberté acquise par la pratique d’une discipline (ouverte) qui s’appuie sur les symboles et la mystagogie judéo-chrétienne, du moins, en ce qu’ils contiennent de meilleur au regard des initiateurs et concepteurs successifs desdits rituels.

Il y a eu un important transfert du pouvoir d’élévation dans les grades vers le moins connaissant…

Les humains du 21e siècle sont culturellement et sociologiquement constitués d’une toute autre matière. De nombreuses fois, j’ai été surpris, lors de mes échanges avec des maîtres francs-maçons, de constater que ces derniers ignoraient les références bibliques précises de Jakin et Booz, presque aucun n’avaient ouvert le « Livre de Ruth » et très peu les « livres des rois »… de même pour ce qui est des dimensions des colonnes dont la découvertes des « mesures complètes » offrent à l’impétrant l’enseignement une « méthode » opérative et un système de décodage que bien des francs-maçons aujourd’hui ignorent…  Ainsi, le système maçonnique (tradition judéo-chrétienne et déiste, voir spirituel) s’est relativement « mécanisé ». Il y a eu un important transfert du pouvoir d’élévation dans les grades vers le moins connaissant. La pratique d’élévation est majoritairement passé d’un système réellement initiatique, permettant l’accès méthodique à la transcendance, à une hiérarchie répétant le mode profane d’un système administratif (un peu érudit) réduit à la simple pratique d’un règlement intérieur qui se présente ainsi : « …on est apprenti alors on fait deux planches, au bout d’un an on devient compagnon… on passe par trois fonctions d’officier et l’on devient vénérable… ce qui ouvre l’accès aux grades supérieurs… » Un règlement intérieur (non-dit !) qui se relativise selon les cercles, les obédiences et le nombre des membres, mais semble accepté de manière très générale. Ceci prive beaucoup des merveilles ouvrant à la transcendance que l’on peut réellement découvrir en maçonnerie. Elles ne sont accessibles que si l’on plonge réellement dans ses sources initiatiques judéo-chrétiennes…

Cette corruption du système initiatique de la franc-maçonnerie est sans

Cérès – Fraternité

doute l’une des bases dynamiques de certaines dérives et scandales qui émaillent tristement l’édifice social de ce type d’organisation.

L’approche du Pr J.-C. L. biaisé par un ressentiment trop évident contre une « modernité » perçu comme ennemi de la catholicité, nous invite tout de même à appréhender une certaine réalité. Cela peut même nous inciter à repenser collectivement la fonction fondamentale de la franc-maçonnerie…

Notre époque souffre d’une folle soif de transcendance, folle, car il existe une forte occultation de la nature même de cette soif et des sources de merveilles transcendantes pouvant la satisfaire. Nous le savons bien, cette occultation s’opère par la structuration socio-économique contemporaine dont l’une des dynamiques fondamentales est l’hyperconsommation qui, parodiant la transcendance, substitue l’Être par l’Avoir. Cette substitution est génératrice de folie. La soif de transcendance en devient inextinguible et rend quasiment impossible toutes pensées définissant le bien et le mal. En réponse à cette anéantissement en cours de la dynamique civilisatrice, l’univers symbolique et l’imaginaire maçonnique recèlent des trésors comme peu d’organisations spirituelles en disposent.

Il semble urgent de rendre à nouveau accessible les Merveilles… C’est sans doute le meilleur remède aux sombres prophéties de l’abomination.

[1] Voir : http://www.cena12.fr/home
[2] Cet ouvrage, diffusé plus discrètement, n’a été découvert que tardivement par les membres du CENA, qui ont alors pris leur distance avec le pourtant très érudit Pr. JC Lozach’meur.
[3] Des échanges récents avec l’auteur sur des matériaux historiques particuliers comme le livre de Ballymotte et mes recherches de poète (donc forcément contestables car subjectives et capricieuses) sur le(s) « templarisme(s) maçonnique(s) » et les hauts grades, le très particulier « club de l’Entresol » (1723-1738), les lettres nombres, la Cabale et l’Imaginaire Arthurien, m’ont ouverts à divers questionnements critiques sur la « vision » du Pr JC Lozach’meur.
[4] Les représentations du Sârâph (שרף) véhiculé et interprété d’une tradition à l’autre, notamment dans les traditions Egyptienne, Chaldéenne, juive et chrétienne, forment un ensemble iconographique qui offre une perspective particulièrement significative.
[5] Voir a ce sujet : http://www.albin-michel.fr/Les-Gathas-EAN=9782226220479
[6] Voir : http://www.rene-girard.fr/
[7] Voir le document : http://sog2.free.fr/802/Documents.Rituels/30/1750-%20sublime_chevalier_elu.htm#_Toc172291757

 

La lumière exaltée et les 32 chemins

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Mes gestes prononcés et sonores, de Barcelone à Brocéliande, puis à Parthenay, me révèlent un lieu du Mellois (79)

7 portes de lumières...En Parthenay, la 3e boucle de ma quête qui lia déjà Barcelone à Brocéliande, s’est manifestée sous la forme de 7 portes lumineuses suite au « lâcher » de mon poème Lamed. C’est en cela ma rencontre avec les promesses du livre 7 fois scellé… Une promesse faite à tous ! Les 7 portes lumineuses qui sont venues danser, aimantes et caressantes, en pure synchronicité , aussi naturelles que célestes, révèlent tous les possibles.

Le moment chemine en chacun, là est la victoire du temps créé, rythme de nos vies divines, comme le prophète Asaph l’affirme (Ps.82:6). Le temps, inexorablement, décompose la nature complexe de nos écheveaux d’être, matière brute, matière à décomposer, donc, par la philosophie, à décomposer encore par la spiritualité… Nécessairement à décomposer pour être saisie en contemplation. Rien n’est à retrancher ! Nous sommes libre de tisser notre royauté…

Les justes mots, les sons vibrants nés de l’émotion du cœur aimant et aussi reconnaissant, tous invoquant les 10 et les 22, ouvrent les 32 chemins… Les justes mots donc, s’ils sont prononcés en un lieu érigé de pierres taillées, disposés en connaissance de la science, gloires sans limite des Kérubins, par leurs résonances font s’entrouvrir les portes de la demeure éternelle. Ainsi, un instant, elles offrent une image/reflet. C’est là un visible de la lumière exaltée. Et cela ne fait que passer, car elle ne peut s’échouer ici. Chacun peut l’apercevoir en pratiquant ses propres exercices, toujours voilé, mais l’apercevoir quand même. Je l’affirme, car je l’ai fait, cette œuvre est juste, accessible, simple… C’est la promesse de tous les miracles, l’offrande partagée !Le Zygodactile dans la lumière...

Cette caresse du voile de la lumière exaltée se manifesta à mon âme, en l’aven de la Saint-Jean d’hiver, que nous vivons de l’année 2016. Cette caresse est aussi une belle promesse, elle prît la forme de 7 portes lumineuses sur les 5 piliers et les 2 arcs du chœur vibrant, en cette église que l’on dit bâtie par Mélusine. Magnifique église, Haut-lieu du Poitou, qui permît, entre autres, l’inspiration à Aymeri Picaud pour son très particulier guide des pèlerins, ceux qui marchent pour Saint-Jacques-de-Compostelle. Cette puissante église qui fît résonance à la caresse sublime et me permît d’entrevoir le parfait séjour, est celle de Saint-Pierre de Parthenay-le-Vieux. Il est tellement vrai qu’en cette église, la voie lactée trouve son miroir !5 sur les pilliers, 2 dans le chœur...

Ce fut une confirmation du geste juste et une invitation à la persévérance poétique, unique espoir de l’indispensable partage, bavardage essentiel d’une futilité féroce.

La trajectoire du réel, que mon verbe rencontre, gouverne mes tâtonnements de ses échos en le non-manifesté. C’est une aventure dont je crois devoir rendre compte :

L’enseignement de la juste poésie que j’essaye de suivre, mes « lâchers de poésie », ces gestes gratuits, sont une sorte de dialogues intimes avec le vivant. Je pratique cela depuis plus de 4 ans. Ces dialogues sont nés d’un élan merveilleux redonné à mon écriture. Un élan merveilleux, reçu grâce aux évangiles gnostiques de la bibliothèque de Nag Hamadi. Ce sont eux qui rallumèrent en mon âme le désir de poésie. Ainsi j’ai posé mes questions et l’ange s’est approché pour que je le saisisse. L’intensité  vint crescendo. Gestes dans la lumière, être/Eon rouge saluant l’effort, aile frappant mon oreille, Mélusine serpentine se manifestant toute en Or dans l’ombre de la nuit…

Puis de nouveaux outils me furent donnés, il y a 15 mois, en Espagne…

A quelques pas de la plus anciennes synagogues d’Europe (4e siècle), alors que le 15 août venait, nous déambulions sur la place Saint-Philipe-Néri, dans le Gothic de Barcelone, un chêne en forme de Shin libéra le vert et le rouge. Un poème, que j’écrivit dans la nuit et inspiré par ce Haut Lieu, intitulé « Lorsque l’ennemi succombe », dès le lendemain en devint le passager momentané. Mes lignes versifiées, posées avec des larmes de bougies votives, furent accueillies par l’esprit du Lieu. Sa grande tendresse ne cesse de m’honorer. Ce dialogue, que je pressentais comme une ode à la réconciliation, ouvrait et je l’ignorais en l’instant et ne le découvris que plus tard, mon rapport à la lumière exalté et au Tétramorphe.

Le lendemain, le marché aux puces de cette même ville fut mon fleuve Chobar, et sur cette rive vint à moi une série d’objets qui m’enjoignaient d’apprendre à reconnaître l’Aleph/Beth et me conseillaient de parcourir avec sagesse et intelligence, dans les deux sens, les Sephiroth. Il s’agissait du trésor errant d’un kabbaliste : 22 cartes frappées de l’alphabet hébreux, un magnifique chandelier à sept branches, un bijoux en argent de curieuse facture… Dans la chambre, quasi-nuptiale que nous occupions, un livre oublié vint me dire une 2e fois l’invitation qui m’était faite. Il s’agissait du « Livre Brûlé » de Marc-Alain Ouaknin. Je n’avais jamais connue de plus extraordinaire réponse à un de mes « lâchers de poésie »… Et ce n’était qu’un commencement !

Ainsi cavalier, ébloui de la grâce poétique des premiers témoins de Jeshoua, je prononçais quelques récits devant de nobles assemblées, rassemblais des souvenirs, retrouvais le sens de mon écheveau, de l’honneur me fut donné en une certaine cours… Puis, en Brocéliande, vinrent à moi un vieux maître Kabbaliste et le livre nécessaire, le Sefer Yetzirah.

L’aube devint ma complice, sous l’étoile du matin je m’exerçais. Ayant taillé, dessiné, prononcé, à nouveau en Brocéliande, je fît l’expérience de ce que pouvait être une juste vocalise des mots énergétiques, des mots sceaux, des mots qualitatifs… Ce fut à Lizio, en cette chapelle templière révélée par un autre maître décédé, le père Auguste Coudray…


Chapelle Sainte Catherine, Lizio le 24-06-2010 par Darius1c

L’anecdote est vivifiante. En cette chapelle Sainte-Catherine de Lizio j’étais venu en compagnie d’un vieil ésotériste plein de lumières mais bourru, d’autres étaient là aussi. Mais le vieil ésotériste se senti malmené par le message des lieux, une autre filiation templière et initiatique subsistait et il en ignorait tout… Une autre que celle qu’il pratiquait, une voie presque jumelle. Un message trop déroutant au regard de l’œuvre de toute une vie de cet homme. Comment avait-il pu passer à côté de cela ?

Nous étions le 24 juin, le temps se couvrît au-dessus de Lizio. L’humeur tracassée du vieil ésotériste s’infiltrait dans l’éther qui répondait en échos décuplés… Les nuages couvraient le soleil. Le rituel naturel du long rayon devant frapper le baptistère et devant produire l’eau de saint Jean risquait d’être mis en échec, dans l’église chacun se recueillait guettant l’oculus surplombant la porte du couchant…

A partir des travaux de l’abbé Coudray, j’avais dressé l’arbre Séphirotique du lieu comme l’enseigne le Sefer Yetzirah. Je me plaçais aux divers points énergétiques et prononçais les 4 noms de chaque sephirot… Je fis du bas vers le haut et du haut vers le bas. Au pied de l’immense croix dessinée de pierres granitiques sur le sol de la chapelle, à l’extrémité occidentale de Aâssia qui désigne Melkhot, je finissais comme j’avais commencé… Merveilleuse synchronicité, dans l’écho de ma dernière syllabe du 10e sceau (והי+י), le soleil darda dans l’oculus à l’instant précis où il devait, pour bénir l’eau du bénitier…

Rien n’était plus attendu par notre Nous en cet instant. Rien ne pouvait être un « Salut » plus attentionné du non-manifesté… Ce fut la deuxième boucle !

La troisième boucle eut donc lieu, il y a peu à Parthenay et m’offrit le spectacle d’un tracé de lumière m’appelant à la contemplation des 7 portes. Le Tétramorphe, son histoire, d’avatar en avatar, s’invite à mes méditations poétiques, et viens de me faire découvrir un autre lieu où il régnait à l’entrée, un lieu tout proche et habité d’anciennes âmes comme la Place Saint-Philipe-Néri, dans le Gothic de Barcelone… Un nouveau Lieu donc, dans le Mellois (79), qui unit en ses pierres, Druidisme, puits sacré, premiers chrétiens de Gaulle et concorde… Est-ce là l’annonce d’une quatrième boucle ?