« Se lever avec l’ambition de l’unique » au cimetière de Niort (79)

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La marche du temps eut ceci de douce, qu’elle m’a permis d’observer le décor de ce monde en divers postes de vigie. Dans cette même incarnation il m’a été donné de vivre plusieurs vies et je brûle de ces expériences et me calcine en toujours plus de curiosité pour les merveilles à venir. Sollicité pour un « lâché de poèmes » au vieux cimetière de Niort, je sacrifiais volontiers de mon temps au grand média télévisuel et néanmoins régional… Et observais faire ce que longtemps j’ai moi-même fait.

Ils furent donc deux cavaliers au blason de  « France 3 » venus frappés à ma porte. Pour la fête des morts, un poète épris d’étoiles et d’Eons, leur semblait propice à des chiffres de bonne Médiamétrie. Mesure d’impact d’audience, la médiamétrie dicte ce qui doit s’exprimer, et supplante en beaucoup d’esprits toute autre augure. La médiamétrie rend souvent sourd et aveugle à la mode des fantasmes onanistes. Mais ces deux cavaliers là, a deux sur la même monture, eurent l’oreille sensible. Ils n’ignorent pas que le gazouillis des oiseaux recèle toujours quelques Parfaites Amitiés. Ils n’ignorent pas, mais en ont-ils réellement conscience… Bientôt, bientôt, bientôt !

Sous la pluie, la myriade d’Ouroboros du cimetière de Niort, images parlantes et pourtant muettes, fut leur porte première pour aller sur les traces d’Abraxas. La borne pyramide du prêtre Genet leur avait fait « le » signe… C’est le moins que Genet puisse faire ! Dans les allées, à leur invitation, je lâchais « Se lever dans l’ambition de l’unique »… Devenant moi-même, à ma grande surprise, sous leurs yeux à peine ouverts, l’être rouge. Le compagnon de ma série de lâchés de poèmes de l’été, s’incarna en moi. L’être Rouge, qui 7 fois s’est manifesté, avec grâce et compassion, et une 8e fois, tourné d’un quart de tour, à la pointe de l’Ile, au Parc du Vert Galant en ParIsis.

 

 

 


« Manque et plénitude » 2e lâché de poéme, été 2012 par Darius1c

Ainsi donc, par l’acte demandé (ils ignorent la responsabilité en liberté qu’implique une telle demande !) Je passais à une autre marche. Le cimetière remplissait bien sa fonction. Devenant « être rouge » j’offrais rituellement aux cavaliers la marche que je quittais. Libre à eux de tenter l’aventure et de gravir.

 

La pierre et le miel

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Le fer ou la plus dure des pierres

Nulles mains ne peuvent les saisir

En éternité la volonté doit se défaire

Renaître en beauté c’est frémir

En abandon, sage folie, ne pas tenir

 

Toute matière dans la course du temps est sable

Apprendre le mouvement et venir à la table

Du festin offert pour entendre la juste fable

 

Par l’écoute se défaire de tous fiel

enfin s’ouvrir  à la grande merveille

Du désir remonter à la source

Joie en sobre ivresse, quintessence du miel

 

La chute du temps

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Pris dans la mesure et la chute du temps,

Lorsque nos pieds sans mémoire foulent la terre,

Le frisson des siècles nous enveloppe de son vent

Frustration de l’avoir, dense nuage de poussières

 

Nous sommes en dangers d’ivresse, rassurante posture

Rassurante blessure, acier qui retranche, certitude aveuglante

La vérité que l’on possède s’exprime en obsession aliénante

Parodie de la vérité à être, car l’Etre ne vient qu’en aventure

 

Le fleuve des concepts inutiles réduit le réel

Vomis le vin du monde et retrouve tes ailes

Retrouve ce qui t’est propre, ta nudité est belle

 

 

Le sable et les délices

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Une hache d’amour vibrante est l’offrande de l’âme

Elle resplendît du zenith au Nadir

La saisir ne demande aucun effort à la juste flamme

Alors elle tournoie et siffle le rire

 

Surtout aucun effort si l’on espère régner

Et disparaître aux fracas communs et aveugles

Des fleuves insatiables en ce monde échoués

Surtout aucun effort pour voir l’autel aimé

 

Pour satisfaire ton désir ignore les ordres, cesse d’agir

Observe les flux des délices, abandonne toi pour frémir

Au temps, aux formes, aux pensées

Abandonne le sable et ses effets

 

Danse nu, immobile, tu seras béni

Ton âme alors te reconnaîtra

La Hache en main tu renaîtra

Par les rues nul chien n’aura de cri

La joie, l’onde manifeste, te guidera

 

 

Le Dolmen d’Exoudun voit se désintégrer son hommage poétique; ou les mots rouges du Dragon d’Or

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Dimanche 19 août le poème « Le Creuset et l’Echo » a été installé face au Dolmen de la Commune d’Exoudun (79). Une action saluée au couché de l’Invaincu par un Dragon d’or, que les spirites modernes appellent orbes. Le serpent ailé du ciel, venu tournoyant, a délivré un message si sensuel et spirituel que ceux qui écoutent pour l’espoir en recevront grande grâce. Mais ce « 6e lâché de poème » en pleine nature, lié de 8 en installation bambouesque, n’a résisté que peu de temps aux forces du nivellement scabreux et aliénant. Bien qu’il fut sous les auspices du Lac d’Amour, cher aux hermines de Bretagne, une main sauvage, humaine ou démoniaque, a désintégrée ce qui semblait sans doute être une atteinte au Patrimoine et à sa nécessaire aseptisation… La main ignorante prit là un bien grand risque d’usurper une fonction qui revenait aux éléments. C’est là son choix !… Et les lâchés de poèmes, par leur fragilité, leur simplicité de matériaux, en ouvrent volontiers le possible, ceci dans l’esprit de l’Ordre.

 

Le serpent du ciel, ailé et d’or, dans un souffle long comme le carré sacré, est venu parler des fleuves du temps… et de ce qu’ils charrient et modifient, diamants et sables, bois pétrifiés… et des pierres rouges comme la conscience d’amour, que l’initié reporte sur sa tête, bonnet phrygien, marque de l’héritage des anciens.

Tout autour de l’œuf magnifique et ardent et bleu de notre planète, sous les grands monolithes, couchés dans le sommeil de la mort, les corps d’humains d’autres temps ont longtemps transmis un message emprunt d’une certaine colère. La colère d’avoir été vaincu par des forces animées d’une piètre connaissance cosmique au regard de celle qu’ils reconnaissaient et expérimentaient au quotidien… Une sourde et juste colère donc, une colère parfois pacifique, paradoxe et privilège des consciences particulièrement édifiées. Mais parfois colères violentes nourries d’infâmes tortures. Ceci fit ces lieux maléfiques dont les mères usaient des légendes pour effrayer les enfants rebelles. Tous cela aujourd’hui revêt une autre allure, une autre fonction, car les temps qui sont nôtre, ce présent collectif, leur assigne une toute nouvelle tâche par la mutation et le mouvement naturelle de la grande roue des réincarnations.

Le dragon d’or a soufflé ces mots : «  Bon nombre d’entre vous qui marchez dans ce temps furent ceux couchés sous les grandes dalles de pierres… Et l’expérience qui vous fit vaincus peut aujourd’hui servir. La malédiction n’est plus. Il n’en reste que la lumière d’être et le souvenir d’un mécanisme cosmique souvent impénétrable aux profanes »

 

 

Un secret, la vérité blanche, le juste et l’eau bleue

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Dimanche 12 août, sur le tertre de la Fontadam, face à la fontaine antique de ce lieu où les druides partagèrent en passion leurs connaissances cénobitiques avec de jeunes mystiques venu d’orient qui ne se revendiquaient pas encore comme chrétien, un 5e poème a été “Lâché” en pleine nature. Il s’agit du poème : Le secret, les ailes et le trône. L’installation liée en 7 sur une structure bambouesque de mes lignes versifiées provoqua un double écho, deux flux de pensées et d’émotions. Le génie commun du lieu fît pour offrande l’évocation malicieuse et douce d’autres rives. Tout d’abord un éclair de mémoire pour Israel-Neguev, cet autre désert et pourtant source d’inspirations en Amour, espoir et paix… Et puis… encore une fois… le Québec ! Cette terre, outre-Atlantique, où vivent tant de cousins  partis de notre Poitou-Charentes envouté.

Dés les premier instants de notre présence, sur les pierres plus que millénaires de la fontaine de FontAdam, l’être rouge nous fît son salut habituel, toujours dans la grâce et le tendre merveilleux. Mais cette fois, une autre manifestation a suscité nôtre éveil. Un juste s’est révélé à nous. Parfaitement incarné dans ce monde du haut de ses 9O ans et 6 mois.

Le père d’André Naffrechoux a été élevé au rang de Juste Parmi les Nations. Toute la famille faisait œuvre de résistance ! Dans le bouquet de souvenirs qui habite aujourd’hui son existence, il en est un dont André est fiers plus que tout autres : « Vous savez quoi… ? Pendant presque un an, sous l’occupation, j’ai fait manger à la même table : un déserteur de l’armée allemande et un couple pourchassé par la police en raison des lois antisémites » Souvenir magnifique d’une flamme, espoir en l’humanité, chancelante mais toujours résistante aux attaques terribles de l’obscurité et du néant, presque totale, en ces temps ou comme aujourd’hui, la brutalité absurde seul est libre et régne de part le monde.

André Naffrechoux porte un nom devenu rare en Poitou-Charentes. Presque tous les membres de sa famille se sont embarqués, en plusieurs flux, pour devenir boucanier sur les rives du Saint-Laurent en ce Québec dont les fleurs de lys si poitevines resplendissent de l’autre côté de l’Atlantique…

André Naffrechoux porte donc un nom fort de sens et d’Histoire, il est de part sa famille, le propriétaire du site de la fontaine de FontAdam et cela depuis 1913. Son père, puis lui-même en sont les très honorables gardiens. De cette fontaine guérisseuse que les picto-charentais savent « feuseuse de miracles » André admire, tous les jours à l’heure de la « Vraie Croix », le miracle de sérénité.  Il sait comment il faut en boire et comment il faut s’y baigner, d’où vient précisément cette eau, de quel plateau du Massif-central… et surtout que la fameuse légende, dont les ermites ici les premiers témoignèrent, narre un fait parfaitement exacte : les eaux de cette fontaine, sous certains auspices, deviennent bleues comme le ciel, pour s’unir au blanc, vérité de nos vies.

Le secret, les ailes et le trône

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Tu es l’œil de Dieu qui te regarde

Le visage de l’autre est en toi

L’espace ne contient pas, il prend garde

Ce qui se préserve s’élève en émoi

 

Alors cherche le sens de ce qui t’apparait

A pleine main, en désire de toi et démêle

Les écheveaux, l’âpre songe du réveil et l’injuste

Et tisse à tire d’aile, et brode tes effets

 

Tous les anges sont à toi, il n’y a pas de trône sans roi

C’est là l’ultime secret de la joie

 

 

La Talle à Teurtous rencontre Le Chemin et le Pacte

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Le Dimanche 5 août nous pratiquions le lâcher du poème « Le Chemin et le pacte » à la Talle à Teurtous sur la Commune de Celle-Sur-Belle (79). Le « Belle » de cette commune ne doit rien à la beauté pourtant réelle de cette rivière. Ce « Belle » là, renvoi au culte qui était rendu dans l’antiquité, face à ces eaux, au grand Belenos l’Apollon du Panthéon gaulois. Le Bouquet de châtaigniers greffés, et donc productifs, s’agrège à un maître arbre vieux d’au moins 700 ans. Aux confins du lieu dit de Révêtizons, règne le cœur vaillant du pays protestant des Deux-Sèvres, terre farouchement mystique où fourmille une multitude de clairières magiques propices en toutes époques au désert des justes et bien souvent parias de leur époque. Le nom de Revêtizons par son Z, éclair dionysien, invite d’ailleurs à la recherche des anagrammes. Une lettre en éclaire est bien plus que l’on ne le croit, comme le chantait, certains soir de pleine lune, Raymond Roussel… Hors donc, par le chiffre 6 qui noua ce 4e lâché de poème,  « Le Chemin et le pacte » à été l’objet d’une intense curiosité de la part des élémentaux qui se manifestent à ceux qui ont des yeux pour voir…. L’être rouge qui nous accompagne depuis le début de cette expérience a manifesté de nouveau sa douce bienveillance d’autant que le bleu fatidique de l’orange terrestre s’apprête à entamer la corruption finale.  Oui, une grande curiosité… et de la surprise et de l’incrédulité aussi. Mais si un seul est éveillé l’humanité peut-être sauvée…

Sachez le, Les élémentaux et les subtils ne croient plus guère en nous… Le gouffre impatient de l’oubli éternel nous guette. Il en sera pour nous comme il en fut de ces statuts des dieux anciens assassinés, si vites remplacés par nos égos érigés en piètre Babel, stigmates de notre impuissance. Le gouffre nous guette, surtout en cette heure où la grande masse des artistes et des esprits créatifs ignorant et pervertis jouissent, paradoxalement, de leur propre aliénation. En rompant avec leur âme et la source de leur mission humaine, ils se sont faits esclaves des bourgeois, en grande majorité ils gisent dans le narcissisme insipide et stérile. Pourtant les artistes Shamanes révélé de la modernité fidèle à Baudelaire l’ont crié : « Tout est tard et batrachien » « L’art est dans la rue » « L’art est souffle révolutionnaire ou n’est pas ». L’art que produit la puissance créatrice de ceux qui en ont le don, n’est plus ce pain si nécessaire à l’humanité, à sa régénération par la révélation, a l’élévation par la confrontation et à l’harmonie par la transcendance. Les forces créatrices offertes en don à certains sont totalement soumises aux objets et plus encore à leur ombre. Pour certains ils abreuves le grand fleuve du divertissement, énergie nécessaire au mécanisme savant de l’asservissement général. Pour d’autres, esprits atomisés, qui ne placent plus rien dans leur pratique en ciel commun, soumis aux vents du temps, ils vivent en Narcisse avec plus ou moins de succès… Succès qui prend sa mesure dans le craquement de leurs pauvres os… et surtout de l’intérêt que ces craquements suscitent chez une poignée de marchands, eux-mêmes girouettes des puissants de ce monde en quête d’une morale, d’un discours, d’un esthétisme justifiants leur existence dépourvue d’empathie. Le contrôle dominateur et maladif de la papauté et de ses valets sacerdotaux était bien moins violent à Michael Ange ou Caravage ou Goya… car au moins il était visible et révélé. C’est en cela principalement que les lieux saints sont devenus le jouet des forces anti-humaines, de l’obscurantisme, de la haine, de ce mal que nous feignons de voir à l’extérieur pour éviter de le résoudre en nous.

“A teurtous  » ou « a T’rtous », en patois poitevin-saintongeais, évoque bien plus que ce que l’on pourrait résumer par “à tout le monde, à tous”. Ce lieu aux confins de la Révêtizons est à la croisée de chemins, c’est donc un espace commun et fut donc un ciel sur terre que l’on percevait comme un lieu de ralliement. Institué au-delà de toutes les propriétés individuelles, c’est un archétype de l’idée de bien public et qui défini ce qui doit être placé au-dessus de tout dans l’intérêt de tous… Il n’est donc pas de hasard si cet arbre fut le lieu où l’on se rassembla avant de lancer la grande « Jacquerie », la révolte paysanne de la fin du Moyen-âge. Cette révolte qui préfigura la Révolution Française… La Talle à T’rtous est, dans l’inconscient collectif de la paysannerie, un lieu de rassemblement lorsqu’il n’y a plus d’autre espoir que dans la révolte.

Avec une base de 16m de circonférence, le châtaignier dresse sa carcasse torturée aux gens venus l’admirer. Avec une cavité centrale, servant d’abri, il est de plus en plus ouvert. C’est l’un des ultimes gardiens du plus grand trésor.

La pleine lune et la Grâce des 5 Arbres ou le message des rives fatidiques, écho du Québec aux Deux-Sévres

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Le 2 août, la pleine lune s’est levée rouge dans un ciel d’une semaine dédiée à Sainte Marthe. Le 29 juillet, le poème “La grâce des 5 Arbres” venait d’être lâché en pleine nature sur le site de la fontaine Bouillonnante d’Exoudun (79). Sainte Marthe patronne des lavandières est la figure tutélaire de l’esprit christianisé qui règne sur ce lieu. Sainte Marthe est, bibliquement, la sœur de Lazare celui qui fut ramené d’entre les morts par Jeshoua. La nature psychique de la fontaine et du lavoir contigu d’Exoudun est liée à l’arc en ciel d’une myriade de fontaines sacrées.

En chemin pour observer la conversation entre mon poème et l’astre d’argent, un oiseau ensorcelé de douleur et déterminé s’est littéralement jeté sous mes roues. Mon pied écrasant le frein, le coup de volant brusque, n’ont rien pu faire contre la noirceur de son désespoir. Impressionné par le sombre néant de l’oiseau, je fis demi-tour dans l’espoir de l’improbable compréhension de ce que j’ai parfaitement perçu comme un suicide. L’oiseau au sol, son corps malmené, n’était plus qu’enveloppe vilainement déchiquetée. Pour qu’aucun autre de nos véhicules barbares ne vienne déchirer plus encore les chairs inertes de cet être, je déposais dans les fourrés cette dépouille en offrande aux passagers de la nuit pour qu’ils s’en nourrissent. Je recherchais alentour une réponse à l’acte fatidique, incrédule mais plein d’attente pour ce qui me semblait être vain d’espérer. Le sens de la mort de cet animal allait-il se manifester à mes yeux ? Me laissant tendrement guidé par l’instinct, je balayais du regard l’autre bas côté de la route, l’autre rive du chemin… La pleine lune se levait et éclaira d’une luminescence rouge et bleue le corps d’un autre oiseau mort. Cette triste vision s’accompagna d’une nouvelle certitude. Cet autre oiseau mort était la compagne morte de celui qui venait de se suicider fou de chagrin sous les roues de mon véhicule… Troublé mais presque amusé par cette pensée gentiment fleur bleue, je repris la route de la Fontaine Bouillonnante du village envouté d’Exoudun.

Installé face à « La grâce des Cinq arbres » lâché en pleine nature en ce site lieu de cultes millénaires, je dînais seul à l’écoute de la nuit tombante et observais la montée de l’astre nocturne. Sirius, Venus, la Grande Ours, entamèrent leur ronde. Le grand Dragon du ciel, de son œil luminescent salua l’installation bambouesque nouée de cinq. Mes pensées se tournèrent à nouveau vers l’oiseau et son acte, interdit des interdits, véritable crime contre l’esprit, le suicide. Je recommandais alors son âme aux puissances de la vie pour que dans la roue des flammes d’amour son retour à sa mission abandonnée se fasse avec plus de bonheur, d’harmonie et de compréhension de l’ordre cosmique. Car l’amour dans le manque n’est pas l’amour. L’amour dans le manque est ténèbres. Seul l’amour en plénitude est lumière. J’en vins à penser à ce que serait ma réaction si je devais perdre dans ce plan d’existence ma compagne en amour humain. Il me fut alors soudainement clair que le sens même de mon existence s’effondrerai. Car avec elle j’ai le bonheur de vivre dans l’amour créateur et sauveur… Et immédiatement je pris conscience que cet amour dans lequel je vis par son partage n’avait pour source ni le moi, ni l’autre mais était un immense fleuve d’éternité.

La lune pleine, inspiratrice de bleu et rousse, guidait doucement mes pensées. Sans mots, en tendre passion, elle me rappelait au juste : «  La nature des flots du fleuve éternel permet de n’être plus obnubilé par les objets qu’il révèle, et invite à les aborder à partir de l’espace infini qui les contient…

De l’autre côté de l’Atlantique de très proches amis, au même moment galactique, faisaient une expérience très similaire, dans une modulation très violente et très sauvage. Plongée dans les eaux du Saint-Laurent, Anne cru en son dernier instant et que tout ce qu’elle croyait être la vie était promis au néant. Sur la berge Pablo s’acheminait vers des émotions similaires à celle de l’oiseau croisé sur la route d’Exoudun presque persuadé de la disparition de sa compagne… Heureusement ce n’était qu’un éveil foudre provocateur de catharsis, sans doute initiatique,… Et c’est là, presque une autre histoire ! Tout deux continuent à être en présence dans ce plan d’existence, la menace a reculée pour disparaître totalement.

De la conversation de la lune avec mon poème « La Grâce des 5 arbres » lâché en pleine nature, noué de 5 dans l’installation bambouesque, je retiens que les liens ténus qui m’unissent à mes amis par le jeu des fontaines et sources sacrées, exoudantes et souterraines, d’Exoudun au Québec, veulent nous parler d’un miracle… au moins celui de la vie !

 

 

 

La pleine lune face à la « Grâce des 5 Arbres »

Ou le message des rives fatidiques en écho du Québec aux Deux-Sévres

 

 

 

 

“La grâce des 5 arbres” à la fontaine bouillonnante d’Exoudun

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Dimanche 29 juillet nous avons procédé au 3e lâché de poème devant la fontaine bouillonnante d’Exoudun (79).

« La Grâce des 5 Arbres » fait actuellement connaissance du Tertre qui jouxte ce site. La fontaine et le lavoir contigu, sis dans ce village particulièrement envouté des D.S., certaines nuits de pleine lune, reçoivent la visite de lavandières nocturnes… Rappelons que la patronne des lavandières est sainte Marthe et qu’elle se fête le 29 juillet. Les visites des lavandières nocturnes, les nuits de pleine lune, sont aujourd’hui largement ignorées de tous, mais les traces sont encore lumineuses et palpables. Pour bien le marteler en Aether, l’être rouge qui virevolta lors du précédent lâché de poème à la carrière Saint Martin (79), s’est aussi manifesté ce 29 juillet en glosant par sa luminescence pourpre, généreuse et bienveillante… Car la fontaine bouillonnante d’Exoudun appartient à un réseau d’une myriade de fontaines, qui par leur égrégore se font écho, bien au-delà de notre très magique Poitou-Charentes ! Leur chemin de douce bruyance liquide, en miroir de la voie lactée et à ses passions herculéennes, a pour modèle et maître mythologique la fontaine de Barenton… C’est chose connu et irréfutable depuis les évocations merveilleuses de Hersart de la Villemarqué.

 

Soulignons trois fois que la fontaine illustre de la gaste forêt de Brocéliande n’est réellement visible que par les authentiques chercheurs.

Nul ne peut ignorer que le bouillonnement des eaux sont des messages de l’au-delà et les lavandières nocturnes en sont les parfaites prophétesses. A Barenton, en Brocéliande, Myrdhin l’enseigna à la plus digne de toutes… Personnellement, la fontaine de Barenton fut le lieu où le professeur Christian-Joseph Guyonvarc’h me fit l’honneur de quelques récits… Aussi ce “lâché de poème” est humblement dédié à sa mémoire, lui qui est décédé en janvier de cette année.