Antimaçonnisme, une glaciation de la pensée…

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Réaction à deux livres qui souhaiteraient en finir avec la « question » et semblent oublier que seule « la question » est importante !

La lactation de saint Bernard, offre à méditer, sur le plan mythologique, Beaucoup de ce formidable dialogue des traditions et des religions, flux spirituels constitutifs de notre rapport à la transcendance comme œuvre civilisatrice.

L’ouvrage du Professeur J.-C. Lozach’meur : « De la Gnose au Graal », que certains ont découvert lors de différentes journées de conférences organisées par le C.E.N.A.[1], est effectivement fort érudit et fort utile. Il est aussi particulièrement sollicitant en ce qu’il active d’arrières plans philologiques, métaphysiques et de même (j’ose !) au sens que peuvent donner certains aux perspectives post-modernes et herméneutiques de l’eschatologie apocalyptique (ouf !)… C’est donc un ouvrage qui doit éveiller fortement notre esprit analytique et critique ! Ceci est d’autant plus à prendre au sérieux que le très érudit Professeur J.-C. Lozach’meur est l’auteur d’un second ouvrage, sorti plus récemment, qui en découle directement : « Les origines occultistes de la franc-maçonnerie »[2]. Du fait du cheminement particulier de la pensée qui est exposée en ces deux livres, ils doivent être considérés comme indissociables, tellement le premier semble autoriser le propos du second.

Le modus operandi utilisé exclu l’adaptabilité des schémas structurants de la pensée à travers les périodes historiques de l’humanité…

Tant je rejoins, en certains points, l’analyse métahistorique et anthropologique de ces deux livres, d’autres points, très nombreux, me semblent contraires à ce que j’appréhende du réel de par mes propres recherches[3]. Précisément, les perspectives offertes par le Pr JC Lozach’meur semblent cruellement manquer, dans leur panel d’éléments comparés, de certaines traditions et de certaines mythologies pourtant cruciales au regard du propos. Les choix du Pr JC Lozach’meur impliquent une vision dualiste de l’histoire et organisent sa pensée pour justifier une idéologie. Cette posture idéologique alimente tellement l’effort intellectuel de l’auteur qu’il finit, mécaniquement, par la cristalliser et la mettre en relief, croyant faire une « découverte » que je me permets de résumer ainsi : « Les traditions et les sources des religions peuvent être segmenter comme des espèces animales et génétiquement incompatible. En révéler leurs « bornes»  et définir leurs ensembles, permet d’identifier les forces spirituelles maléfiques ou bénéfiques qui les inspirent »… Et pour le professeur, les forces spirituelles bénéfiques sont bien évidemment celles qui sont à « l’œuvre » dans la religion catholique. Cette vision de la réalité produit plus une idéologie douteuse, qu’un schéma scientifique tendant à rendre compte du réel. Qui plus est, le modus operandi utilisé exclu l’adaptabilité des schémas structurants de la pensée à travers les périodes historiques de l’humanité avant et après J.C., et détruit la valeur de perfectionnement et de ce fait du possible choix du juste comportement. Je m’explique :

Une dialectique civilisatrice et spirituelle qui vise d’une manière générale à penser notre rapport à l’altérité.

Sur le plan des données non prises en compte par le Pr JC Lozach’meur, je pense tout particulièrement à ce que l’archéologie biblique et l’anthropologie comparative ont dévoilé des interactivités constantes entre traditions dites Abrahamiques et traditions dites Indo-européennes. Le « bornage » de ces deux (au moins) « courants  de traditions » apparaissant, aux yeux de leurs réalités intrinsèques, comme de pures repères plaqués artificiellement sur une matière complexe et ne correspondent à aucune réelle dichotomie précise permettant de les différencier tant les continuelles reformulations en ces traditions ont été en interactions multiples, sur le plan philosophique, mythologique, spirituel, mais aussi des représentations symboliques[4]… Pour faire dans la caricature, si l’on peut borner des différences idéologiques, mystiques et théologiques, entre l’enseignement Christique, et celui d’Apollonius de Tyane, de même entre celui Mahométan et celui du Mytraisme, ou celui du Thalmude et des esséniens… Le bornage qui définirait les traditions indo-européennes et les « autres » comme des citadelles  de pensées relève du non-sens ! Nul ne peut plus ignorer leurs intenses dialogues et les humanistes y discernent une dialectique de l’effort civilisateur, qui n’est pas comme semble l’affirmer le Pr J.-C. L., ontologiquement opposée à la transcendance. Il en va ainsi d’une certaine dialectique de la conception de la transcendance qui est une dialectique civilisatrice, notamment pour ce qui est de définir comme un « mal » l’inceste, le suicide rituel, les sacrifices humains, les sacrifices d’animaux, l’esclave… Une dialectique civilisatrice et spirituelle qui vise d’une manière générale à penser notre rapport à l’altérité.

…au regard de leur influence constante depuis la haute antiquité, il relève de l’erreur que d’ignorer l’apport du Zoroastrisme authentique…

Il me semble aussi que le panel des traditions utilisés par Pr J.-C. L., et notamment dans leurs aspects mystagogiques et philologiques, souffre de certains manques. Soumis au concept dualiste fondamental qui l’anime, disséquant seulement une certaine partie du fleuve de l’imaginaire mythologique et de la symbolique

Égalité – Athéna

des jumeaux et des tri-jumeaux, de leurs luttes contre la tyrannie et le retour de la justice, le Pr JC Lozach’meur est conduit à croire qu’il constate l’existence d’une lutte mythologiquement personnifiée à travers les siècles, pour la suprématie d’un Dieu sur un autre… Je n’évoquerais pas immédiatement les sources bibliques (A.T) écartées et qui pourtant alimentent aussi l’Imaginaire Arthurien dont il est principalement question. En premier lieu, il me semble nécessaire de souligner qu’au regard de leur influence constante depuis la haute antiquité, il relève de l’erreur que d’ignorer l’apport du Zoroastrisme authentique. Ceci du fait de sa particulière modulation du mythe des jumeaux, et de ce qui est pensé dans les Gathas, notamment de ce qui nourri l’idée de tyrannie. Précisément, il y a là une matière mytho-philosophique qui est la source même de l’obsolescence du manichéisme et des visions dualistes[5]… Il en va de même, dans ce creuset civilisateur, des apports de la philosophie de Zarathoustra et de ceux des courants Abrahamiques, Mosaïques et même Talmudiques. Ainsi fait, par le Pr J.-C. L. qui les écarte, c’est ignorer l’entremêlement perpétuel, la vivification et les combats dialectiques et leur complexité, leurs instrumentalisations parfois paradoxales sur le plan politique, les oublis et les effacements,… tout un magma source de merveilles, mais aussi de meurtrissures, et qu’aucun esprit solitaire ne peut penser… J’insiste sur un point important de ce questionnement : Comment ignorer aujourd’hui la « parenté » entre Abraham et Zarathoustra que l’on donne (mytho-historiquement) comme des quasi-contemporains… de même l’influence, aujourd’hui très documentée, du Zoroastrisme et des Gathas sur le Talmud de Babylone, de même du Mitraïsme sur le Christianisme, du culte d’Isis sur le culte de la Vierge Marie… et donc, tout ce dialogue mythologique entre l’orient et l’occident, des royaumes du nord et des empires du sud, ce magnifique effort de la pensée humaine, fortement identifié par la linguistique, l’anthropologie, l’histoire, l’architecture, la musicologie… Et la gastronomie !
En n’ouvrant qu’au « rayon » de la tradition biblique, rappelons que Hiram, l’architecte du temple de Salomon, est un « fils de veuve » (1er Livre des Rois, 7.14). De même, la maison de David, cette lignée dont naquit Salomon et le Christ,  est fondée par la veuve Noémie (Livre de Ruth), via Ruth sa belle fille, elle même Moabite, et ceci en se mariant à Booz qui est ainsi son sauveur/vengeur contre le « destin », en pratiquant l’acte de l’ancestrale loi du « G’aal » (לאב). Rappelons encore que le rêve, l’espoir de Dieu (utopie) de la grande Jérusalem, trahi par son propre peuple, est comparé à une veuve qu’il faudra venger (lamentations de Jérémie 1-Aleph). Les jumeaux, Jacob et Esaü, arrière petit fils de Booz et Noémie, offrent aussi une perspective du mythe particulièrement intéressante… De même la blessure de Jacob, qui en fait un Roi Méhaigné (…et sans terre !)…  et encore, le rôle de Joseph, fils de Jacob, qui organise sciemment l’asservissement du peuple de Jacob/Israël au joug du tyran Pharaon (Gen. 47.13)…

Il y a là, selon les époques, des télescopages, des inversions de valeurs symboliques, des « changement de camp » de corpus idéologiques, ésotériques et religieux

Il me semble que les éléments écartés/omis dans l’étude comparative du Pr J.-C. L. ont aussi ceci de particulier qu’ils manifestent certaines ambitions philosophiques et spirituelles, dont le principal apport est d’offrir des systèmes de pensées ouverts. Ils font références pour certains au livre perdu, pour d’autres au livre pour toujours incomplet, le fait que Moïse n’a pas tout transmis dans la Thora,… que l’ignorance du fils de la veuve fait aussi sa force, que d’un roi juste peut aussi naître un tyran et inversement ! Que, peut-être, la tyrannie véritable nait d’une posture dangereuse qui vise à l’épuisement définitif du sens, cette pensée définitive et folle qui, sans parfois le savoir, détruit le paradoxe spirituellement nourricier de la trace (présence/absence) et vise donc à détruire la possibilité même de transcendance, alors que souvent cet effort (fou de lui-même) prétend en être le (seul) garant. Mes remarques, qui demandent à être approfondies, sur les éléments écartés par le Pr J.-C. L., éclairent aussi la juste ambition prophylactique du Pr J.-C. L. et révèlent… son paradoxe ! Le très érudit Pr JC Lozach’meur serait-il un chasseur de dragon devenu dragon à force de les combattre ? La pensée du Pr J.-C. L. me semble, aussi, beaucoup « se mécaniser » dans l’utilisation qu’il fait de son étude comparative, lorsqu’il ne prend pas en considération ce qui constituait culturellement et socialement la façon d’être des humains en prise avec les symboles, mythes et légendes, ordres initiatiques et religieux, aux diverses époques évoquées. Ceci reste donc à intégrer, si l’on veut être dans l’ambition d’une approche plus historique des faits… Et plus encore, de ce que les systèmes sociaux dominants, de ces différentes époques, placent et placèrent d’individus ivres de leur toute puissance déshumanisée et donc œuvrant avec plus ou moins de facilité aux pratiques tyranniques de leur temps. Il y a là, selon les époques, des télescopages, des inversions de valeurs symboliques, des « changement de camp » de corpus idéologiques, ésotériques et religieux, qui sont bien loin d’être pris en compte. En conséquence, la mécanique sous-jacente de cet ouvrage, bien que proposant des matériaux forts érudits et utiles, ouvre sur une pensée scientiste que je trouve inquiétante. Face à un tel effort de pensée, il faut se rappeler le sage adage des Midrash : « Dieu a crée l’univers et les hommes les religions… »

Liberté – Isis

Voilà donc ce qui à mon goût pose question dans l’approche du Pr JC Lozach’meur et de ce fait pré-oriente de manière très précise son approche comparative. Il faut bien noter que sa démarche tend à dévoiler que des « missions métapolitiques » auraient été données, de manière absolue et définitive, à certaines mythologies/mystagogies et ceci jusque dans leurs substrats. Ce qui implique que « ces missions » auraient été entretenues de siècle en siècle par certains (?) et ceux-là même proposeraient, depuis toujours, un plan de subversion de l’humanité visant à sa destruction… Le lieu commandant aujourd’hui à cette subversion serait la Franc-Maçonnerie et là nous touchons presque à la dimension pathologique d’un système de pensée.

Malgré ce que je viens d’évoquer à grands traits, je crois que nous ne devons pas faire l’économie d’analyser plus précisément la critique faite de la Franc-maçonnerie par le Pr J.-C. L. et penser cela en raison, car nul ne peut douter qu’il y a bel et bien quelque chose de pourri au royaume de Danemark !

Si l’argumentation qui le conduit à concevoir le monde sur un mode dualiste (… et c’est un paradoxe !) souffre d’une « certaine faiblesse » d’approche systémique, ne pas faire l’effort d’une analyse complète me semble dangereux. Une réponse construite est nécessaire à l’antimaçonnisme croissant. La pensée du Pr J.-C. L. participe à un « mouvement social » qui place de terribles « rails » intellectuels que pourraient utiliser les furieuses machines du « passage à l’acte ». Seule une analyse critique de certaines fonctions sociales de la Franc-Maçonnerie et des reproches qui peuvent lui être fait permettra qu’une trop grande foule ne rejoigne et donne force aux menaces socio-psycho-dramatiques et violentes du type de celles mises en évidence par René Girard[6].

Comment certaines pratiques maçonniques pourraient-être un facteur participant ou non à ce phénomène aux aspects sociétaux complexes, cela peut sembler « intéressant » de le comprendre…

Qui pourrait soutenir, en rationalité, que les déviances maçonniques évoquées le Pr J.-C. L., du moins dans leurs occurrences très contemporaines, n’ont pas une part de réalité ?… Au moins, dans cette vision de la nature humaine foncièrement matérialiste et/ou Janseniste qui alimentent fortement l’idéologie de la mondialisation actuelle et l’idolâtrie du libéralisme économique ? Une idolâtrie contemporaine qui tend à dissoudre la morale en politique dans ce qu’elle a de plus philosophique et civilisateur au bénéfice d’un être humain auquel on ne concède qu’un but existentiel, le contentement de ses pulsions perçues comme une mécanique informatique hautement complexe mais quantifiable. Comment certaines pratiques maçonniques pourraient-être un facteur participant ou non à ce phénomène aux aspects sociétaux complexes, cela peut sembler « intéressant » de le comprendre… Voire même de définir où ce type d’organisations initiatiques interagit… et pourrait, pourquoi pas ( ?), chercher à contrecarrer les interactions néfastes et contraire à la pensée humaniste qui est la norme universelle de toute réelle fraternité !

Voici une piste que je perçois… et c’est là que je vous propose un autre « paradoxe signifiant », véritable « étrangeté familière » ! Car il y a, pour moi, une analogie « surprenante » entre les errances de pensées formulées par le Pr J.-C. L. et la relation que de nombreux cercles maçonniques semblent entretenir avec la « matière maçonnique ». Il me semble qu’il s’agit du même défaut d’approche systémique. Ce n’est pour l’instant qu’un sentiment documenté, plus qu’un constat abouti. Je l’offre ici en débat. Cela concerne précisément les pratiques actuelles de la catéchèse maçonnique qui prend si peu en compte la différence socio-culturelles des femmes et des hommes du 21e siècle, avec celles du même ordre des individus qui, aux 17e et 18e siècle, pratiquaient la FM, et plus encore avec ceux qui conçurent pour une bonne part les rituels qui sont, aujourd’hui encore, utilisés. Sur ce point, notamment, les recherches et les archives sur/du « Club de l’Entresol », le travail et les recherches sur les personnalités qui composaient l’Ordre des Chevaliers Élus[7] (cercle maçonnique initié par les Stuart et creuset des hauts grades/1720)… démontrent à quel point ceux et celles qui participèrent à l’élan mystagogique et à la conceptualisation des rituels (toujours utilisés aujourd’hui), étaient des individus hautement édifiés aux connaissances alors disponibles en anthropologie religieuse, en histoire du christianisme (AT & NT) et en théologie, ainsi qu’aux 7 arts libéraux… De ce fait, ceux qui pratiquaient les rituels maçonniques au 18e siècle, se connectaient immédiatement à ce qu’ils voyaient sur le « tapis de loge » et les « décors » grâce à leur culture foncièrement constituée de connaissances bibliques et théologiques. Le corpus religieux catholique, absolument dominant, était la base structurante de tout enseignement diffusé à cette époque, le protestantisme y avait fait quelques « brèches » plus ou moins importantes selon les pays, en l’occurrence cela n’apportait que des divergences peu signifiantes pour l’approche maçonnique. Les écoles sous influence protestante offraient en tout premier lieu, elles aussi, un rigoureux enseignement théologique d’essence judéo-chrétienne.

La dynamique maçonnique à visiblement été conçue pour étancher, en tout premier lieu, une soif de transcendance que la pensée tyrannique de la religion dominante d’alors rendait impossible…

De ce fait, les impétrants aux cercles maçonniques se découvraient en « synchronicité » intellectuelle et spirituelle avec les symboles et récits mythologiques qui leur étaient présentés. Ceci était d’autant plus puissant que le cheminement critique intellectuel et métaphysique des impétrants avait été important vis a vis de sa propre formation culturelle souvent ressentie comme oppressante. La dynamique maçonnique à visiblement été conçue pour étancher, en tout premier lieu, une soif de transcendance que la pensée tyrannique de la religion dominante d’alors rendait impossible à exprimer, car figée par une catholicité dogmatique et hautement meurtrière. N’oublions pas que la violence politique du catholicisme s’est fortement radicalisée de la renaissance jusqu’au siècle des lumières… Ce n’est que le rapport de force (vengeur) qui l’a fait « choir » de sa toute puissance fanatique. Les rituels maçonniques portent un élan particulier et salvateur en cela qu’ils permettent à l’esprit en quête de transcendance de se penser en une dynamique de liberté acquise par la pratique d’une discipline (ouverte) qui s’appuie sur les symboles et la mystagogie judéo-chrétienne, du moins, en ce qu’ils contiennent de meilleur au regard des initiateurs et concepteurs successifs desdits rituels.

Il y a eu un important transfert du pouvoir d’élévation dans les grades vers le moins connaissant…

Les humains du 21e siècle sont culturellement et sociologiquement constitués d’une toute autre matière. De nombreuses fois, j’ai été surpris, lors de mes échanges avec des maîtres francs-maçons, de constater que ces derniers ignoraient les références bibliques précises de Jakin et Booz, presque aucun n’avaient ouvert le « Livre de Ruth » et très peu les « livres des rois »… de même pour ce qui est des dimensions des colonnes dont la découvertes des « mesures complètes » offrent à l’impétrant l’enseignement une « méthode » opérative et un système de décodage que bien des francs-maçons aujourd’hui ignorent…  Ainsi, le système maçonnique (tradition judéo-chrétienne et déiste, voir spirituel) s’est relativement « mécanisé ». Il y a eu un important transfert du pouvoir d’élévation dans les grades vers le moins connaissant. La pratique d’élévation est majoritairement passé d’un système réellement initiatique, permettant l’accès méthodique à la transcendance, à une hiérarchie répétant le mode profane d’un système administratif (un peu érudit) réduit à la simple pratique d’un règlement intérieur qui se présente ainsi : « …on est apprenti alors on fait deux planches, au bout d’un an on devient compagnon… on passe par trois fonctions d’officier et l’on devient vénérable… ce qui ouvre l’accès aux grades supérieurs… » Un règlement intérieur (non-dit !) qui se relativise selon les cercles, les obédiences et le nombre des membres, mais semble accepté de manière très générale. Ceci prive beaucoup des merveilles ouvrant à la transcendance que l’on peut réellement découvrir en maçonnerie. Elles ne sont accessibles que si l’on plonge réellement dans ses sources initiatiques judéo-chrétiennes…

Cette corruption du système initiatique de la franc-maçonnerie est sans

Cérès – Fraternité

doute l’une des bases dynamiques de certaines dérives et scandales qui émaillent tristement l’édifice social de ce type d’organisation.

L’approche du Pr J.-C. L. biaisé par un ressentiment trop évident contre une « modernité » perçu comme ennemi de la catholicité, nous invite tout de même à appréhender une certaine réalité. Cela peut même nous inciter à repenser collectivement la fonction fondamentale de la franc-maçonnerie…

Notre époque souffre d’une folle soif de transcendance, folle, car il existe une forte occultation de la nature même de cette soif et des sources de merveilles transcendantes pouvant la satisfaire. Nous le savons bien, cette occultation s’opère par la structuration socio-économique contemporaine dont l’une des dynamiques fondamentales est l’hyperconsommation qui, parodiant la transcendance, substitue l’Être par l’Avoir. Cette substitution est génératrice de folie. La soif de transcendance en devient inextinguible et rend quasiment impossible toutes pensées définissant le bien et le mal. En réponse à cette anéantissement en cours de la dynamique civilisatrice, l’univers symbolique et l’imaginaire maçonnique recèlent des trésors comme peu d’organisations spirituelles en disposent.

Il semble urgent de rendre à nouveau accessible les Merveilles… C’est sans doute le meilleur remède aux sombres prophéties de l’abomination.

[1] Voir : http://www.cena12.fr/home
[2] Cet ouvrage, diffusé plus discrètement, n’a été découvert que tardivement par les membres du CENA, qui ont alors pris leur distance avec le pourtant très érudit Pr. JC Lozach’meur.
[3] Des échanges récents avec l’auteur sur des matériaux historiques particuliers comme le livre de Ballymotte et mes recherches de poète (donc forcément contestables car subjectives et capricieuses) sur le(s) « templarisme(s) maçonnique(s) » et les hauts grades, le très particulier « club de l’Entresol » (1723-1738), les lettres nombres, la Cabale et l’Imaginaire Arthurien, m’ont ouverts à divers questionnements critiques sur la « vision » du Pr JC Lozach’meur.
[4] Les représentations du Sârâph (שרף) véhiculé et interprété d’une tradition à l’autre, notamment dans les traditions Egyptienne, Chaldéenne, juive et chrétienne, forment un ensemble iconographique qui offre une perspective particulièrement significative.
[5] Voir a ce sujet : http://www.albin-michel.fr/Les-Gathas-EAN=9782226220479
[6] Voir : http://www.rene-girard.fr/
[7] Voir le document : http://sog2.free.fr/802/Documents.Rituels/30/1750-%20sublime_chevalier_elu.htm#_Toc172291757

 

LAMED… ל

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Perce jusqu'à l’Éther, toi qui bénie sans périr...
Perce jusqu’à l’Éther, toi qui bénie sans périr…

Elle s’étire comme pour toucher le ciel,

Ses bras nus évoquent si bien ces arbres

A ma fenêtre, ils prient les ombres et l’éveil

Presque immobiles, par la force sereine

Elle tourne son regard et de la mort sabre

Rien ne l’effleure, ses ailes fluides égrainent

La science des parfaits retours, l’amour

La danse, le feu secret dans la Tour

Lamed, pendu de joie, ton attente est désir

Perce jusqu’à l’Éther, toi qui bénie sans périr…

Bruno Fouchereau

bruno.fou@free.fr

Ombres de la catholicité et gloire de Lancelot !

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Réflexions (avant dernière de la série) sur une excursion de l’été en Normandie-Maine

De notre rapide circumambulation sur les terres de Lancelot nous ressortons avec un constat fort, mais aussi protéiforme. Avec force nous avons constaté que bien plus qu’à la découverte d’un substrat, ce territoire invite à la lecture de mythes vivaces et de légendes actives. Une mytho-réalité si palpable qu’il est possible d’y vivre ce qu’en tradition on nomme l’Aventure Merveilleuse, pour peu que l’on sache reconnaître l’entrée de cette « gaste forêt » de symboles. Oui ! En ces terres de Normandie-Maine, la matière « graalique » palpite et nous relie à une foule d’êtres, femmes et hommes, savants, pèlerins, entités mythologiques, d’un passé récent ou lointain, qui témoignent de ce qu’ils perçurent, eux aussi, de traces semées ici depuis la plus haute antiquité. Magnifique Lac d’Amour !

 

"... il est bon de se munir de connaissances particulières, dont le livre d’Emile Mâle, « La fin du Paganisme en Gaule et les plus anciennes Basiliques Chrétiennes » est une parfaite synthèse..."
« … il est bon de se munir de connaissances particulières, dont le livre d’Emile Mâle, « La fin du Paganisme en Gaule et les plus anciennes Basiliques Chrétiennes » est une parfaite synthèse… »

En Normandie-Maine, « Brocéliande » (et elle peut prendre d’autres noms) se manifeste à ceux dont le cœur dilaté, espère en la transcendance et l’humanité, promesse d’une couronne à saisir en juste temps !

De notre constat, riche en rêveries mais lacunaire en connaissances objectives car il nous reste tant à percevoir, nous pouvons offrir quelques éclats, tous aperçus en cette Brocéliande, mais suffisamment persistants en notre mémoire, pour en être passionné. C’est en cela que notre constat est protéiforme.

En Normandie-Maine donc, si les merveilles qui inspirèrent Chrétien de Troyes sont toujours palpables, cela est dû en partie à l’action de nombreux[1] esprits éclairés, principalement catholiques, qui prirent grand soin des trésors architecturaux médiévaux et antiques. Ces esprits éclairés œuvrèrent aussi à l’édification et l’embellissement d’une foule de monuments, églises, chapelles, cathédrales, et un océan d’objets d’arts et de littérature. Ceci est, jusqu’au paradoxe ! Il est curieux de constater que pour bien lire cette multitude d’œuvres, dont l’essentiel date de la fin du 19e siècle, il est bon de se munir de connaissances particulières, dont le livre d’Emile Mâle, « La fin du Paganisme en Gaule et les plus anciennes Basiliques Chrétiennes » est une parfaite synthèse. De nombreux monuments de cette région, par leurs savants agencements, semblent démontrer que leurs maîtres d’œuvre disposaient de connaissances approfondies sur ce qu’était l’art Chrétien des tout premiers siècles. Des connaissances qui semblent à la pointe de celles que l’on méditait ailleurs en France et en divers points du globe. Pour évaluer cela de manière positive, je crois qu’une étude précise et particulière de l’architecture de l’église Saint-Julien de Domfront ou de l’oratoire de Passais, donnerait bien des lumières. Je pressens aussi qu’il serait bon de se plonger dans l’histoire de la Thébaïde du Maine (Le Montaigu) et l’œuvre de l’abbé Angot et ses polémiques sur les origines d’une certaine famille de la région.

La question qui vient alors immédiatement est de se demander si ces « esprits éclairés »œuvraient en conscience de ce que le substrat mythologique régional avait inspiré comme souffle spirituel et littéraire à l’imaginaire Arthurien et à Chrétien de Troyes en particulier ? C’est une question que l’on peut se poser et dont il sera difficile de faire l’étude. Ces esprits catholiques dont il est question, tout imprégnés de leur temps, cherchaient surtout à refonder solidement les valeurs chrétiennes qu’ils pensaient en danger. Une réaction un peu folle que l’on observe dès la fin du 18e siècle à travers toute l’Europe… Et dont les braises, encore vive, du fanatisme des guerres de religions furent le lit pour de nouvelles tortures. Un mouvement de réaction bien connu, qui témoigne surtout de sa parfaite incompréhension des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité nés de la révolution française qu’il eut été plus judicieux d’accompagner que de combattre. Peut-on combattre l’énergie du vivant ? Il est vrai que ces idéaux, en s’incarnant dans la République, ne cessèrent de rogner la toute puissance temporelle de l’église catholique. Cette peur, née de l’appauvrissement de son pouvoir temporel, suscita donc cette farouche volonté de refondation du catholicisme qui ne voyait, par ailleurs, de salut temporel, que par la « royauté » dynastique, oubliant le sens réel et spirituel de la couronne éternelle ! Coupable aveuglement qui œuvre toujours à la décadence du christianisme en occident ! Cette réaction mobilisa de puissantes énergies en ce territoire de Maine-Normandie. Dans le but, donc, de ressourcer la catholicité, de brillants esprits catholiques se mirent alors en quête de ce que fut le christianisme des premiers temps en ce territoire enchanté que l’on sait aujourd’hui, mystagogiquement dédié à Lancelot. Dans cette aventure, ils se confrontèrent aux traces de leurs aînés de la renaissance, de l’époque médiévale et du haut moyen-âge,… Traces laissées dans le sillon des récits historiques et littéraires. Ces esprits catholiques furent de puissants « ré-activateurs » des substrats antiques et médiévaux. Les traces de leur action au 18e siècle, surtout au 19e et au début du 20e sont manifestes.

Ce que je me proposerais bien d’étudier, avec d’autres, si cela inspirait quelques amis, c’est l’aspect très romanesque de cette aventure humaine en ce territoire. Un travail qui pourrait faire l’objet d’une publication collective et au moins, pour ma part, d’un récit poético-romanesque qui pourrait avoir une certaine filiation avec l’œuvre d’Anatole France…. Bref, il s’agirait de rendre compte d’un aspect de l’histoire de ces beaux esprits catholiques qui se confrontèrent à des réalités Historiques et Archéologiques dont la nature ne fut certainement pas à contenter leurs objectifs métapolitiques. Ceux qui visaient à réactiver ce qu’ils espéraient être les racines « mystagogiques » de l’intégralisme chrétien furent sans doute livrés aux paradoxes de l’étrangeté familière. Beaucoup n’eurent d’autres choix que de se réfugier dans les fantasmes nauséeux de l’intégrisme et la falsification. Ceux qui ne renoncèrent pas à l’intégralisme se découvrirent alors sur un navire sans mât, ni gouvernail. Sous le regard de Robert D’Arbrissel et de « l’Estoil Internelle », nous pouvons les imaginer en leur province et à leur niveau, dans les souffrances de dilemmes intellectuels tels qu’en connurent, à la même époque, les Prêtres archéologues de l’Ecole Biblique et Archéologique de Jérusalem… Une mise en lumière d’une aventure spirituelle et humaine dont je ne fais qu’imaginer les probables dynamiques en Normandie-Maine, mais qui a été vécue par une foule de savants et de lettrés catholiques et dont le questionnement n’a pas été étranger à des intellectuels comme le père Teilhard de Chardin. L’évaluation de l’intensité de ce moment charnière de la pensée catholique en ce territoire nous permettrait certainement d’inventorier (au moins par l’imagination) l’influence de tout un pan de ce christianisme primitif, si peu catholique ! Un christianisme primitif qui inspira, sans doute, pour une part l’imaginaire arthurien via des textes dont le plus connu est l’évangile de Nicodème. Un christianisme primitif réactivé, de manière involontaire et confuse en sa réelle substance, par les tenants de la catholicité d’alors… Nous aurions aussi tout intérêt à plonger dans les archives (aujourd’hui disponibles) de divers cercles maçonniques des hauts grades chevaleresques et chrétiens… L’une des toutes premières loges maçonniques française installée à Paris ne s’appelait t’elle pas Saint-Thomas…

Cette plongée serait aussi l’occasion d’effleurer cette « concorde » probable entre les ultimes tenants du substrat mythologique, mélancolique[2] et déjà romantique, de la culture « celto-druidique » avec ceux qui, lors des 3 premiers siècles de notre ère, se référaient à la pensée de Jésus de Nazareth. Une concorde probable, mais aujourd’hui si difficile à percevoir du fait de la domination de la vision catholique qui ne laisse entendre de ses relations aux philosophies et religions antiques que des pratiques de condamnations, d’exorcismes… Comme ces actes d’exorcismes violents attribués à saint Martin au regard de ce que l’on peut lire comme texte attribués à Sulpice Sévère… Rappelons que les moines de Saint-Benoît (86) ont mit à jour des tombes contemporaines de saint Martin, dans un enclot monastique, où cohabitent des sépultures aux artefacts religieux de type pagano-celtiques et chrétiens…

Il est vrai que ces idéaux, en s’incarnant dans la République, ne cessèrent de rogner la toute puissance temporelle de l’église catholique. Cette peur, née de l’appauvrissement de son pouvoir temporel, suscita donc cette farouche volonté de refondation du catholicisme qui ne voyait, par ailleurs, de salut temporel, que par la « royauté » dynastique, oubliant le sens réel et spirituel de la couronne éternelle !
Il est vrai que ces idéaux, en s’incarnant dans la République, ne cessèrent de rogner la toute puissance temporelle de l’église catholique. Cette peur, née de l’appauvrissement de son pouvoir temporel, suscita donc cette farouche volonté de refondation du catholicisme qui ne voyait, par ailleurs, de salut temporel, que par la « royauté » dynastique, oubliant le sens réel et spirituel de la couronne éternelle !

[1] Avant l’œuvre historique et archéologique refondatrice de René Bransard (+1971) et poursuivit par de nombreux chercheurs dans le sillage du Professeur Georges Bertin.

[2] Mélancolique au sens noble et romantique, car de toute l’antiquité, les plus grands esprits et parmi eux les pythagoriciens, vénéraient ce que les « druides » surent faire naître d’équilibre des pouvoirs spirituels et temporels au début du VIe et qui se poursuivit jusqu’à la fin du IIe siècle avant JC. Cet « âge d’or historique », pour beaucoup dont Poseidonios, incarnait un « retour » à l’âge d’or mythologique, ce fut une expérience spirituelle et politique qui marqua le monde antique comme un modèle à reproduire et dont la nostalgie particulière me semble se retrouver dans l’imaginaire Arthurien comme l’énergie noire agit sur le cosmos. Une mélancolie qui portait aussi l’espoir d’un possible retour de l’état d’harmonie non-dualiste, à la fois spirituel et temporel, soit l’établissement d’un royaume où les forces de transcendance seraient victorieuses, ici et maintenant. Une épopée qui nous reste offerte et possible comme la plus grande de toutes les aventures héroïques. Mais, il nous faudrait collectivement tourner le dos à cette fuite vers un ailleurs spatio-temporel d’un bonheur/paradis coincé dans un futur inaccessible et toujours promis à la prochaine apocalypse… Nous comprendrions alors que « ce que nous espérons est déjà arrivé », cette merveille qui réside en l’humanité et que les premiers témoins de Jésus de Nazareth professaient aussi (la véritable espérance !), eux qui affirmaient à la suite de saint Thomas que l’on devait « entrer vivant dans le royaume de Dieu… »

Le Roy des montagnes vides

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le-roy-des-montagnes-videsToi, le Roy désespéré,

Regarde en ta chair, océan dévasté,

Et pourtant miraculeux véhicule,

Regarde en ta chair, océan ignoré,

Sous tes montagnes le vide pullule

 

Toi, le Roy désespéré,

Regarde en ta chair, océan ignoré,

Toutes tes unions en fusion périclites,

Sans gloire, sans vision, tu persistes

 

Regarde en ta chair, océan malmené

Si pitoyables, si triste, méprisé

 

Regarde en ta chair, elle recule !

Et pourtant tu sacrifies aux rites,

Avec obstination, aveugle, tu délites

Le Sang et sa Rose, tout bascule

 

Tu crois vivre sans avoir à l’aimer

Tu voudrais, c’est ta bête féroce

Tu es maître du rien, rutilante farce

Tu restes gorgé de mort, mécanique, empaquetée

 

Dehors les montagnes vides s’affairent,

Sombres, menaçantes, ruisselantes du faire

Et tes larmes les bénissent, amantes de l’enfer

Rien sur terre ne te semble survivre aux fers

 

Ah, comme tu te lamentes

Tu te délectes d’ignorance

 

Alors qu’il suffirait de placer ton pied dans la trace

Ainsi deux font la Paix…

…Et ils diront à la montagne du vide : « éloigne-toi ! »

…Et elle s’éloignera !

"... La porte est en dedans ! "
« … La porte est en dedans ! « 

Ode à notre fée tutélaire

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Ode écrite pour les cérémonies de l’Ordre Royal de Mélusine

mélusine1

Mélusine, Mélusine, Mélusine, ton nom de bien des cœurs est la clé

Ta sage ascendance, souvent méconnue, vibre en force et beauté

 

La multitude de tes descendants, par le sang et l’esprit de féérie,

Est une foule qui s’ignore, l’heure est venue d’en révéler l’égérie

Bonnes gens ici présents, vous en êtes l’armée paisible, heureuse à l’envie,

Face au soleil, osez vénérer en notre fée, le sens de toute vie

 

Que les demoiselles bleues dansent sous nos yeux

Elles seules sont dignes d’annoncer la présence

De celle qui, à l’amour, donna la première place

Belle fée, libère le génie du blanc et du bleu des cieux

 

Mélusine, tant aimée, déploie tes ailes protectrices sur notre assemblée

Que l’éternel instant donne l’étincelle du parfait présent retrouvé

 

Sous le regard des maîtres qui, de siècles en siècles, ont maintenu par loyauté,

 

Gervais Tilbury, Jean d’Arras et Couldrette, et André Breton et le grand Hugo,

Tant de héros, fameux ou inconnus

Nous, comme eux, et sans retenue

Levons l’étendard de l’imaginaire et du rêve,

Noble cause, source sublime, qui depuis Eve,

En partage, fait naître le flux,

Des richesses éternelles s’il en fut

 

…Permet nous, Terrible et bouleversante Mélusine, d’accorder nos gestes à tes harmoniques célestes,…

Et que nos âmes épousent enfin ce qui est juste,

Et que les honneurs reviennent à ceux qui ne trompent pas…

Lorsque l’ennemi succombe

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...Alors, seulement, l’ennemi pourra succomber Son animosité vaincue, l’éther libéré, restitué !
…Alors, seulement, l’ennemi pourra succomber
Son animosité vaincue, l’éther libéré, restitué !

La plus grande victoire terrasse le temps,

Et sourit au grand miroir du soleil intérieur

Elle épouse tes larmes et tes joies en torrent

Puissante héritière des diamants sans erreurs

 

La plus grande victoire

Nait du parfait pouvoir

 

Le pouvoir de tous les espoirs

Pouvoir qui nimbe la lance du destin

Pouvoir de qui s’abandonne au festin

Lorsque la main vibre, sans volonté,

Au juste rythme du cœur

Les firmaments, fiers d’aimer,

En offrent la demeure

 

L’Elysée ne s’ouvre qu’en absence des forcenés

Face à la table des cieux nul besoin de masquer,

Ni d’éteindre les désirs, passions souveraines

Les calculs, les pensées mesurées,

N’ont guère plus de places s’il en fut

Car le calice s’y donne à l’élu reconnu

 

Nos mots peuvent alors questionner

Et notre peau au fil du temps

Recueillir l’écume et le vent

Alors, seulement, l’ennemi pourra succomber

Son animosité vaincue, l’éther libéré, restitué

Sous le ciel de Mélusine, la forge de Vulcain !

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[mantra-pullquote align= »left|center|right » textalign= »left|center|right » width= »45% »]vulcain-et-Mélusine[/mantra-pullquote]

 

Il frappe le métal de nos âmes soumises au brasier
Tumultes d’ignorances de nos ivres et fétides passions
Il frappe et explose la gangue, infernal baiser,
Il sépare le juste de l’injuste, au rythme de Sion,
Bercé par Mélusine et ses mélopées attentives, tant aimée
Il frappe, laissant fumantes, inertes, les meurtrières illusions
Hélas, toutes meurtrières de la belle et grande humanité

Il frappe, sans perdre espoir, bientôt s’effaçant le titanesque voile,
Offrira les lumières dorées des Atlantes repenties revenus de l’étoile
Alors s’imposera, de déchirure en déchirure, la gloire de tous les possibles,
Alors du métal blanc absolu et complet, victorieux mais humble,
Naîtra l’épée, par la foudre sublime, héritière d’Excalibur
Par sa puissance, fille de Durandal, par sa vertu créatrice de futurs,
Riche comme celle de Gallaad, lame forgée au soleil salomonien,
Glaive de justice en parfait retour… Spirale de joie !

Frères du temple sacré, brodez vos habits, le temps chemine !

L’encens, le feu, l’eau et la lumière

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Voiles d'images

 

C’est un Souffle saint du présent, sans peur,

Lorsque la lumière n’est plus informe

Messager des mystères cruciformes,

Son feu s’exprime en blancheur,

Claire beauté, volute et volupté,

Onde de vérité, danse de l’aimée

 

Car la vérité ne peut être nue

Nue, elle nous serait invisible

La vérité naît voilée sur nos tables,

Voilée d’images, d’émotions et de flux,

D’archétypes et de symboles,

Pain que l’on partage, digne obole

 

Ainsi les réalités d’en bas se meuvent

En réalité d’en haut

Et les ailes, événements du dehors,

Croisent les ailes, firmament du dedans,

Uni en un même baiser…

 

Vieillir sans plus attendre les signes

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les grands-champs

En original il scrute le journal

Sa barbe blanche témoigne

Il ne cherche plus à lire du sens

La nuée de ces lignes,

Portent le brouhaha des mondes

Piètre effervescence

Rien de plus que l’immonde

 

Les bras du vieil homme fatigués

Limitent le désir

Ses mains encore agrippées,

Aux grandes pages, ruissèlent de trahisons

Mains et bras les tournent

L’esprit reste aux aguets

Nourri de toutes ses prières

Tant éteintes que rallumées

L’esprit reste aux aguets

Ultime espoir, douleur, impossible renoncement

Et le brouhaha, mots imprimés,

Cascades nauséeuses,

Phrases vilaines, politiques invertébrées,

Infâmes valseuses,

Et le brouhaha submergeant, absence,

Simulacre d’esprit,

Paradis gouffres inaccessibles aux jouissances

Sans écho d’amour, sans appétit…

 

Au plus haut des malheurs

Il vieilli dans l’attente des signes

La ré-évolution aura t-elle son heure ?

Il garde les verbes comme des ailes fines

Sur la montagne entourée de vapeurs

Autour du miroir de Mélusine nous étions 12…

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...Il était l’heure de souffler sur les braises et d’appeler à la lumière...
…Il était l’heure de souffler sur les braises et d’appeler à la lumière…
souffle régénérateur, appel au feu du ciel, pour que sa caresse ailée sur nos peaux aille croissante, douce comme la plume du noir corbeau
souffle régénérateur, appel au feu du ciel, pour que sa caresse ailée sur nos peaux aille croissante, douce comme la plume du noir corbeau

Autour du miroir de Mélusine nous étions 12 pour une ronde. Ce fut un 19 janvier lumineux de partage. Je lâchais, pour la 2e fois un poème au creux de la forêt de Chizé, là même où notre fée, et guide des merveilles, fît jaillir un chêne à sept troncs. Il s’agissait, alors pour elle, d’une urgence fatidique. Le chêne à 7 troncs, un Rouvre sacré, fut sa baignoire d’une nuit, car Mélusine, être éternel aux apparences multiples, surprise par la fuite de Phébus et soumise au temps cosmique, se devait à ses libations et mutations et s’étendre en l’éther et renouer, déployant ses membres antédiluviens jaillissant, avec le sens parfait de l’harmonie… Rabelais, évoquant la queue serpentine de la fée Mélusine, cousine du géant Gargantua, utilisa le mot « andouillesque », qui alors commençait à définir bon nombre de saucisses, mais surtout, étymologiquement, tout ce qui passe au travers d’un tube, vortex intestinal, souvent comparé chez notre maître, au ventre rugissant du cosmos… Dont nous sommes les « rejets » terrestres !

Hors donc, pour m’encourager, 12 amis, dont un être de quelques mois tout en promesse et écoute savante, m’accompagnèrent. Merci donc à eux tous d’avoir, par leur présence complice, souhaité bon vent au poème lâché et intitulé « A Mélusine », mots versifiés dédiés à l’être fantastique et néanmoins tutélaire du Poitou-Charentes, gardienne infatigable de la forêt de Chizé.

Merci donc à eux tous d’avoir, par leur présence complice, souhaité bon vent au poème lâché et intitulé « A Mélusine »
Merci donc à eux tous d’avoir, par leur présence complice, souhaité bon vent au poème lâché et intitulé « A Mélusine »

Il était l’heure de souffler sur les braises et d’appeler à la lumière, souffle régénérateur, appel au feu du ciel, pour que sa caresse ailée sur nos peaux aille croissante, douce comme la plume du noir corbeau, souffler sur le temps passé et souffler sur le moulin de l’imaginaire vainqueur qui se nourri du feu du ciel, raviver la mémoire, souffler sur l’étendard de l’amour, redonner l’espoir et la source qui n’est richesse qu’en partage, souffler sur la poussière et griffer le feuillage en décomposition mêlé de boue, et là, retrouver enfin les anciennes fondations, la colonne brisée mais toujours debout !

Les arbres, en salut rituel donnèrent le ton, chacun à ses observations et doutes, et passions, et masques et vertus, s’offrit au lieu, pour que notre clairière fugace  et informelle vibre au juste de sa pertinence. Le miroir de Mélusine, sans lequel rien de la fée ne peut-être vu, diffusa ses étincelles en réponse aux flammes de nos trois feux allumés. A proximité du chêne, flamme noir et blanche, le poème fut lâché et donna lieu à son invocation/lecture.

Tous nous fûmes saisis par la douceur des symboles qui, par vagues vibrantes, couraient dans le ciel, dans le mouvement des branches, en suspension dans les silences, jusque dans nos souvenirs, leur redonnant le sens des origines… Une cohorte d’esprits siffleurs s’arrêta surpris de cette poignée d’humains encore sensibles au subtile qui, sans fard, osent encore jouer à ces jeux gratuits et sans prix, en lesquels réside l’unique et vraie rédemption.

7 ouroboros en danse solaire s’élevèrent des eaux fertiles
7 Ouroboros en danse solaire s’élevèrent des eaux fertiles

Presque visible, 7 Ouroboros en danse solaire s’élevèrent des eaux fertiles du miroir. Mélusine souriait à notre ronde…  Elle chuchota ses paroles en grondement chthoniens, pour beaucoup le message aurait été sibyllin, mais nos âmes vibrèrent en écho, l’imposant secret prît ainsi toute sa place, celui de l’instable immobilité que seul sait voir l’initié ultime, l’instant fragile mais puissant d’espoir, lorsque le mouvement du pendule semble mourir, alors qu’il nourrit l’inversion de sa course. Dans la nuit, la compagnie s’effilocha, en silence, deux guettèrent le dernier trait de l’astre royal, ultime merci !

 Mélusine souriait à notre ronde…  Elle chuchota ses paroles en grondement chtoniens, pour beaucoup le message aurait été sibyllin, mais nos âmes vibrèrent en écho, l’imposant secret prît ainsi toute sa place, celui de l’instable immobilité que seul sait voir l’initié ultime
Mélusine souriait à notre ronde… Elle chuchota ses paroles en grondement chthoniens, pour beaucoup le message aurait été sibyllin, mais nos âmes vibrèrent en écho, l’imposant secret prît ainsi toute sa place, celui de l’instable immobilité que seul sait voir l’initié ultime