Le chant des voyelles hébraïques…

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Quelques clés et propositions pour redécouvrir un Imaginal judéo-chrétien et ouvrir à la recherche dans les pas de Marcel Jousse1.

L’approche et la lecture des textes bibliques, aujourd’hui encore, reste souvent pratiquée sur un mode purement intellectuel. De petits groupes, souvent monastiques, travaillent en associant des temps de méditations à leur pratique exégétique. La technique la plus usitée aujourd’hui, dans les cercles chrétiens, est le lectio Divina, méthode héritée de la mystique juive du PaRdéS2, qui fut interprétée et adaptée par les pères de l’Église chrétienne et divers docteurs de la foi comme saint Benoît de Nursie, le patriarche des moines d’occident. Mais cela reste très en retrait au regard de ce que proposent de trésors les pratiques mystiques des chrétiens d’orient et surtout celles de la tradition hébraïques. Ces dernières disciplines et pratiques nécessitent de connaître un peu de l’hébreu sacré pour faire sens. Leurs sources principales et anciennes se trouvent dans une littérature imposante dite de la mystique du Char céleste (מְֶרכָָּבה / La Merkabah3) et du Palais (Sifrout ha-heikhalot / ספרות ההיכלות), développée dans le sillage du livre d’Ézéchiel. Cette littérature a été interprétée par de nombreux sages, tant juifs que chrétiens et musulmans. De ce fait, les techniques et disciplines fourmillent, des plus simples aux plus complexes, proposant une rencontre puissante avec la Source de toutes vies, par l’intercession du Saint Esprit ( רוח הקודש, ruach ha-kodesh ).

Dans le sillage de divers rabbins du XXe s. comme le rabbin Aryeh Kaplan4 et les compilation de textes comme celles de Marc Alain Ouaknin, ou encore les écrits retrouvés quasi-miraculeusement du rabbin du ghetto de Varsovie : Kalonymus Schapiro5 (1889-1943), les pratiques et mystiques de la traditions juives ont été révélées à un public plus large et des textes plus anciens ont été traduits et réédités. L’enrichissement culturel que chacun peut en tirer est donc de plus en plus accessible. Mais cela n’est réellement agissant que si l’on acquiert un peu d’hébreu biblique. Sans cela, le « cherchant » passera à côté de l’essentiel qui est cet aller retour permanent de l’intellectualité à la contemplation. Un aller retour qui ensemence, l’un et l’autre, l’intellectualité ramenant à la contemplation et inversement. Sans un peu d’hébreu biblique il est impossible d’accéder à ce qui fait le « sens » profond dans la rencontre vécue en contemplation. Utiliser de l’hébreu sans le comprendre, c’est s’exposer au risque de s’enfermer dans des pratiques qui s’apparentent à de l’occultisme ou à de l’idolâtrie.

Faut-il, aussi, que l’apprentissage de l’hébreu sacré ne soit pas seulement fait sur le « mode moderne » des enseignements universitaires, comme généralement pratiqué aujourd’hui. Ces derniers utilisent des méthodes pédagogiques sur le modèle des enseignements des autres langues vernaculaires. L’hébreu sacré n’est pas d’une nation. Il vise a édifier l’Israël mystique. C’est une langue vivante dédiée à la rencontre de Dieu… On ne doit pas pour autant opposer les méthodes (pédagogie traditionnelle mystique et pédagogie moderne), elles sont nécessairement complémentaires. Les sages d’Israël, et bien des docteurs de la foi chrétienne, ont mis l’accent sur le fait que les règles linguistiques de l’hébreu biblique sont les gardiennes de la bonne compréhension du message divin6. Néanmoins, l’enseignement moderne universitaire de l’hébreu biblique, ne déploie pas chez l’enseigné, outre la riche sémiologie du vocabulaire, cette relation à Dieu qui est intrinsèque à l’hébreu sacré et que met au travail les exercices des pratiques mystiques juives traditionnelles et notamment celles du PaRdéS évoquées plus haut. Pour découvrir ces exercices, le travail des voyelles hébraïques est un merveilleux portique, une merveilleuse première approche des puissantes techniques, ouvrant en cohérence à la théophanie judéo-chrétienne et tout particulièrement à la compréhension profonde des textes sacrés fondateurs de nos civilisations.

Il est à noter que la cabale a cristallisé les principales pratiques mystiques pour en proposer des techniques synthétiques, qui relèvent de disciplines particulièrement efficaces. Nous entrerons un peu plus dans le détail de cela plus loin. De même, notons que ces techniques cabalistiques influencèrent bon nombre de mystiques chrétiens catholiques dès la renaissance7. Ceci commence à être connu et accepté au-delà de quelques cercles de spécialistes. Les anathèmes lancés, sans discernement, contre ces techniques cabalistiques et pratiques traditionnelles juives furent trop longtemps l’œuvre d’ignorants ou de pseudo-savants, vrais fanatiques, soumis à cette peur irrationnelle de voir l’œuvre chrétienne délaissée au profit du judaïsme. En cette posture, ces censeurs démontrèrent surtout leur manque de foi et leurs lacunes. Par ailleurs, on ne peut que constater l’influence des techniques et des pratiques mystiques juives traditionnelles et antiques sur les pratiques du même ordre des « pères du désert » (IIIe et IVe siècles), sur la philocalie et l’hésychasme. Pour ne citer qu’un exemple, la technique du repliement sur le nombril, enseignée notamment par Syméon le nouveau théologien (né en 949, mort le 12 mars 1022), est directement en lien avec la « posture prophétique » (Tête entre les jambes) dite du prophète Élie pratiquée par les mystiques juifs et développée dans le Talmud8. N’oublions pas, enfin, que « l’appel du désert », œuvre de retrait du monde pour s’attacher à Dieu, mouvement d’être où l’on expérimente les pratiques et techniques mystiques en singularité et en partage avec ses pairs, est un thème absolument transversal et riche de partages millénaires pour les religions monothéistes.

De la vocalisation méditative à l’interprétation des textes :

La vocalisation des voyelles de l’hébreu biblique et les exercices qui peuvent en découler, font partie des disciplines traditionnelles de la mystique juive et de la cabale qui ouvrent, potentiellement, pour les hébraïsant, à une puissante compréhension des textes. Ces exercices peuvent être pratiqué avec bénéfice par les chrétiens. Par le chant des voyelles hébraïques, le corps est mis à contribution pour une juste invitation à recevoir les dons de ce que nos traditions judéo-chrétiennes nomment le Saint Esprit, en hébreu le ru’aḥ ha-qodesh (רוח הקודש). Ceci n’est pas sans rappeler, les neuf manières de la prière par le corps de saint Dominique9. La pratique de la vocalisation et le chant des voyelles hébraïques proposent diverses approches. La plus essentielle vise à faire résonner (vibrer) les voyelles (O, A, E/È/É, I, OU) en divers points du buste et de la tête. Sous l’influence d’Abraham ben Samuel Aboulafia (né en 1240 – mort probablement peu après 1291), le chant des voyelles fut associé à divers mouvements de tête10.

Exercice « simple » de vocalisation des 5 principales voyelles de l’hébreu

Pour comprendre la valeur mystagogique, philologique et traditionnelle des 5 principales voyelles de l’hébreu sacré, il est bon de retracer quelques éléments basiques de linguistique. Pour l’hébreu biblique, avant les massorètes11, les voyelles ne s’écrivait pas. Ce sont ces derniers qui instituèrent des signes pour que la prononciation hébraïque des textes bibliques puissent rester homogène dans l’ensemble de la diaspora. Les voyelles de l’hébreu, comme pour l’ensemble des langues dites sémitiques, pour la lecture devaient s’imaginer. Un exercice de décryptage du sens de chacun des mots, que l’on déduit du sens potentiel et plus général de la phrase. Il s’agit donc de penser l’invisible, par le visible. Les voyelles des langues sémitique, et plus particulièrement pour les textes sacrés des rouleaux de la Torah exposés dans les synagogues, ont toujours eu cette fonction imaginative du sens que l’on peut dire mystagogique, en lien avec l’invisible, le divin, qui réside au-delà de sa création. Avant les massorètes, l’apprentissage des voyelles passait principalement par un enseignement oral diffusé par les mères, pour leurs enfants. Les mères, souvent par des chants et des mélopées, visant à calmer leur enfant dès la vie intra-utérine, en étaient les premières initiatrices. Ces traditions12 qui ont longtemps survécus au Maghreb occidental restent, aujourd’hui encore, mal étudiées.

Les 22 consonnes de l’hébreu relèvent du visible et du temporel. Au regard de la cosmogonie hébraïque, si elles structurent notre univers, car étant à l’origine de la création, elles ne sont véritablement investies de sens et de puissance divine que par les voyelles qui, elles, relèvent du souffle divin (Esprit Saint) et donc de l’invisible. Le souffle divin donna naissance aux 22 lettres, par lesquelles l’univers fut créé. Le souffle divin qui s’exprime par les voyelles, met en ordre les 22 consonnes qui composent la création13. Les voyelles, invisibles, ineffables, éternelles, animent le visible dans le temporel, miroir dans lequel l’être humain peut percevoir son créateur. Les voyelles dans les langues sémitiques, ne s’écrivant pas, sont ce pont sonore, vibratoire et fluidique, révélant l’immatériel dans le matériel. Dans cette vision mystique, le son des voyelles est le structurant de la matière. Les voyelles sont les outils de la théophanie du langage. Elles ont la puissance de révéler le sens profond de chaque chose, rendant perceptible la présence divine qui y réside. Selon la cabale, ce sont les voyelles qui révèlent le nom de Dieu en chaque particule de la création. Pour ne prendre qu’un exemple, le verset 115 du Bahir14 dit : « Et le cercle15, que désigne-t-il ? Ce sont les points voyelles de la Torah de Moise qui ont tous une forme circulaire ; ils remplissent, dans les consonnes, une fonction semblable à celle de l’âme dans le corps humain, qui cesse de vivre aussitôt que l’âme le quitte et qui ne peut accomplir aucun acte, grand ou petit, sans que l’âme vibre en lui. Il en est de même en ce qui concerne la voyelle. On ne peut pas prononcer une parole quelconque, grande ou petite, sans avoir recours à la voyelle. » Cette théophanie et philologie des voyelles, inscrite aux racines de la linguistique de l’hébreu sacré, a été aussi fortement développée dans les textes du Zohar. Le premier à avoir transmis, par écrit, une pratique récitative mystique s’y rattachant est le Rabbi Abraham Aboulafia (déjà évoqué plus haut), principalement dans son texte : Lumière de l’intellect16, où, aux chapitres 27, 28 et 29, il propose diverses techniques pour faire « tourner » les voyelles sur les noms divins.

La science des voyelles et leur chant sur des gammes pentatonique, est aussi un bien commun du patrimoine universel des cultures du levant. Divers études anthropologiques modernes sur les théophanies des traditions monothéistes, ont mis en évidence des principes que l’on peut reconnaître dans la pratique mystiques du « chant » des voyelles sémitiques. Les pratiques vocaliques des anciens enseignements oraux des voyelles, à mon avis, relèvent de pratiques pédagogiques et initiatiques qui augmentent et complètent celles intégrées à la célèbre nomenclature de « l’Anthropologie du Geste » édifiée par le père jésuite et anthropologue, Marcel Jousse17. La récitation des voyelles, onomatopées non verbalisée, correspondant parfaitement aux pratiques du « mimisme18 » conceptualisées par l’anthropologue. L’inventaire précis de cela reste à faire.

Par ailleurs, on peut voir dans ces pratiques pédagogiques relevant de « l’Anthropologie du Geste », augmentées de celles des mystiques juives liées aux voyelles, un ressourcement judéo-chrétien possible de l’Imago Templi, concept principalement pensé à partir des pratiques soufis du Chi’isme Iranien par Henry Corbin19. Tropisme de Corbin pour l’Islam, qui ne permet pas aux cherchants construits sur des structurants culturels judéo-chrétien, d’accéder aux pratiques de leur propre mouvement civilisationnel. L’omission, notamment, des sources cabalistiques, ou leur sous-dimensionnement, dans le concept de l’Imaginal20 dont procède l’Imago Templi d’Henri Corbin, a suscité un débat scientifique significatif sur l’exhaustivité des éléments mystiques pris en compte. Rappelons que ce brillant esprit du XXe siècle, développa le concept d’Imaginal alors que beaucoup des éléments des traditions mystiques juives étaient mal connues en Europe et que dans les milieux universitaires français, on mettait sous le boisseau bien des éléments de la mystique chrétienne. Boisseaux qui commencent à être soulevé aujourd’hui et bien des trésors sont mis à disposition du plus grand nombre21.

Hors donc, traditionnellement, pour l’hébreu biblique et comme il se pratique encore aujourd’hui avec les rouleaux de la Torah utilisés rituellement dans les synagogues, mais aussi pour la lecture de l’hébreu moderne, les voyelles doivent être « imaginées », par le lecteur pour la compréhension et à fortiori pour la prononciation à haute voix des textes. Ce qui oblige, l’hébraïsant, à une gymnastique mentale constante. Cette gymnastique est d’autant plus aisée qu’elle est apprise dans l’enfance. C’est là où, la technique du chant des voyelles qui consiste à faire résonner les voyelles dans le corps, se révèle un excellent palliatif pour aborder l’hébreu biblique à l’âge adulte.

En guise de conclusion, il me semble intéressant de s’arrêter sur un des enseignements talmudiques qui met tout particulièrement l’accent sur le chant des voyelles, comme outil d’exploration du sens profond des textes. En l’occurence en s’attachant au verset III du chapitre I du Cantique des cantiques :

Les parfums sont suaves à respirer; une huile aromatique
qui se répand, tel est ton nom.
C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.

Dont le texte originel en hébreu est :

לְרֵיחַ שְׁמָנֶיךָ טוֹבִים, שֶׁמֶן תּוּרַק שְׁמֶךָ; עַל-כֵּן, עֲלָמוֹת אֲהֵבוּךָ

Le Talmud de Babylonne, dans son traité Avödah Zarah à XXXV/b, propose un exercice pratique d’interprétation de ce verset par le « Tserouf22 » des voyelles. En voici une traduction (les éléments entre parenthèses sont de mon fait pour faciliter la compréhension) :

Rav Nahman, fils de Rav Ḥisda, a proposé une lecture homilétique d’un verset : « Quelle est la signification de ce qui est écrit (C. des C. : 1:3)  : Tes parfums sont suaves à respirer; une huile aromatique qui se répand, tel est ton nom. C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment. Il s’agit d’une métaphore qui évoque un érudit de la Torah. À quoi est comparable un érudit de la Torah ? À un flacon de pélatine (huile précieuse aux propriétés sacrées). Lorsqu’il transmet ses connaissances, son parfum se diffuse ; lorsqu’il se retire du monde, son parfum ne se diffuse pas.

La Guémara (Étude parfaite) remarque : En outre, quand l’érudit de la Torah diffuse ses connaissances, les secrets qu’il ignorait lui sont révélés, il est dit : «Les jeunes filles (alamot/עֲלָמוֹת) t’aiment» (Cantique des Cantiques 1:3), et l’on peut lire, dans le verset, le mot alamot autrement (avec d’autres voyelles) et c’est alors  : aloumoth (secrets). Ainsi le verset dit : Les secrets t’aiment. Et encore, on peut lire : (toi l’érudit de la Torah) l’ange de la mort t’aime. Car autrement lu (avec d’autres voyelles) le mot alamoth (Les jeunes filles), on peut lire al mavêt (עַל מָוֶת/ange de la mort23). Alors le verset dit : l’Ange de la mort t’aime. Et encore, on peut comprendre que l’érudit de la Torah hérite des deux mondes. L’un est le monde présent (temporel), et l’autre est le Monde à venir (éternel), car on peut prononcer : alamoth (Les jeunes filles) autrement (avec encore d’autres voyelles), ce qui donne olamoth (les Mondes) , on peut donc lire le verset ainsi : Les Mondes t’aiment.

Le Talmud en invitant à prononcer le mot Jeune filles (Hâlamoth / עֲלָמוֹת) avec d’autres voyelles que celles du textes massorétique, permet un approfondissement spirituel qui est objet d’un enseignement. Il est nécessaire que l’on s’y attarde pour prendre la mesure de la richesse de l’exercice du chant des voyelles qui est ici mis en action. La première déclinaison invite à lire Hâloumoth (עֲלוּמוֹת) en remplaçant le « a » de la consonne lamed (ל) par un « ou » en l’occurence écrit (וּ). On comprend donc que le savant des textes sacrés, lorsqu’il partage ses connaissances en découvre d’autres. Ceci est profondément exact, car lorsque l’on formule ce que l’on connait pour un autre que soi et que l’on fait donc l’effort de se faire comprendre de lui, on intègre ce que l’on perçoit de l’autre et inévitablement, plus que formuler, nous reformulons. Dans cet exercice de « reformulation » pour rendre les choses accessibles à l’autre, très souvent, quelque chose d’autre apparaît. Plus encore, ce qui est transmis, entendu profondément par l’autre, va produire chez ce dernier une compréhension à l’aune de sa propre singularité et donc ce qui est perçu, est encore plus que ce qui à été initialement dit. Dans cette perspective d’augmentation de compréhension des textes sacrés, par le partage, la permutation des voyelles suivantes trouve toute son explication. En augmentant notre compréhension de Dieu par le partage de la compréhension des textes sacrés, nous amplifions la présence de Dieu, nos âmes se dilatent d’immortalité. C’est ainsi que l’Ange de la mort24 nous aime, car s’amenuise en nous ce qui est mortel (l’ange de la mort = עַל מָוֶת/al môèt). Enfin dernière permutation, on met dans le mot Jeune filles soit Hâlamoth (עֲלָמוֹת), un « o » à la consonne Ayine (ע), à la place du « a » et l’on obtient : Holâmoth (עוֹלָמוֹת) ce qui permet de lire « les mondes t’aiment ». De fait, au sens biblique, en augmentant l’Immortel en notre être, notre gloire en Dieu augmente dans l’autre monde, celui de l’éternité. Par cela, nous réalisons notre mission terrestre. Réalisation de notre mission, en exerçant notre libre arbitre, ce qui est l’espoir placé en toute vie humaine terrestre par la miséricorde divine. Ainsi le monde temporel et le monde éternel nous aiment


  1. Marcel Jousse est un chercheur en anthropologie et en linguistique. Il est né le 28 juillet 1886 à Beaumont-sur-Sarthe1 et mort le 14 août 1961 à Fresnay-sur-Sarthe. Ordonné prêtre en 1912, il entre en 1913 dans la Compagnie de Jésus. Élève de Marcel Mauss, de Pierre Janet, de Georges Dumas, de Jean-Pierre Rousselot, il côtoya les plus grands savants de son époque qui reconnurent en lui un chercheur exceptionnellement doué. ↩︎
  2. Le PaRDeS ou Pardès ou Pardes (פרדס) est un acrostiche de l’exégèse biblique judaïque. Il fait référence aux quatre approches exégétiques traditionnelles du judaïsme rabbinique, les 4 niveaux d’interprétations possibles dans l’étude de la Torah. Cet acrostiche est composé des lettres initiales de ces différentes approches :
    Pshat (פְּשָׁט), littérale
    Remez (רֶמֶז), allégorique
    Drash (דְּרַשׁ), homilétique
    Sod (סוֹד), mystique
    Dans la tradition de la Kabbale et du Talmud, Le PaRDS, s’apparente au mot « paradis », le « Pardès » désigne le jardin d’Eden, un lieu de la présence divine où l’étudiant de la Bible peut atteindre la béatitude parfaite et une presque complète compréhension de Dieu. ↩︎
  3. Les principaux textes traitant de la mystique de la Merkabah, soit la vision du trône céleste et du char divin, datent des Ve et VIe siècle . Cette littérature semble avoir ses sources dans des traditions orales hébraïques pouvant remonter à plusieurs siècles av. JC. Les textes de la littérature de la Merkabah ont été importés en Europe depuis les centres d’étude de Babylonie via la Grèce, l’Italie et l’Allemagne et ils ont été conservés dans des manuscrits datant du bas Moyen Âge. Ces textes ont fortement influencé la théologie chrétienne. La plupart portent le nom de « livre des Hekhalot » (livre des palais) et contiennent la description des palais et des épreuves que le mystique traverse dans son voyage vers le trône divin. Des mystiques chrétiens d’orient, comme saint Jean Climaque (né vers 579, mort vers 649) et d’occident comme sainte Thérèse d’Avila (née le 28 mars 1515 à Gotarrendura en Vieille-Castille et morte le 4 octobre 1582 à Alba de Tormes) y font référence. Les principaux acteurs juifs de cette littérature sont les tannaïm Yohanan ben Zakkaï, Rabbi Eliezer ben Hyrcanos, Rabbi Akiva, Ishmaël ben Elisha le grand prêtre (le grand-père du tanna Rabbi Ishmaël) et Nehuniah ben ha-Kanah (Talmud de Jérusalem Haguiga 2, Talmud de Babylone Shabbat 80b). Dans son Guide des Egarés, Maïmonide identifie le Ma’asé mercabâ avec ce qu’il tient pour la plus haute des sciences, la métaphysique, comme conduisant à la connaissance de Dieu. ↩︎
  4. Aryeh Kaplan, né le 23 octobre 1934 dans le Bronx à New York et mort le 28 janvier 1983 à Brooklyn dans la même ville, est un rabbin américain orthodoxe, ainsi qu’un penseur et auteur de plus de cinquante livres afférents au judaïsme. Depuis ses essais sur la Torah, le Talmud et la Kabbale jusqu’à ses publications sur la philosophie du judaïsme, il est l’une des figures importantes du mouvement baal teshuva. Sa formation scientifique lui avait valu d’être considéré comme « le jeune physicien le plus prometteur des États-Unis ». ↩︎
  5. Le Rabbi Kalonymus Shapiro (1889-1943), est une figure importante du hassidisme et de la résistance spirituelle au génocide perpétué par l’Allemagne Nazi. Kalonymus Shapiro fut rabbin au ghetto de Varsovie et l’on a retrouvé, conservés dans la terre, ses textes écrits pour essayer de trouver un sens face à cette inconcevable épreuve; mais aussi l’exposé de techniques de méditations et de contemplations inspirées de la cabale. Les éditions originales des textes de Rabbi Kalonymus Shapiro ont paru en hébreu, Ech Qodech (Le Feu saint) en 1960, à Bnéi Machavah Tova (Enfants d’une pensée bonne), en 1989. Plusieurs traductions ont paru en langue anglaise. Le rav Shapiro, aussi connu comme le Piaseczner Rebbe du ghetto de Varsovie, initia notamment la technique de méditation appelée Hashkata (le ‘calme’), en nous invitant à observer nos pensées, dans un processus intégrant la respiration en « trois temps ». Véritable anticipation de la Méditation Pleine Conscience, le rebbe invite à faire grandir en nous, à travers la répétition de mots choisis, les qualités que l’on souhaite incarner. Ses textes sont nourries d’implicites qui ouvrent sur diverses pratiques de prononciation des noms divins. ↩︎
  6. J’invite à lire sur mon site : https://lun-deux.fr/ , le texte que j’ai rédigé synthétisant cette même idée : La linguistique de l’hébreu biblique, un domaine crucial pour la bonne compréhension théologique des textes. ↩︎
  7. Pour baliser sur le plan historique cette affirmation, j’invite le lecteur à prendre connaissance, au moins, de deux choses. La première est l’imposant travail réalisé par le professeur Chaïm Wirszubski (1915-1977) et édité par les éditions de L’ÉCLAT, sous le titre : Pic de la Mirandole et la cabale. Ce livre contient aussi l’article du professeur Gershom Scholem (1897-1982) : Considérations sur l’histoire des début de la cabale chrétienne. La deuxième passe par l’étude de la vie d’un personnage qui est David Drach, beau-fils du Grand Rabbin de France (Emmanuel Deutz), devenu le chevalier Paul-Louis-Bernard Drach (né le 6 mars 1791 à Strasbourg et mort en janvier 1865 à Rome). Ancien rabbin français d’origine alsacienne, cabaliste, converti au catholicisme, il fut bibliothécaire de la Congrégation pour la propagation de la foi à Rome. ↩︎
  8. A ce sujet j’invite à lire « La tête entre les genoux ». Contribution à l’étude d’une posture méditative dans la mystique juive et islamique, du prof. Paul B. Fenton dans la Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuse, Vol.72, 1992/4 p. 413 à 426. ↩︎
  9. J’invite à découvrir sur ce sujet, le livre de la sœur Catherine Aubin (dominicaine) : Priez avec son corps, à la manière de saint dominique, aux éditions CERF. ↩︎
  10. Pratiquant depuis de nombreuses années cette technique, j’invite ceux et celles qui souhaiteraient aborder cela de manière pratique à entrer en contact avec moi (bruno.fou32@gmail.com). ↩︎
  11. Les massorètes (hébreu בעלי המסורה ba’alei hamassora, « maîtres de la tradition ») deviennent les transmetteurs de la Massorah, la tradition de transmission qui se veut fidèle de la forme textuelle de la Bible hébraïque, ainsi que de ses nuances de prononciations et de vocalisations, pratiquées en diverses époques. Il s’est agit, pour les massorètes, de préserver à la fois le souvenir d’anciennes prononciations et significations et d’en unifier la pratique. ↩︎
  12. Pour découvrir les anciennes coutumes éducatives des mères juives, j’invite à découvrir le travail de David Rouach et notamment son livre édité par Maisonneuve & Larose : ‘imma, ou rites et coutumes et croyances chez la femme juive d’Afrique du Nord. De même celui de Haim Zafrani (historien franco-marocain, chargé de recherche au CNRS, né le 10 juin 1922 à Essaouira et mort le 31 mars 2004 à Paris) : Pédagogie Juive en terre d’Islam, aux éditions Adrien Maisonneuve. ↩︎
  13. On trouve des récits « précisant et augmentant » le processus divin de création de l’univers tel qu’on le lit dans la bible (genèse) dans de nombreux textes et notamment dans le Talmud. On retrouve dans les textes fondamentaux de la Kabbale, ce récit où Dieu créé l’univers entier avec les lettres telles qu’elles sont présentées dans la Torah. Divers ouvrages de la tradition juive enseignent que toutes les lettres de l’alphabet hébreu furent présentées à IHWH et qu’il choisit comme point de départ, la deuxième lettre, Beith (ב)qui est la première lettre du premier mot de la Torah –Bereshit – « Au début ». De plus, les diverses combinaisons des lettres (consonne et voyelles) dans toutes leurs permutations se sont manifestées pour participer à la Création de l’univers (Zohar II, 204a). Ainsi dit le Zohar: « Lorsque le Saint, Béni soit-Il, créa le monde, il le fit par le pouvoir secret des lettres » (Zohar IV, 151b). ↩︎
  14. Le Sefer HaBahir (Livre de la Clarté) date de la fin du XIIe siècle de l’ère courante et réinterprète un traité plus ancien, le Sefer Yetsirah (le Livre de la Création). Bahir peut se traduire par « dans la Lumière », mais aussi par « dans la Sérénité. » Ce livre développe un système de mystique juive appuyé sur la notion rabbinique fort ancienne de Shekhina, conçue comme l’Immanence Divine de l’Ineffable et Saint Nom dont la vie intérieure s’organiserait en dix puissances créatrices, les Sefirot énumérées dans le Sefer Yetsirah. ↩︎
  15. Les signes massorétiques (voir note 8) qui permettent de reconnaître les « bonnes » voyelles dans les textes bibliques se présentent sous forme de point, soit des cercles. ↩︎
  16. Lumière de l’intellect (’Or ha-Sekhel אוֹר הַשֶּׂכֶל) ouvrage d’Abraham Aboulafia, a fait l’objet d’une magnifique et prestigieuse publication (2021) par les éditions de l’Éclat, traduit et annoté par Michaël Saban en partenariat avec l’Institut Beit Ha-Zohar, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et de la Fondation du Judaïsme Français. ↩︎
  17. Marcel Jousse (voir aussi la note : 1) est le créateur d’une nomenclature d’études scientifiques du champ pédagogique : l’Anthropologie du Geste. Il s’agit d’étudier le rôle du geste et du rythme, dans les processus de la connaissance, de la mémoire et de l’expression humaine. Cette science vise à opérer une synthèse entre disciplines diverses: psychologie, linguistique, ethnologie, psychiatrie, sciences religieuses et exégétiques, pédagogie profane et sacrée… Les développements de l’Anthropologie du Geste par les neuro-sciences ont remis en exergue les théories de Marcel Jousse, validant des dynamiques cognitives propre aux enseignements mystiques. ↩︎
  18. Au premier rang de ces lois et mécanismes, Jousse place le mimisme , qui est à l’origine de tous les processus de formation de la parole, de la pensée, de l’action logique dans les divers milieux ethniques. Le mimisme est cette force spécifique de l’Anthropos, aussi mystérieuse mais aussi irrécusable et irrépressible que la faim ou la soif, qui fait que l’enfant rejoue spontanément les sons, les mouvements, les « gestes » (ce mot recouvre, chez Jousse, tout ce qui peut être enregistré par les sens) de son univers. ↩︎
  19. Henry Corbin, né le 14 avril 1903 à Paris et mort le 7 octobre 1978 dans cette même ville, est un philosophe, traducteur et orientaliste français. ↩︎
  20. Henry Corbin, né le 14 avril 1903 à Paris et mort le 7 octobre 1978 dans cette même ville, est un philosophe, traducteur et orientaliste français. ↩︎
  21. Dans les milieux catholiques, la difficulté majeure vient de ce qui est appréhendé dans la pensée gnostique au regard de l’hérésiologie. Et c’est un véritable marqueur de la difficulté grandissante qui sépare le sens des mots utilisées dans la catholicité d’une part et le monde universitaire d’autre part. Le mot « gnostique » qui vient souvent qualifier ce type de pratiques, est rattaché, pour les catholiques aux dérives manichéennes et à des systèmes de pensée que l’on pourrait taxer de totalitaire. La pensée gnostique juive historique, comme appréhendée dans les milieux universitaires qui en ont fait l’étude, rejette fondamentalement les dérives manichéennes et dualistes, même si celles-ci s’inspirèrent d’éléments gnostiques. L’amalgame de la vision « hérésiologique catholique » a encore été rappelé par le Pape François en avril 2018 avec beaucoup de virulence, affirmant que « …le gnosticisme ne laisse pas de place à l’incertitude et recherche une illumination intérieure qui fera dire au gnostique : je sais, et non pas : je crois. » Mais ce qu’évoque le Pape, à juste titre sur le fond de sa pensée, est une dérive des doctrines et pratiques regroupées de manière indifférenciées par les hérésiologues sous l’étiquette « gnostiques ». Des dérives comme peuvent en connaître bien d’autres mouvements spirituels et notamment dans la catholicité elle-même. Si l’on reste vigilant à la sagesse traditionnelle Judéo-chrétienne qui invite à border les pratiques par le questionnement permanent (esprit critique et recherche des sources), la références aux pairs (dialectique) et aux pères (par les textes), l’orgueil et les visions totalitaires, ne peuvent que difficilement prendre part au cheminement. ↩︎
  22. Le Tserouf est une méthode interprétative qui invite à permuter, voyelles et consonnes d’un mot ou d’une phrase pour en découvrir le sens profond. Pratiquée dans la culture hébraïque certainement plusieurs siècles avant JC, cette pratique est l’objet d’une imposante littérature et principalement produite par les sages de la cabale (juifs et chrétiens) de l’époque médiévale jusqu’à aujourd’hui. ↩︎
  23. La traduction de « Ange de la mort » du mot hébreu al mavêt (עַל מָוֶת) est généralement évoquée dans les commentaires, littéralement l’expression pourrait se traduire par : Celui qui est sur la mort/ celui qui a la mort en charge. ↩︎
  24. In Jewish tradition and Talmudic teachings, the Angel of Death doesn’t like to give death, in fact it’s a terrible sadness for him… ↩︎

Création d’un groupe de Bibliodrame

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Marie Madelaine

Jeudi 21 novembre 2024
Présentation du projet & séance découverte de 18h-20h30

Participation libre

Info : bruno.fou32@gmail.com

&

Tel 06 48 55 54 79

Le groupe de Bibliodrame sera encadré par une psychologue, psychothérapeute, psychodramatiste et un chrétien hébraïsant (voir la présentation des encadrants à la fin de cette page). Le groupe sera ouvert à tous et utilisera la bible en ses diverses et principales traditions. Chacun pourra venir avec sa bible, cependant, lors des séances sera à disposition (à minima) : la Bible juive dans son édition interlinéaire dite de la « Stuttgart » (éd. Alliance Biblique universelle), la Tob (éd. Biblio-cerf), la Second 21.

Le terme bibliodrame est composé de deux mots : Biblio = Bible, et Drama = action (grec). Le bibliodrame est donc une méthode qui permet de vivre la Bible en mettant en scène les récits et personnages bibliques. C’est une méthode active qui crée du lien entre le texte sacré et la vie de chacun.

Le bibliodrame permet de vivre personnellement et collectivement un court passage biblique. Le texte devenant acte, il invite chacun à se penser soi même en l’interprétant. Dans cette mise en mouvement, il produit la rencontre avec la parole de Dieu. Il s’adresse à l’être humain dans son entièreté, dans toutes ses dimensions : corporelle, spirituelle, psychique et sociale. Il peut être, aussi, un puissant outil pour le dialogue inter-religieux.

AUX RACINES DE LA PRATIQUE

Ce qui est appelé communément « Bibliodrame », bien que sous des formes assez différentes, s’est lentement développé dans divers pays, principalement en Europe du Nord, tant dans les milieux catholiques que protestants. Divers groupes existent aussi dans les milieux juifs. Les premières expériences de ce type en milieu catholique se sont développées rapidement après le « Concile Vatican II ». Cette pratique est inspirée des pratiques thérapeutiques du « Psychodrame », une thérapeutique reconnue par les institutions médicales et hospitalière au niveau mondial et conçue par le psychiatre, psychosociologue et philosophe américain d’origine roumaine, Jacob Levy Moreno (1889-1974). Le Bibliodrame, par ailleurs, trouve ses racines les plus anciennes dans la méthode d’application des « 5 sens », recommandée par saint Bernard et saint Bonaventure. On peut aussi reconnaître la « Composition du Lieu » conçue par saint Ignace de Loyola dans ses Exercices spirituels. La « Composition du Lieu » vise à la contemplation de Dieu par des pratiques pouvant relever de l’art et notamment théâtral. On peut y voir aussi certaines analogies avec les recommandations de Maïmonide dans le « Traité des 8 chapitres » ou encore en diverses exercices de la mystique juive… Ou encore, de ce qui relève de l’ Anthropologie du Geste comme définie par le père Marcel Jousse (1886-1961). Les racines pluri-culturelles du Bibliodrame, permettent d’ouvrir cette pratique à toute personne ayant un intérêt pour la culture judéo-chrétienne.

Nous présentons ici un module basé sur une pratique régulière de trois heures tous les mois. Mais cette pratique peut-aussi être adaptée pour des journées entières, ou des week end. La question des rythmes et du mode des pratiques sera à définir avec le groupe de pratiquants

CADRE DE LA PRATIQUE :

Les séances sont ouvertes à tous ayant un intérêt pour les traditions judéo-chrétiennes et bibliques.

Le groupe cultivera activement la bienveillance envers les singularités pour libérer la parole et passer du « dit » au « dire ». Chacun pouvant ainsi renforcer et épanouir ce qui lui fait source.

Les temps de séances durent environ 3 heures (pratique)

Le groupe sera composé (outre les encadrants) de 10 participants maximum.

Il sera proposé une séance découverte (participation libre) qui débutera la saison de pratiques. La prochaine étant celle du 21 novembre de 18h-20h à la Maison Hilaire : 36 boulevard Anatole France 86000 Poitiers

La participation financière individuelle aux séances (1 séance = trois heure) serait fixée à 45 € par personne et par séance. Ceci est à titre indicatif. Le module de pratiques s’adaptera, au mieux, au groupe. Nous pourrions aussi penser des rendez-vous se déroulant sur 48h ET en fin de semaine… Une participation sociale sera proposée au cas par cas. Pour les demie-journées, des journées, ou des WE, les formules restent donc à étudier avec le groupe et les « lieux accueillants ».

DÉROULEMENT D’UNE SÉANCE (basique) :

Échauffement : Nous proposerons divers outils, respiration en trois temps, posture dite d’Élie (debout on se replie sur soit-même en expirant), accueil dans ses bras de l’enfant messie…

Le choix du texte se fera en fonction des propositions des participants. Ce choix pourra être accompagné par le « Dictionnaire des Noms Propres de la Bible » (Odelain et Séguineau éd. Cerf), mis à disposition lors des séances. Nous regarderons ensemble les versets bibliques retenus, puis nous en ferons une lecture. Nous réfléchirons et ferons alors un choix collectif d’une scène.

Il sera fait une nouvelle lecture du texte suivi d’un petit temps de méditation personnelle à partir des questions suivantes : qu’est ce qui vous touche dans cette scène ? Qu’est-ce qui capte votre intérêt ? Quels rôles vous semblent importants ?

Chacun choisit alors un personnage avec lequel il se sent une affinité dans la scène (le groupe, le cas échéant pourra être divisé en deux). Les encadrants veilleront à la juste participation de chacun, selon les élans et les désirs, et ceci au fil des séances. Il est important de comprendre que le rôle de témoin dans la scène est aussi agissant. Ainsi tout le groupe est debout et présent lorsque le passage biblique est joué.

Puis on passera à la mise en scène du texte choisi : installation spatiale, géographique de la scène et des personnages dans la salle. Nous pratiquerons l’Interview des personnages afin de permettre à tous de s’identifier à son rôle (cette pratique vient du Psychodrame). Enfin nous jouerons la scène.

Nous passerons alors à un temps de partage. Chacun raconte alors ce qui s’est passé pour lui, en tant que personnage (ou l’objet, ou le témoin…) incarné dans la scène.

Nous pratiquerons alors un temps dit de « dérolage » : Il s’agit d’une pratique typique du psychodrame où chacun quitte symboliquement son personnage, ceci pouvant se faire en mimant quelqu’un qui s’époussète du rôle qu’il vient de jouer. Ce « dérolage » permet de revenir pleinement à soi.

Nous reviendrons alors au verset joué. Chacun pourra exprimer ce que cela a fait bouger dans sa compréhension du texte et libre à chacun d’exprimer là où il a été touché personnellement par la scène.

À la fin de la séance, nous prendrons un moment de recueillement individuel, prière silencieuse. Il sera possible de partager aux autres ce qu’il a été mis, individuellement en prière.

QUI SOMMES-NOUS ?

Florence Jacopé-Fouchereau née en 1971. Elle a une double licence : de sociologie et de psychologie. Elle est psychologue, psychothérapeute, psychodramatiste certifiée par l’IFREAP (Institut Français de Recherche et d’Application du Psychodrame). Son mémoire de certification porte sur la « concrétisation », c’est à dire le fait de rendre visible l’invisible, de montrer plutôt que de parler. Elle exerce en libéral à Melle (79) et anime des groupes de psychodrame réguliers. Ancienne directrice d’accueil collectif de mineurs, et famille d’accueil, elle a acquis une expertise en gestion et dynamique de groupe.

Bruno Jacopé-Fouchereau, né en 1963, poète, auteur, ancien grand reporter. Il étudia les grands mouvements religieux et leurs implications dans la géopolitique des grandes puissances. Collaborateur à Charlie-Hebdo, le Monde Diplomatique, Paris-Match, VSD, TF1, France 2, Canal +,… Auteur de cinq essais, il se consacre aujourd’hui à l’étude des principes et systèmes de «l’Imaginal» en rapport avec l’épanouissement social et individuel par la spiritualité des traditions judéo-chrétiennes. Hébraïsant, il transmet un certain nombre de techniques reçues d’une famille de marranes. Ces techniques singulières de « gestualisation de l’hébreu biblique » s’apparentent à l’anthropologie du geste (Marcel Jousse), et en permettent un apprentissage méditatif puissant.

Contact : bruno.fou32@gmail.com / Tel 06 48 55 54 79

Sortie du livre : « L’Union des souffles »

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« L’Union des souffles », le dernier livre de Bruno Jacopé-Fouchereau sera disponible à partir du 12 octobre 2024 au prix de 18 euros. Une parution aux Éditions Unicité, Collection Poètes francophones planétaires, sous la direction de Pablo Poblète.

Couv et 4e
Disponible dès le 12 octobre

Le livre peut-être pré-commandé chez l’auteur qui vous dédicacera son livre. L’envoi des commandes se fera à la mi-octobre (sup. courrier suivi : 6,90€). Les livres peuvent être retirés chez l’auteur paiement sur place sur RdV : 06 48 55 54 79 .

VOICI UN LIEN POUR COMMANDER : https://www.paypal.com/ncp/payment/FY6BP8RMX4HRC

« L’UNION DES SOUFFLES » ou Le mystère hébraïque des Ailes de Mélusine…

Au centre du livre L’Union des Souffles vibre le mystère des ailes de la Fée Mélusine. Ce mystère se révèle à la lumière de son hébraïsation, racines de la chrétienté. Beaucoup de l’espoir surréaliste puisait là…

Pour découvrir ces merveilles promises, terre de tous les espoirs, Bruno Jacopé-Fouchereau nous entraine de Barcelone à Clisson en Bretagne, aux terres angevines berceau de Lancelot, puis de Jérusalem à Prague…

En ces Hauts-Lieux il « déposa » ses poèmes pour mieux entendre la source de toutes vies et interroger son Nom. L’Union des Souffles, avant d’être un recueil de poésies et de proses mystiques, est un témoignage concret d’une certaine pratique de l’Imaginal judéo-chrétien.

L’élan civilisateur d’Occident se morfond, ce type de pratiques peut être une fontaine de jouvence. Par cela nos racines se revitalisent, c’est notre seule chance d’échapper à la confusion, cause de toutes les violences… Mais tout doit se faire en rythmes et rendez-vous, en métaphorisations et créativités… En cela, la pierre de Jacob nous offre sa mémoire pour tisser de nouveaux cieux. La joie, l’authentique liberté, la sortie de l’esclavage, tout y est offert ! Ce recueil en est un manifeste. Rappelons-le, de Prague à Barcelone, en passant par les terres bretonnes, aux racines du Lupin poitevin, sans oublier Jérusalem, ce recueil invite aux-rendez-vous des merveilles, aux rythmes sacrés et pourtant séculiers, séculiers de tous temps. Rythmes sans lesquels notre présent est vain. Mélusine n’oubliait jamais son temps de Sabbath où elle plongeait en l’eau d’intelligence, mikvé purificatrice, bain de « surréalité », contemplation fluidique du non-manifesté, l’indicible, véritable structure du réel…

C’est ainsi, seulement et par ce rythme de retrouvailles, que la réalité commune se parle, que la cohérence se donne… Enfin la pierre trouve sa bouche et son langage est chant d’oiseau !

L’auteur :

Bruno Jacopé-Fouchereau, né en 1963, s’affirme en un mouvement d’être inspiré des légendes du Poitou. Pour lui,Mélusine est une grande tante, et Gargantua un cousin bien-veillant. Poète, auteur, mythologiste, hébraïsant, ancien grand reporter et spécialiste des organisations criminelles, terroristes, sectaires et totalitaires. Il étudia les grands mouvements religieux et leurs implications dans la géopolitique des grandes puissances. Collaborateur à Charlie-Hebdo, Le Monde Diplomatique, Paris-Match, VSD, TF1, France 2, Canal +,… Auteur de cinq essais, il se consacre aujourd’hui à l’étude des principes et systèmes de « l’Imaginal » en rapport avec l’épanouissement social et individuel par la spiritualité des traditions et mythologies judéo-chrétiennes. Hébraïsant, iltransmet un certain nombre de techniques reçues d’une famille de Marranes installées enBretagne au XVIIIe siècle. Ces techniques singulières de « gestualisation » de l’hébreu biblique s’apparentent à l’anthropologie du geste (télécharger un PDF), un concept établit par Marcel Jousse. Ces techniques, ont aussi une forte analogie avec celles de l’Hésychasme. Elles permettent un apprentissage méditatif puissant.

Conférence : Jésus ou le Messianisme à la lumière de la Torah !

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Le talmudiste Hervé Élie Bokobza évoquera divers aspects de son denier livre.

Samedi 14 septembre 2024 à 15h

Temple de Celles-Sur-Belle 79370

PARTICIPATION LIBRE
Son livre éponyme du titre de la conférence sera en vente

 » Le Jésus » d’Hervé Élie Bokobza, loin d’opposer judaïsme et christianisme, montre en quoi le fils de Marie peut constituer un pont de dialogue entre les deux fois qui, telles les deux femmes de la sculpture de Joshua Koffman, s’écoutent et se parlent en fraternité. « 
Rabbin Philippe Haddad

 » Hervé Élie Bokobza permet indubitablement à des chrétiens de mieux comprendre Jésus et son enseignement. Si ce livre, le fruit d’une longue recherche, contribue à ce que des juifs comprennent mieux qui était Jésus et ce qu’il a voulu vivre et faire, il aura rempli sa tâche. « 
Marc Rastoin SJ

Informations sur le conférencier et son livre :

06 48 55 54 79

Hervé Élie Bokobza est né en 1967 à Boulogne-Billancourt. Après une formation supérieure talmudique et rabbinique en France et aux États-Unis, il a publié quatre ouvrages en hébreu consacrés au Talmud et aux Sages d’Israël, ouvrages salués par les plus hautes autorités religieuses juives.

Il est enseignant et conférencier à Paris auprès de plusieurs centres d’études juives, chrétiennes et universitaires. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages en français et en hébreu.

Voici une vidéo où Hervé Élie s’exprime sur son livre :

Le Baal Shem-Tov et l’Aleph-Beith

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Une anecdote de la vie du Baal Shem-Tov(1), évoquant la « centralité » de l’Aleph-Beith, ces 22 consonnes sacrées, vivifiées en leur nom par leurs voyelles…

Plein du désir de Dieu, si l’on n’a que les noms des 22 consonnes (donc vivifiées de leurs voyelles), grâce à elles on peut-être sauvé. Cette idée que l’Aleph-Beith est Longanime, chemin d’amour et de charité, et à l’origine même de la création par la puissance divine, est un thème récurrent de la mystique et spiritualité juive… On pourrait même dire fondatrice, et ceci on ne peut plus concrètement, de l‘élan civilisateur hébraïque qui perdure depuis plusieurs millénaires. Une puissance symbolique que l’on peut parfaitement voir à l’œuvre dans les récits historiques et mytho-historiques s’attachant à la résurrection d’Israël, à sa rédemption… Ce qui est aussi une nourriture spirituelle extrêmement précieuse pour les chrétiens, car elle s’inscrit aux racines de l’idée même de rédemption, qui se réalise non-pas par la honte, mais par la puissance du verbe, capacité à dire, un amour infini, inconditionnel et originel !

Voici donc un récit qui en porte la substance et met en scène l’extraordinairement et merveilleux rabbi, le Baal Shem-Tov. Cette légende suit les grandes lignes du récit qu’en fit Élie Wiesel dans son livre : « Célébration Hassidique », on trouvera divers apports que me confia un très jeune Rabbin de 72 ans à Prague. Je donnerais prochainement un autre récit évoquant la même substance, qui lui, met en scène le rabbin Juda Lœw ben Bezalel(2) dit le MaHaRaL (hébreu : מהר »ל pour Morenou HaRav Lœw, notre maître le rabbin Lœw).

Ce jour-là, plus qu’un autre, le Rabbi Israël Baal Shem-Tov, célèbre pour ses pouvoirs sur le ciel et la terre, débordant de grâces, chercha une nouvelle une fois, un peu comme le fit Abraham pour Sodome et Gomorrhe, à forcer la main du Créateur.

Brûlant d’impatience, il avait déjà essayé, à plusieurs reprises, de mettre fin aux épreuves de l’exil, aux souffrances et persécutions subies par Israël. Mais cette fois, il était sur le point de réussir. La porte s’ouvrait, le Messie allait surgir et consoler les enfants et les vieillards qui l’attendaient, qui n’attendaient que lui. La dispersion n’avait que trop duré, le peuple étincelle de Dieu trop épars, tout Israël, allait se rassembler dans la joie.

Scandalisé, fou de sa colère qu’il chérissait pourtant, Satan courut protester devant Dieu. Sans honte, il invoqua la loi — qu’il qualifiait sans rougir d’immuable. Arguant de l’histoire de la création, du bon sens et surtout de la Justice: « Mais de quoi ce rabbin se mêle-t-il ? Serait-ce à lui qu’il revient de juger le monde ? Et de savoir si l’humanité mérite déjà la délivrance? Avez-vous renoncer à votre trône ?… » Dieu fronça des sourcils… Satan continua sur le même registre : « L’avènement messianique ne peut se réaliser que lorsque certaines conditions seront réunies… Je vous le demande, le sont-elles ? » Dieu qui ne peut-être que justice et qui se souvenait aussi de la dernière visite de satan à sa cour où ce dernier vint en vain pour confondre job, s’en remis au bien-fondé de cet étrange plaidoyer.

Dieu fit proclamer que l’humanité n’était pas encore mûre pour accueillir son sauveur. Et pour avoir osé bousculer l’ordre de la création, il fit condamner Israël Baal Shem-Tov par ses anges. La pauvre Rabbi et son fidèle compagnon et scribe le rav Tzvi-Hersh Soïfer, furent tout deux transportés instantanément sur une ile au milieu des océans, lopin de sable et de forêts sauvages, inconnue de tous, lieu terrible, infesté de démons.

Le rav Tzvi-Hersh Soïfer n’arrivait pas à consoler son Maître. Accablé, abattu le
rabbi répétait en boucle : « … Impossible…J’en suis incapable…Je ne sais plus me faire obéir. » Le rav posa la main sur l’épaule de son maître : « Mais vos connaissances secrètes, vos Yikhudim, vos dons divins? Qu’en est-il advenu, Rabbi ? » « Disparus ! », dit le Maître et soupirant : « Évanouis… Tout mon savoir été effacé… Je ne me souviens de rien ! » Entendant ces paroles, le rav Tzvi-Hersh Soïfer senti son sang se figer. Il prit sa tête entre ses mains et tomba à genou en pleurant… Le Baal Shem-Tov voyant son compagnon s’effondrer, en éprouva un déchirement. Il fallait revenir à l’action ! Il fit s’assoir le scribe sur un gros rocher couvert de mousse : « … Et toi mon fidèle ami, tu as tant pris de moi, peut-être pourrais tu me redonner, ne serait-ce que quelques miettes du savoir… Une prière peut-être, un midrash… Une parabole pourrait peut-être suffire ! »
Le rab Tzvi-Hersh fondît à nouveau en larmes. Il avait tout oublié lui aussi. Tous deux étaient désormais des hommes sans mémoire.  » Tu ne te rappelles rien? s’écria le Baal-Shem-Tov presque en colère. Vraiment rien ?  » Entre deux sanglots le pauvre scribe marmonnait : « rien, non, rien, vraiment rien ! Dans ma mémoire il n’y a qu’une nuée obscure… Non je ne sais plus rien… Rien, rabbi…. Sauf… » La Baal Shem-Tov redressa son scribe prostré d’une main vigoureuse : « … sauf quoi?  »  « …L’aleph-beith… » Dit presque bêtement le rav Tzvi-Hersh Soïfer. « Alors, qu’attends-tu ? Commence ! Vite ! » Ordonna le rabbi… Le scribe, ne sachant pas désobéir à son maître, se mit à réciter péniblement, chaque lettre,. Elles lui étaient presque douloureuse. Les muscles de sa bouche refusaient de lui obéir. Au début, elles ne vinrent que difformes, étranges, à peine reconnaissables. Mais les lettres sacrées qui contiennent tous les mystères de l’univers, bientôt firent leur office de libération et résonnèrent dans l’air : « Aleph, beith, guimmel, daleth… » Le Baal Shem-Tov ivre de joie, répéta après lui :  » Aleph, beith, guimmel, daleth… » Et ils recommencèrent, encore et encore, depuis le début jusqu’à la fin… Et de la fin au début… Et du milieu vers la fin et le début… Le Baal-Shem déclamait l’alphabet avec tant de ferveur qu’il finit par tomber en extase. Lorsque le Baal-Shem était en extase, tout lui était possible, nombreux sont ceux qui en témoignent. Mais cette fois ce fut un peu différent. Il avait tellement bien placé les pas de son âme dans ceux de Dieu, que Dieu l’exauça avant même qu’il ne formula sa demande. La condamnation fut annulée, les anges révoquèrent la malédiction. Le Maitre et le scribe se retrouvèrent dans leur Yechiva, apparaissant du vide devant les élèves éberlués. Ils étaient sains et saufs, plus riches et plus nostalgiques qu’avant. Le Messie ne viendrait pas aujourd’hui, mais demain, peut-être…

1 : Rabbi Israël ben Eliezer (רבי ישראל בן אליעזר), né le 25 août 1698 et mort le 22 mai 1760 en Pologne, appelé le « Baal Shem Tov » (litt. Maître du Bon Nom) ou le Besht הבעש »ט par acronyme, est un rabbin, fondateur du hassidisme, courant mystique du judaïsme.
Le Baal Shem Tov est né seulement cinquante ans après les pogroms des cosaques de Khmelnytsky qui en 1648 ont ravagé les communautés juives d’Europe orientale. 100 000 Juifs sont massacrés dans toute l’Ukraine et certaines communautés sont entièrement anéanties2. C’est une époque qui suit l’avènement des faux messies Sabbataï Tsevi et Jacob Frank3. Pour aider son peuple à surmonter ces épreuves physiques et morales, et inspiré par les enseignements cabbalistiques du rabbin Isaac Louria, le Baal Chem Tov prône la joie populaire contre l’austérité et l’élitisme des autorités religieuses de son temps.

2 : Juda Lœw ben Bezalel (hébreu : רבי יהודה ליווא בן בצלאל Rabbi Yehouda Levaï ben Betzalel, var. Löw, Lœwe, Löwe) dit le Maharal (hébreu : מהר »ל pour Morenou HaRav Lœw, notre maître le rabbin Lœw) est un rabbin, talmudiste, mystique et philosophe du XVIe siècle, associé à la ville de Prague (1512, 1520 ou 1525 –17 septembre 1609, Prague).
Né environ vingt ans après l’expulsion des Juifs de la péninsule ibérique et la découverte des Amériques, il est l’auteur d’une œuvre abondante touchant à la plupart des domaines intellectuels de la vie juive, par laquelle il effectue le passage de la pensée juive médiévale à celle de la renaissance. Il se distingue en outre par une connaissance des sciences profanes de son temps, dont l’astronomie et les mathématiques. Familier de l’empereur Rodolphe II, il fait l’objet de nombreuses histoires et légendes dont la plus connue, apparue ou popularisée au XIXe siècle, lui attribue la création du Golem.

La contemplation : une connaissance infusée par l’Esprit-Saint

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Pour retrouver le sens profond et authentique du mot « contemplation », souvent galvaudé et banalisé, il est nécessaire de se tourner (aussi !) vers les écrits médiévaux, riches d’un savoir millénaire. En particulier, les réflexions de Saint Thomas d’Aquin, à la fin du XIIIe siècle, nous éclairent sur la nature et les fruits de cette expérience spirituelle si particulière.

Citant Richard de Saint-Victor, Saint Thomas d’Aquin définit la contemplation comme « le pénétrant et libre regard de l’esprit sur les choses qu’il regarde« , la distinguant ainsi de la méditation, qui est « le regard de l’esprit en quête de vérité« . La contemplation n’est pas une simple réflexion intellectuelle, mais une connaissance infusée par l’Esprit-Saint, une expérience directe et intime de Dieu. C’est ce qui la rend unique et précieuse, la plaçant au-dessus de toutes les autres formes de connaissance de Dieu.

Cette union contemplative avec Dieu procure une intimité si profonde qu’elle permet à l’âme d’être appelée « amie de Dieu » et de pénétrer « les secrets de Dieu ». Saint Dominique, comme le soulignent les textes, a lui-même expérimenté cette contemplation intérieure, réservée aux amis de Dieu.

Le rôle de l’Esprit-Saint : lumière et amour

L’Esprit-Saint joue un rôle central dans la contemplation. Il est la cause immédiate de cette connaissance infuse, agissant directement sur l’âme qui devient, en quelque sorte, « possédée par Dieu ». Sans cette intervention divine, il serait impossible d’accéder à une connaissance affective et expérimentale de Dieu.

L’action de l’Esprit-Saint se manifeste de deux manières :

Une lumière est infusée dans l’intelligence, illuminant l’esprit et lui permettant de comprendre les mystères divins.

Un amour est infusé par grâce opérante dans la volonté, embrasant le cœur et attirant l’âme vers Dieu.

C’est d’abord l’amour de Dieu qui est perçu, puis par cet amour que Dieu est connu comme aimé et présent. L’amour devient ainsi un moyen de connaissance, car c’est dans l’amour que l’intelligence expérimente Dieu. Il est important de noter que cette expérience n’est pas un acte de la volonté, mais un acte de l’intelligence, éclairée par le Saint-Esprit.

Révélation des secrets de Dieu et prédication audacieuse

Outre les dons qu’elle procure, la contemplation, selon Saint Thomas, permet de connaître affectivement les secrets du cœur de Jésus. En s’appuyant sur les paroles du Christ : « Je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père » (Jn 15, 15), Saint Thomas souligne que les « amis ne forment qu’un cœur et qu’une âme » et que « Dieu nous fait participer à sa sagesse en nous révélant ses secrets ».

Plus l’homme aspire à saisir les secrets de la Sagesse divine, écrit Saint Thomas, plus il doit se rapprocher de Jésus, car ses secrets sont révélés à ceux qui sont unis à Dieu par l’amour.

C’est pourquoi il est impossible à celui qui reçoit ce don de le garder pour lui. Le saint accueille de cette contemplation le « pouvoir audacieux d’une ardente prédication ».

Contempler pour prêcher

Saint Dominique, dans sa contemplation, atteint une intimité particulière avec le Christ présent dans les Écritures. C’est dans cette source jaillissante qu’il puise la richesse et la profondeur de sa prédication. Comme le disait Grégoire le Grand : « Dans la contemplation ils puisent ce que par la suite ils répandent dans la prédication, non seulement par le moyen de la doctrine, mais même par le moyen de la contemplation on a de quoi prêcher abondamment. »

La contemplation, telle que décrite par Saint Thomas d’Aquin et illustrée par la vie de Saint Dominique, est une expérience spirituelle d’une richesse inestimable. Elle permet à l’âme d’entrer en union intime avec Dieu, de connaître ses secrets et de puiser en lui la force et la lumière pour le prêcher au monde. Loin d’être une simple pratique pieuse, la contemplation est une source de vie, de transformation et de mission pour le chrétien.

Contemplation: A Knowledge Infused by the Holy Spirit

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To rediscover the profound and authentic meaning of the word « contemplation, » often diluted and trivialized, it is necessary to turn to the writings of the great spiritual traditions, rich in millennia-old knowledge. In particular, the reflections of Saint Thomas Aquinas, at the end of the 13th century, shed light on the nature and fruits of this unique spiritual experience.

Citing Richard of Saint Victor, Saint Thomas Aquinas defines contemplation as « the penetrating and free gaze of the mind on the things it looks at, » thus distinguishing it from meditation, which is « the gaze of the mind in search of truth. » Contemplation is not merely intellectual reflection, but a knowledge infused by the Holy Spirit, a direct and intimate experience of God. This is what makes it unique and precious, placing it above all other forms of knowledge of God.

This contemplative union with God brings about an intimacy so deep that it allows the soul to be called « friend of God » and to penetrate « the secrets of God. » Saint Dominic, as the texts emphasize, himself experienced this interior contemplation, reserved for the friends of God.

The Role of the Holy Spirit: Light and Love

The Holy Spirit plays a central role in contemplation. It is the immediate cause of this infused knowledge, acting directly on the soul, which becomes, in a way, « possessed by God. » Without this divine intervention, it would be impossible to access an affective and experiential knowledge of God.

The action of the Holy Spirit manifests itself in two ways:

  • A light is infused into the intellect, illuminating the mind and enabling it to understand divine mysteries.
  • A love is infused by grace operating in the will, inflaming the heart and drawing the soul to God.

It is first the love of God that is perceived, and then through this love that God is known as loved and present. Love thus becomes a means of knowledge, for it is in love that the intellect experiences God. It is important to note that this experience is not an act of the will, but an act of the intellect, enlightened by the Holy Spirit.

Revelation of God’s Secrets and Bold Preaching

In addition to the gifts it bestows, contemplation, according to Saint Thomas, allows one to know affectively the secrets of Jesus’ heart. Drawing on the words of Christ: « I have called you my friends, because I have made known to you everything that I have heard from my Father » (Jn 15:15), Saint Thomas emphasizes that « friends form only one heart and one soul » and that « God makes us participate in his wisdom by revealing his secrets to us. »

The more man aspires to grasp the secrets of divine Wisdom, writes Saint Thomas, the more he must draw near to Jesus, for his secrets are revealed to those who are united to God by love.

This is why it is impossible for one who receives this gift to keep it to himself. The saint welcomes from this contemplation the « bold power of ardent preaching. »

Contemplating to Preach

Saint Dominic, in his contemplation, attains a particular intimacy with Christ present in the Scriptures. It is from this wellspring that he draws the richness and depth of his preaching. As Gregory the Great said: « In contemplation they draw what they later pour out in preaching, not only by means of doctrine, but even by means of contemplation one has much to preach about. »

Contemplation, as described by Saint Thomas Aquinas and illustrated by the life of Saint Dominic, is a spiritual experience of inestimable richness. It allows the soul to enter into intimate union with God, to know his secrets, and to draw from him the strength and light to preach him to the world. Far from being a simple pious practice, contemplation is a source of life, transformation, and mission for the Christian.

Groupe de paroles « deuil » et groupe « hébraïsation »

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Lundi 25 mars 2024, alors que les rameaux viennent d’entrer en nos familles

Bonjour à tous,
`
Pour faciliter le désir de plusieurs personnes de participer au groupe de parole sur la mort et le deuil, nous changeons la date de RDV. Ce sera tous les 2e mardi de chaque mois à 15h

« LA MORT ET APRÈS… »
Prochains RdV : 9 avril / 14 mai / 11 juin À la « Maisonnée de l’abbatiale » :
1, rue Belle-Face 79370 Celles sur Belle.
Participation : 25 euros/pers.
Le « tarif » de la séance sera absolument adapté aux besoins et capacités de chacun.
Groupe limité à 8 personnes.
Boissons et petits gâteaux offerts.

Le Groupe d’étude biblique d’hébraïsation des textes se réunit comme prévu (deuxième mercredis de chaque mois) le mercredi 10 avril à 17h
À la « Maisonnée de l’abbatiale » : 1, rue Belle-Face 79370 Celles sur Belle.

Le thème retenu par le groupe est la construction de « l’Arche de Noé » Gen. 6; 14 à 16.

En étudiant les particularités hébraïques du mot arche/תֵּבָה (tebah) – Strong 08392 et les autres mots qui lui sont associés dans le texte, nous découvrirons comment il est question de la fonction libératrice du langage et du Verbe… et notamment, comment le langage/verbe est libérateur de la « violence »

Le passage biblique en interlinéaire Hebreu/français de l’édition de la Biblia Hébraica Stuttgartensia, éditée par l’Alliance Biblique Universelle, est transmis à toute personne désirant partager ce temps d’étude.

Bruno Jacopé-Fouchereau
06 48 55 54 79

Une transmission singulière…

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Mon expérience des 22 lettres et de l’hébreu sacré, est celle d’une transmission singulière, chemin d’élévation spirituelle, accessible à tous. Une expérience qui régénère l’identité de chacun, aux racines de sa propre cohérence avec Dieu, un cheminement de réconciliation avec la source de toute vie. La pratique que je propose débute par la vocalisation des 5 principales voyelles de l’hébreu et une gestualisation (anthropologie du gesteMarcel Jousse) pour marquer les consonnes en notre corps, là où tout commence, là où le dialogue avec la puissance divine est possible. Il s’agit d’un rapport a l’hébreu sacré qui, loin des raccourcis, révèle en intelligence et sagesse le nom Divin en nous, concrètement et en conscience. Étape nécessaire à la lecture féconde des textes, pour percevoir ce qui fait « figure » et donc fait la « parole parlante » comme Maurice Merleau-Ponty le soutenait.

Lorsque je suis entré en recherche pour remettre ma « chrétienté » au centre de ma vie, il y a plus d’une trentaine d’années, la bible fut mon principal outil et mon ouverture aux rencontres savantes, ma doctrine. Très vite l’hébreu sacré s’est imposé, en douceur, comme une nécessité amoureuse. Mon écriture se tourna vers la poésie. Je fis diverses rencontres de sages chrétiens, notamment au monastère de Simono Petra au Mont Athos et rabbiniques à Prague et à Barcelone… L’une de mes étapes se fit en Bretagne, à Paimpont, après avoir visité la cellule de Mère Yvonne-Aimée au monastère des Augustines de Malestroit (56). Monsieur Salomon (aujourd’hui DCD), qui portait ce nom en référence au dernier roi des celtes et saint breton, me fit découvrir le Sepher Yetsirah… Un texte fondateur de la cabale. À ce texte je ne compris rien, ou presque ! Cet homme trouva cela de bon augure et se dévoila à moi. Il était le descendant, par sa mère, d’une famille de marranes, donc de juifs christianisés de force au Portugal au XVe siècle. Vivant en secret pendant des générations leur judaïté, cette famille rejoignit la Bretagne au XIXe siècle. Monsieur Salomon, lui-même cabaliste, m’enseigna une technique, relativement rudimentaire, d’apprentissage de l’hébreu sacré… Une technique faisant appel à des pratiques mystiques hébraïques classiques qui peuvent faire penser à du Yoga, et mises au service de l’apprentissage de l’hébreu. Une pratique prodigieusement efficace. Ce sont ces techniques que je transmets aujourd’hui, après avoir fait tout un parcours pour les enrichir de ma compréhension.

Ce que je transmets, à mon tour, ne fera pas de vous de parfaits linguistes de l’hébreu biblique et sacré, mais grâce à cette méthode, assez rapidement, vous pourrez acquérir suffisamment de connaissances pour dialoguer avec les Textes, et surtout faire une place concrète à la puissance divine dans vos vies.

Ce qui me fascine le plus, et m’encourage à transmettre, c’est que ceux et celles qui cheminent avec cette pratique, se relient profondément aux racines spirituelles qui les constituent en singularité. Ceux d’origines catholiques retrouvent souvent le sens de cela en leur vie, de même pour les protestants ou les orthodoxes. Ceux qui ne se définissent pas dans une religion précise vivent une expérience concrète et spirituelle, d’autres retrouvent le chemin de la synagogue…

Pour plus d’informations :

bruno.fou32@gmail.com

Tel : 06 48 55 54 79

Lettre de la Maisonnée de l’Abbatiale

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Bonjour à toutes et à tous,

En espérant vous trouver en bonne santé et en joie, voici quelques nouvelles des propositions de « La Maisonnée de l’Abbatiale » :

Le groupe de parole « La mort et après… » :
Il se réunit toujours le 2e jeudi de chaque mois de 18h30 à 20h au : 1, rue Belle-Face, 79370 Celles-Sur-Belle. Nous sommes 6 participants. Il reste donc deux places.

Le RdV d’hébraïsation :
Samedi dernier, un petit groupe de  7 personnes s’est réuni en notre maisonnée pour étudier la possibilité de créer un rdv mensuel d’hébraïsation bibliques et la venue du talmudiste et auteur Hervé Élie BOKOBZA (Jésus ou le messianisme à la lumière de la Torah, éd: Paroles et Silence).

A ce propos, l’idée de faire venir ce conférencier en septembre a été retenue. Diverses associations et groupes confessionnels judéo-chrétiens des Deux-Sèvres et de Charentes Maritime ont manifesté leur intérêt et en informeront (au moins) leur réseau.

Pour le RdV d’hébraïsation, chacun a pu préciser ses attentes. La question de l’hébraïsation a été posée, car ouvrant sur bien des pratiques possibles. L’idée est d’avancer pas à pas, et d’accueillir chacun là où il en est. Le souhait est d’apporter des perspectives bibliques qui font sens dans nos quotidiens, en renouvelant notre regard sur les textes. Nous nous arrêterons donc, en choisissant un verset biblique, sur un mot, pour en augmenter le sens par sa sémiologie hébraïque. J’assumerai un travail préparatoire pour le partager. Mais chacun est invité à cheminer avec le verset choisi. Aucune connaissance spécifique de l’hébreu ne sera nécessaire pour cet exercice, mais ceux qui en ont, pourront nous aider à entrer, par le débat, plus en profondeur dans cette pratique, et cela serait précieux.

Le RdV d’hébraïsation sera le 2e mercredi de chaque mois à 17h. Nous nous retrouverons dans notre maisonnée : 1, rue Belle-Face, 79370 Celles-Sur-Belle. (Tél :  06 48 55 54 79)

Prochain RDV : le mercredi 13 mars à 17h.
Sujet :  les Géants dans Genèse 6,4
venez avec votre bible !

Voici quelques éléments pour préparer notre temps d’étude, et permettre à nos pairs, prêtres, pasteurs et savants de nos différentes communautés, qui ne pourraient être présents, de nous transmettre suggestions et questionnements.

Le sujet choisi par le groupe pour notre rendez-vous du mercredi 13 mars à 17h est celui d’une étrangeté fantastique. Les « géants » sont évoqués en plusieurs passages de la Bible. Nous nous arrêterons plus particulièrement sur Genèse 6,4. En ce verset, ils sont nommés sous le vocable hébreu :  נָפִיל (nephiyl) – Strong 05303.

Les récits bibliques de ces êtres fantastiques ensemencèrent l’imaginaire de Rabelais, d’Anatole France et  de bien d’autres. Il est à noter que la nature de ces géants, présentée avec peu de mots dans les textes bibliques, est une invitation à interprétations. Leur présence pourtant systématique dans les textes canoniques des diverses traditions judéo-chrétiennes, nous invite à interroger, aussi, d’autres textes, dont certains sont nommés dans la bible. Des textes très anciens, parfois disparus, mais considérés comme porteurs de sagesse et reconnus comme saints par les sages et savants juifs, mais aussi par divers pères des églises chrétiennes.

Nous pourrons alors, sommairement, faire un parallèle inattendu avec l’encyclique du Pape François sur l’écologie : Laudato si’. Mais aussi, pour les protestants avec La Déclaration de Barmen (1934), ou La Charte de la Terre (1982), ou encore avec Le Pacte de Lausanne (2011)… De même pour les orthodoxes avec : La Déclaration de Thessalonique (1998), ou le Message de Chambésy (2012). Nous retrouverons les racines théologiques de cela dans le Bal tash’hit (hébreu : בל תשחית « ne détruis pas »), principe spirituel de la religion juive inspiré, notamment, par le Midrash Bereshit Rabba 8:1 : « Rabbi Yossi bar Hanina dit : ‘Dieu n’a pas donné la terre à l’homme pour la détruire, mais pour la cultiver et la garder.’

Ces perspectives sont données à titre d’exemples. Chacun peut les enrichir de ses propres lumières, rien n’est petit en cela.

En fraternité

Bruno Jacopé-Fouchereau
https://www.facebook.com/bruno.fouchereau/
1, rue Belle-Face
79370 Celles S/Belle
06 48 55 54 79