Antimaçonnisme, une glaciation de la pensée…

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Réaction à deux livres qui souhaiteraient en finir avec la « question » et semblent oublier que seule « la question » est importante !

La lactation de saint Bernard, offre à méditer, sur le plan mythologique, Beaucoup de ce formidable dialogue des traditions et des religions, flux spirituels constitutifs de notre rapport à la transcendance comme œuvre civilisatrice.

L’ouvrage du Professeur J.-C. Lozach’meur : « De la Gnose au Graal », que certains ont découvert lors de différentes journées de conférences organisées par le C.E.N.A.[1], est effectivement fort érudit et fort utile. Il est aussi particulièrement sollicitant en ce qu’il active d’arrières plans philologiques, métaphysiques et de même (j’ose !) au sens que peuvent donner certains aux perspectives post-modernes et herméneutiques de l’eschatologie apocalyptique (ouf !)… C’est donc un ouvrage qui doit éveiller fortement notre esprit analytique et critique ! Ceci est d’autant plus à prendre au sérieux que le très érudit Professeur J.-C. Lozach’meur est l’auteur d’un second ouvrage, sorti plus récemment, qui en découle directement : « Les origines occultistes de la franc-maçonnerie »[2]. Du fait du cheminement particulier de la pensée qui est exposée en ces deux livres, ils doivent être considérés comme indissociables, tellement le premier semble autoriser le propos du second.

Le modus operandi utilisé exclu l’adaptabilité des schémas structurants de la pensée à travers les périodes historiques de l’humanité…

Tant je rejoins, en certains points, l’analyse métahistorique et anthropologique de ces deux livres, d’autres points, très nombreux, me semblent contraires à ce que j’appréhende du réel de par mes propres recherches[3]. Précisément, les perspectives offertes par le Pr JC Lozach’meur semblent cruellement manquer, dans leur panel d’éléments comparés, de certaines traditions et de certaines mythologies pourtant cruciales au regard du propos. Les choix du Pr JC Lozach’meur impliquent une vision dualiste de l’histoire et organisent sa pensée pour justifier une idéologie. Cette posture idéologique alimente tellement l’effort intellectuel de l’auteur qu’il finit, mécaniquement, par la cristalliser et la mettre en relief, croyant faire une « découverte » que je me permets de résumer ainsi : « Les traditions et les sources des religions peuvent être segmenter comme des espèces animales et génétiquement incompatible. En révéler leurs « bornes»  et définir leurs ensembles, permet d’identifier les forces spirituelles maléfiques ou bénéfiques qui les inspirent »… Et pour le professeur, les forces spirituelles bénéfiques sont bien évidemment celles qui sont à « l’œuvre » dans la religion catholique. Cette vision de la réalité produit plus une idéologie douteuse, qu’un schéma scientifique tendant à rendre compte du réel. Qui plus est, le modus operandi utilisé exclu l’adaptabilité des schémas structurants de la pensée à travers les périodes historiques de l’humanité avant et après J.C., et détruit la valeur de perfectionnement et de ce fait du possible choix du juste comportement. Je m’explique :

Une dialectique civilisatrice et spirituelle qui vise d’une manière générale à penser notre rapport à l’altérité.

Sur le plan des données non prises en compte par le Pr JC Lozach’meur, je pense tout particulièrement à ce que l’archéologie biblique et l’anthropologie comparative ont dévoilé des interactivités constantes entre traditions dites Abrahamiques et traditions dites Indo-européennes. Le « bornage » de ces deux (au moins) « courants  de traditions » apparaissant, aux yeux de leurs réalités intrinsèques, comme de pures repères plaqués artificiellement sur une matière complexe et ne correspondent à aucune réelle dichotomie précise permettant de les différencier tant les continuelles reformulations en ces traditions ont été en interactions multiples, sur le plan philosophique, mythologique, spirituel, mais aussi des représentations symboliques[4]… Pour faire dans la caricature, si l’on peut borner des différences idéologiques, mystiques et théologiques, entre l’enseignement Christique, et celui d’Apollonius de Tyane, de même entre celui Mahométan et celui du Mytraisme, ou celui du Thalmude et des esséniens… Le bornage qui définirait les traditions indo-européennes et les « autres » comme des citadelles  de pensées relève du non-sens ! Nul ne peut plus ignorer leurs intenses dialogues et les humanistes y discernent une dialectique de l’effort civilisateur, qui n’est pas comme semble l’affirmer le Pr J.-C. L., ontologiquement opposée à la transcendance. Il en va ainsi d’une certaine dialectique de la conception de la transcendance qui est une dialectique civilisatrice, notamment pour ce qui est de définir comme un « mal » l’inceste, le suicide rituel, les sacrifices humains, les sacrifices d’animaux, l’esclave… Une dialectique civilisatrice et spirituelle qui vise d’une manière générale à penser notre rapport à l’altérité.

…au regard de leur influence constante depuis la haute antiquité, il relève de l’erreur que d’ignorer l’apport du Zoroastrisme authentique…

Il me semble aussi que le panel des traditions utilisés par Pr J.-C. L., et notamment dans leurs aspects mystagogiques et philologiques, souffre de certains manques. Soumis au concept dualiste fondamental qui l’anime, disséquant seulement une certaine partie du fleuve de l’imaginaire mythologique et de la symbolique

Égalité – Athéna

des jumeaux et des tri-jumeaux, de leurs luttes contre la tyrannie et le retour de la justice, le Pr JC Lozach’meur est conduit à croire qu’il constate l’existence d’une lutte mythologiquement personnifiée à travers les siècles, pour la suprématie d’un Dieu sur un autre… Je n’évoquerais pas immédiatement les sources bibliques (A.T) écartées et qui pourtant alimentent aussi l’Imaginaire Arthurien dont il est principalement question. En premier lieu, il me semble nécessaire de souligner qu’au regard de leur influence constante depuis la haute antiquité, il relève de l’erreur que d’ignorer l’apport du Zoroastrisme authentique. Ceci du fait de sa particulière modulation du mythe des jumeaux, et de ce qui est pensé dans les Gathas, notamment de ce qui nourri l’idée de tyrannie. Précisément, il y a là une matière mytho-philosophique qui est la source même de l’obsolescence du manichéisme et des visions dualistes[5]… Il en va de même, dans ce creuset civilisateur, des apports de la philosophie de Zarathoustra et de ceux des courants Abrahamiques, Mosaïques et même Talmudiques. Ainsi fait, par le Pr J.-C. L. qui les écarte, c’est ignorer l’entremêlement perpétuel, la vivification et les combats dialectiques et leur complexité, leurs instrumentalisations parfois paradoxales sur le plan politique, les oublis et les effacements,… tout un magma source de merveilles, mais aussi de meurtrissures, et qu’aucun esprit solitaire ne peut penser… J’insiste sur un point important de ce questionnement : Comment ignorer aujourd’hui la « parenté » entre Abraham et Zarathoustra que l’on donne (mytho-historiquement) comme des quasi-contemporains… de même l’influence, aujourd’hui très documentée, du Zoroastrisme et des Gathas sur le Talmud de Babylone, de même du Mitraïsme sur le Christianisme, du culte d’Isis sur le culte de la Vierge Marie… et donc, tout ce dialogue mythologique entre l’orient et l’occident, des royaumes du nord et des empires du sud, ce magnifique effort de la pensée humaine, fortement identifié par la linguistique, l’anthropologie, l’histoire, l’architecture, la musicologie… Et la gastronomie !
En n’ouvrant qu’au « rayon » de la tradition biblique, rappelons que Hiram, l’architecte du temple de Salomon, est un « fils de veuve » (1er Livre des Rois, 7.14). De même, la maison de David, cette lignée dont naquit Salomon et le Christ,  est fondée par la veuve Noémie (Livre de Ruth), via Ruth sa belle fille, elle même Moabite, et ceci en se mariant à Booz qui est ainsi son sauveur/vengeur contre le « destin », en pratiquant l’acte de l’ancestrale loi du « G’aal » (לאב). Rappelons encore que le rêve, l’espoir de Dieu (utopie) de la grande Jérusalem, trahi par son propre peuple, est comparé à une veuve qu’il faudra venger (lamentations de Jérémie 1-Aleph). Les jumeaux, Jacob et Esaü, arrière petit fils de Booz et Noémie, offrent aussi une perspective du mythe particulièrement intéressante… De même la blessure de Jacob, qui en fait un Roi Méhaigné (…et sans terre !)…  et encore, le rôle de Joseph, fils de Jacob, qui organise sciemment l’asservissement du peuple de Jacob/Israël au joug du tyran Pharaon (Gen. 47.13)…

Il y a là, selon les époques, des télescopages, des inversions de valeurs symboliques, des « changement de camp » de corpus idéologiques, ésotériques et religieux

Il me semble que les éléments écartés/omis dans l’étude comparative du Pr J.-C. L. ont aussi ceci de particulier qu’ils manifestent certaines ambitions philosophiques et spirituelles, dont le principal apport est d’offrir des systèmes de pensées ouverts. Ils font références pour certains au livre perdu, pour d’autres au livre pour toujours incomplet, le fait que Moïse n’a pas tout transmis dans la Thora,… que l’ignorance du fils de la veuve fait aussi sa force, que d’un roi juste peut aussi naître un tyran et inversement ! Que, peut-être, la tyrannie véritable nait d’une posture dangereuse qui vise à l’épuisement définitif du sens, cette pensée définitive et folle qui, sans parfois le savoir, détruit le paradoxe spirituellement nourricier de la trace (présence/absence) et vise donc à détruire la possibilité même de transcendance, alors que souvent cet effort (fou de lui-même) prétend en être le (seul) garant. Mes remarques, qui demandent à être approfondies, sur les éléments écartés par le Pr J.-C. L., éclairent aussi la juste ambition prophylactique du Pr J.-C. L. et révèlent… son paradoxe ! Le très érudit Pr JC Lozach’meur serait-il un chasseur de dragon devenu dragon à force de les combattre ? La pensée du Pr J.-C. L. me semble, aussi, beaucoup « se mécaniser » dans l’utilisation qu’il fait de son étude comparative, lorsqu’il ne prend pas en considération ce qui constituait culturellement et socialement la façon d’être des humains en prise avec les symboles, mythes et légendes, ordres initiatiques et religieux, aux diverses époques évoquées. Ceci reste donc à intégrer, si l’on veut être dans l’ambition d’une approche plus historique des faits… Et plus encore, de ce que les systèmes sociaux dominants, de ces différentes époques, placent et placèrent d’individus ivres de leur toute puissance déshumanisée et donc œuvrant avec plus ou moins de facilité aux pratiques tyranniques de leur temps. Il y a là, selon les époques, des télescopages, des inversions de valeurs symboliques, des « changement de camp » de corpus idéologiques, ésotériques et religieux, qui sont bien loin d’être pris en compte. En conséquence, la mécanique sous-jacente de cet ouvrage, bien que proposant des matériaux forts érudits et utiles, ouvre sur une pensée scientiste que je trouve inquiétante. Face à un tel effort de pensée, il faut se rappeler le sage adage des Midrash : « Dieu a crée l’univers et les hommes les religions… »

Liberté – Isis

Voilà donc ce qui à mon goût pose question dans l’approche du Pr JC Lozach’meur et de ce fait pré-oriente de manière très précise son approche comparative. Il faut bien noter que sa démarche tend à dévoiler que des « missions métapolitiques » auraient été données, de manière absolue et définitive, à certaines mythologies/mystagogies et ceci jusque dans leurs substrats. Ce qui implique que « ces missions » auraient été entretenues de siècle en siècle par certains (?) et ceux-là même proposeraient, depuis toujours, un plan de subversion de l’humanité visant à sa destruction… Le lieu commandant aujourd’hui à cette subversion serait la Franc-Maçonnerie et là nous touchons presque à la dimension pathologique d’un système de pensée.

Malgré ce que je viens d’évoquer à grands traits, je crois que nous ne devons pas faire l’économie d’analyser plus précisément la critique faite de la Franc-maçonnerie par le Pr J.-C. L. et penser cela en raison, car nul ne peut douter qu’il y a bel et bien quelque chose de pourri au royaume de Danemark !

Si l’argumentation qui le conduit à concevoir le monde sur un mode dualiste (… et c’est un paradoxe !) souffre d’une « certaine faiblesse » d’approche systémique, ne pas faire l’effort d’une analyse complète me semble dangereux. Une réponse construite est nécessaire à l’antimaçonnisme croissant. La pensée du Pr J.-C. L. participe à un « mouvement social » qui place de terribles « rails » intellectuels que pourraient utiliser les furieuses machines du « passage à l’acte ». Seule une analyse critique de certaines fonctions sociales de la Franc-Maçonnerie et des reproches qui peuvent lui être fait permettra qu’une trop grande foule ne rejoigne et donne force aux menaces socio-psycho-dramatiques et violentes du type de celles mises en évidence par René Girard[6].

Comment certaines pratiques maçonniques pourraient-être un facteur participant ou non à ce phénomène aux aspects sociétaux complexes, cela peut sembler « intéressant » de le comprendre…

Qui pourrait soutenir, en rationalité, que les déviances maçonniques évoquées le Pr J.-C. L., du moins dans leurs occurrences très contemporaines, n’ont pas une part de réalité ?… Au moins, dans cette vision de la nature humaine foncièrement matérialiste et/ou Janseniste qui alimentent fortement l’idéologie de la mondialisation actuelle et l’idolâtrie du libéralisme économique ? Une idolâtrie contemporaine qui tend à dissoudre la morale en politique dans ce qu’elle a de plus philosophique et civilisateur au bénéfice d’un être humain auquel on ne concède qu’un but existentiel, le contentement de ses pulsions perçues comme une mécanique informatique hautement complexe mais quantifiable. Comment certaines pratiques maçonniques pourraient-être un facteur participant ou non à ce phénomène aux aspects sociétaux complexes, cela peut sembler « intéressant » de le comprendre… Voire même de définir où ce type d’organisations initiatiques interagit… et pourrait, pourquoi pas ( ?), chercher à contrecarrer les interactions néfastes et contraire à la pensée humaniste qui est la norme universelle de toute réelle fraternité !

Voici une piste que je perçois… et c’est là que je vous propose un autre « paradoxe signifiant », véritable « étrangeté familière » ! Car il y a, pour moi, une analogie « surprenante » entre les errances de pensées formulées par le Pr J.-C. L. et la relation que de nombreux cercles maçonniques semblent entretenir avec la « matière maçonnique ». Il me semble qu’il s’agit du même défaut d’approche systémique. Ce n’est pour l’instant qu’un sentiment documenté, plus qu’un constat abouti. Je l’offre ici en débat. Cela concerne précisément les pratiques actuelles de la catéchèse maçonnique qui prend si peu en compte la différence socio-culturelles des femmes et des hommes du 21e siècle, avec celles du même ordre des individus qui, aux 17e et 18e siècle, pratiquaient la FM, et plus encore avec ceux qui conçurent pour une bonne part les rituels qui sont, aujourd’hui encore, utilisés. Sur ce point, notamment, les recherches et les archives sur/du « Club de l’Entresol », le travail et les recherches sur les personnalités qui composaient l’Ordre des Chevaliers Élus[7] (cercle maçonnique initié par les Stuart et creuset des hauts grades/1720)… démontrent à quel point ceux et celles qui participèrent à l’élan mystagogique et à la conceptualisation des rituels (toujours utilisés aujourd’hui), étaient des individus hautement édifiés aux connaissances alors disponibles en anthropologie religieuse, en histoire du christianisme (AT & NT) et en théologie, ainsi qu’aux 7 arts libéraux… De ce fait, ceux qui pratiquaient les rituels maçonniques au 18e siècle, se connectaient immédiatement à ce qu’ils voyaient sur le « tapis de loge » et les « décors » grâce à leur culture foncièrement constituée de connaissances bibliques et théologiques. Le corpus religieux catholique, absolument dominant, était la base structurante de tout enseignement diffusé à cette époque, le protestantisme y avait fait quelques « brèches » plus ou moins importantes selon les pays, en l’occurrence cela n’apportait que des divergences peu signifiantes pour l’approche maçonnique. Les écoles sous influence protestante offraient en tout premier lieu, elles aussi, un rigoureux enseignement théologique d’essence judéo-chrétienne.

La dynamique maçonnique à visiblement été conçue pour étancher, en tout premier lieu, une soif de transcendance que la pensée tyrannique de la religion dominante d’alors rendait impossible…

De ce fait, les impétrants aux cercles maçonniques se découvraient en « synchronicité » intellectuelle et spirituelle avec les symboles et récits mythologiques qui leur étaient présentés. Ceci était d’autant plus puissant que le cheminement critique intellectuel et métaphysique des impétrants avait été important vis a vis de sa propre formation culturelle souvent ressentie comme oppressante. La dynamique maçonnique à visiblement été conçue pour étancher, en tout premier lieu, une soif de transcendance que la pensée tyrannique de la religion dominante d’alors rendait impossible à exprimer, car figée par une catholicité dogmatique et hautement meurtrière. N’oublions pas que la violence politique du catholicisme s’est fortement radicalisée de la renaissance jusqu’au siècle des lumières… Ce n’est que le rapport de force (vengeur) qui l’a fait « choir » de sa toute puissance fanatique. Les rituels maçonniques portent un élan particulier et salvateur en cela qu’ils permettent à l’esprit en quête de transcendance de se penser en une dynamique de liberté acquise par la pratique d’une discipline (ouverte) qui s’appuie sur les symboles et la mystagogie judéo-chrétienne, du moins, en ce qu’ils contiennent de meilleur au regard des initiateurs et concepteurs successifs desdits rituels.

Il y a eu un important transfert du pouvoir d’élévation dans les grades vers le moins connaissant…

Les humains du 21e siècle sont culturellement et sociologiquement constitués d’une toute autre matière. De nombreuses fois, j’ai été surpris, lors de mes échanges avec des maîtres francs-maçons, de constater que ces derniers ignoraient les références bibliques précises de Jakin et Booz, presque aucun n’avaient ouvert le « Livre de Ruth » et très peu les « livres des rois »… de même pour ce qui est des dimensions des colonnes dont la découvertes des « mesures complètes » offrent à l’impétrant l’enseignement une « méthode » opérative et un système de décodage que bien des francs-maçons aujourd’hui ignorent…  Ainsi, le système maçonnique (tradition judéo-chrétienne et déiste, voir spirituel) s’est relativement « mécanisé ». Il y a eu un important transfert du pouvoir d’élévation dans les grades vers le moins connaissant. La pratique d’élévation est majoritairement passé d’un système réellement initiatique, permettant l’accès méthodique à la transcendance, à une hiérarchie répétant le mode profane d’un système administratif (un peu érudit) réduit à la simple pratique d’un règlement intérieur qui se présente ainsi : « …on est apprenti alors on fait deux planches, au bout d’un an on devient compagnon… on passe par trois fonctions d’officier et l’on devient vénérable… ce qui ouvre l’accès aux grades supérieurs… » Un règlement intérieur (non-dit !) qui se relativise selon les cercles, les obédiences et le nombre des membres, mais semble accepté de manière très générale. Ceci prive beaucoup des merveilles ouvrant à la transcendance que l’on peut réellement découvrir en maçonnerie. Elles ne sont accessibles que si l’on plonge réellement dans ses sources initiatiques judéo-chrétiennes…

Cette corruption du système initiatique de la franc-maçonnerie est sans

Cérès – Fraternité

doute l’une des bases dynamiques de certaines dérives et scandales qui émaillent tristement l’édifice social de ce type d’organisation.

L’approche du Pr J.-C. L. biaisé par un ressentiment trop évident contre une « modernité » perçu comme ennemi de la catholicité, nous invite tout de même à appréhender une certaine réalité. Cela peut même nous inciter à repenser collectivement la fonction fondamentale de la franc-maçonnerie…

Notre époque souffre d’une folle soif de transcendance, folle, car il existe une forte occultation de la nature même de cette soif et des sources de merveilles transcendantes pouvant la satisfaire. Nous le savons bien, cette occultation s’opère par la structuration socio-économique contemporaine dont l’une des dynamiques fondamentales est l’hyperconsommation qui, parodiant la transcendance, substitue l’Être par l’Avoir. Cette substitution est génératrice de folie. La soif de transcendance en devient inextinguible et rend quasiment impossible toutes pensées définissant le bien et le mal. En réponse à cette anéantissement en cours de la dynamique civilisatrice, l’univers symbolique et l’imaginaire maçonnique recèlent des trésors comme peu d’organisations spirituelles en disposent.

Il semble urgent de rendre à nouveau accessible les Merveilles… C’est sans doute le meilleur remède aux sombres prophéties de l’abomination.

[1] Voir : http://www.cena12.fr/home
[2] Cet ouvrage, diffusé plus discrètement, n’a été découvert que tardivement par les membres du CENA, qui ont alors pris leur distance avec le pourtant très érudit Pr. JC Lozach’meur.
[3] Des échanges récents avec l’auteur sur des matériaux historiques particuliers comme le livre de Ballymotte et mes recherches de poète (donc forcément contestables car subjectives et capricieuses) sur le(s) « templarisme(s) maçonnique(s) » et les hauts grades, le très particulier « club de l’Entresol » (1723-1738), les lettres nombres, la Cabale et l’Imaginaire Arthurien, m’ont ouverts à divers questionnements critiques sur la « vision » du Pr JC Lozach’meur.
[4] Les représentations du Sârâph (שרף) véhiculé et interprété d’une tradition à l’autre, notamment dans les traditions Egyptienne, Chaldéenne, juive et chrétienne, forment un ensemble iconographique qui offre une perspective particulièrement significative.
[5] Voir a ce sujet : http://www.albin-michel.fr/Les-Gathas-EAN=9782226220479
[6] Voir : http://www.rene-girard.fr/
[7] Voir le document : http://sog2.free.fr/802/Documents.Rituels/30/1750-%20sublime_chevalier_elu.htm#_Toc172291757

 

La lumière exaltée et les 32 chemins

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Mes gestes prononcés et sonores, de Barcelone à Brocéliande, puis à Parthenay, me révèlent un lieu du Mellois (79)

7 portes de lumières...En Parthenay, la 3e boucle de ma quête qui lia déjà Barcelone à Brocéliande, s’est manifestée sous la forme de 7 portes lumineuses suite au « lâcher » de mon poème Lamed. C’est en cela ma rencontre avec les promesses du livre 7 fois scellé… Une promesse faite à tous ! Les 7 portes lumineuses qui sont venues danser, aimantes et caressantes, en pure synchronicité , aussi naturelles que célestes, révèlent tous les possibles.

Le moment chemine en chacun, là est la victoire du temps créé, rythme de nos vies divines, comme le prophète Asaph l’affirme (Ps.82:6). Le temps, inexorablement, décompose la nature complexe de nos écheveaux d’être, matière brute, matière à décomposer, donc, par la philosophie, à décomposer encore par la spiritualité… Nécessairement à décomposer pour être saisie en contemplation. Rien n’est à retrancher ! Nous sommes libre de tisser notre royauté…

Les justes mots, les sons vibrants nés de l’émotion du cœur aimant et aussi reconnaissant, tous invoquant les 10 et les 22, ouvrent les 32 chemins… Les justes mots donc, s’ils sont prononcés en un lieu érigé de pierres taillées, disposés en connaissance de la science, gloires sans limite des Kérubins, par leurs résonances font s’entrouvrir les portes de la demeure éternelle. Ainsi, un instant, elles offrent une image/reflet. C’est là un visible de la lumière exaltée. Et cela ne fait que passer, car elle ne peut s’échouer ici. Chacun peut l’apercevoir en pratiquant ses propres exercices, toujours voilé, mais l’apercevoir quand même. Je l’affirme, car je l’ai fait, cette œuvre est juste, accessible, simple… C’est la promesse de tous les miracles, l’offrande partagée !Le Zygodactile dans la lumière...

Cette caresse du voile de la lumière exaltée se manifesta à mon âme, en l’aven de la Saint-Jean d’hiver, que nous vivons de l’année 2016. Cette caresse est aussi une belle promesse, elle prît la forme de 7 portes lumineuses sur les 5 piliers et les 2 arcs du chœur vibrant, en cette église que l’on dit bâtie par Mélusine. Magnifique église, Haut-lieu du Poitou, qui permît, entre autres, l’inspiration à Aymeri Picaud pour son très particulier guide des pèlerins, ceux qui marchent pour Saint-Jacques-de-Compostelle. Cette puissante église qui fît résonance à la caresse sublime et me permît d’entrevoir le parfait séjour, est celle de Saint-Pierre de Parthenay-le-Vieux. Il est tellement vrai qu’en cette église, la voie lactée trouve son miroir !5 sur les pilliers, 2 dans le chœur...

Ce fut une confirmation du geste juste et une invitation à la persévérance poétique, unique espoir de l’indispensable partage, bavardage essentiel d’une futilité féroce.

La trajectoire du réel, que mon verbe rencontre, gouverne mes tâtonnements de ses échos en le non-manifesté. C’est une aventure dont je crois devoir rendre compte :

L’enseignement de la juste poésie que j’essaye de suivre, mes « lâchers de poésie », ces gestes gratuits, sont une sorte de dialogues intimes avec le vivant. Je pratique cela depuis plus de 4 ans. Ces dialogues sont nés d’un élan merveilleux redonné à mon écriture. Un élan merveilleux, reçu grâce aux évangiles gnostiques de la bibliothèque de Nag Hamadi. Ce sont eux qui rallumèrent en mon âme le désir de poésie. Ainsi j’ai posé mes questions et l’ange s’est approché pour que je le saisisse. L’intensité  vint crescendo. Gestes dans la lumière, être/Eon rouge saluant l’effort, aile frappant mon oreille, Mélusine serpentine se manifestant toute en Or dans l’ombre de la nuit…

Puis de nouveaux outils me furent donnés, il y a 15 mois, en Espagne…

A quelques pas de la plus anciennes synagogues d’Europe (4e siècle), alors que le 15 août venait, nous déambulions sur la place Saint-Philipe-Néri, dans le Gothic de Barcelone, un chêne en forme de Shin libéra le vert et le rouge. Un poème, que j’écrivit dans la nuit et inspiré par ce Haut Lieu, intitulé « Lorsque l’ennemi succombe », dès le lendemain en devint le passager momentané. Mes lignes versifiées, posées avec des larmes de bougies votives, furent accueillies par l’esprit du Lieu. Sa grande tendresse ne cesse de m’honorer. Ce dialogue, que je pressentais comme une ode à la réconciliation, ouvrait et je l’ignorais en l’instant et ne le découvris que plus tard, mon rapport à la lumière exalté et au Tétramorphe.

Le lendemain, le marché aux puces de cette même ville fut mon fleuve Chobar, et sur cette rive vint à moi une série d’objets qui m’enjoignaient d’apprendre à reconnaître l’Aleph/Beth et me conseillaient de parcourir avec sagesse et intelligence, dans les deux sens, les Sephiroth. Il s’agissait du trésor errant d’un kabbaliste : 22 cartes frappées de l’alphabet hébreux, un magnifique chandelier à sept branches, un bijoux en argent de curieuse facture… Dans la chambre, quasi-nuptiale que nous occupions, un livre oublié vint me dire une 2e fois l’invitation qui m’était faite. Il s’agissait du « Livre Brûlé » de Marc-Alain Ouaknin. Je n’avais jamais connue de plus extraordinaire réponse à un de mes « lâchers de poésie »… Et ce n’était qu’un commencement !

Ainsi cavalier, ébloui de la grâce poétique des premiers témoins de Jeshoua, je prononçais quelques récits devant de nobles assemblées, rassemblais des souvenirs, retrouvais le sens de mon écheveau, de l’honneur me fut donné en une certaine cours… Puis, en Brocéliande, vinrent à moi un vieux maître Kabbaliste et le livre nécessaire, le Sefer Yetzirah.

L’aube devint ma complice, sous l’étoile du matin je m’exerçais. Ayant taillé, dessiné, prononcé, à nouveau en Brocéliande, je fît l’expérience de ce que pouvait être une juste vocalise des mots énergétiques, des mots sceaux, des mots qualitatifs… Ce fut à Lizio, en cette chapelle templière révélée par un autre maître décédé, le père Auguste Coudray…


Chapelle Sainte Catherine, Lizio le 24-06-2010 par Darius1c

L’anecdote est vivifiante. En cette chapelle Sainte-Catherine de Lizio j’étais venu en compagnie d’un vieil ésotériste plein de lumières mais bourru, d’autres étaient là aussi. Mais le vieil ésotériste se senti malmené par le message des lieux, une autre filiation templière et initiatique subsistait et il en ignorait tout… Une autre que celle qu’il pratiquait, une voie presque jumelle. Un message trop déroutant au regard de l’œuvre de toute une vie de cet homme. Comment avait-il pu passer à côté de cela ?

Nous étions le 24 juin, le temps se couvrît au-dessus de Lizio. L’humeur tracassée du vieil ésotériste s’infiltrait dans l’éther qui répondait en échos décuplés… Les nuages couvraient le soleil. Le rituel naturel du long rayon devant frapper le baptistère et devant produire l’eau de saint Jean risquait d’être mis en échec, dans l’église chacun se recueillait guettant l’oculus surplombant la porte du couchant…

A partir des travaux de l’abbé Coudray, j’avais dressé l’arbre Séphirotique du lieu comme l’enseigne le Sefer Yetzirah. Je me plaçais aux divers points énergétiques et prononçais les 4 noms de chaque sephirot… Je fis du bas vers le haut et du haut vers le bas. Au pied de l’immense croix dessinée de pierres granitiques sur le sol de la chapelle, à l’extrémité occidentale de Aâssia qui désigne Melkhot, je finissais comme j’avais commencé… Merveilleuse synchronicité, dans l’écho de ma dernière syllabe du 10e sceau (והי+י), le soleil darda dans l’oculus à l’instant précis où il devait, pour bénir l’eau du bénitier…

Rien n’était plus attendu par notre Nous en cet instant. Rien ne pouvait être un « Salut » plus attentionné du non-manifesté… Ce fut la deuxième boucle !

La troisième boucle eut donc lieu, il y a peu à Parthenay et m’offrit le spectacle d’un tracé de lumière m’appelant à la contemplation des 7 portes. Le Tétramorphe, son histoire, d’avatar en avatar, s’invite à mes méditations poétiques, et viens de me faire découvrir un autre lieu où il régnait à l’entrée, un lieu tout proche et habité d’anciennes âmes comme la Place Saint-Philipe-Néri, dans le Gothic de Barcelone… Un nouveau Lieu donc, dans le Mellois (79), qui unit en ses pierres, Druidisme, puits sacré, premiers chrétiens de Gaulle et concorde… Est-ce là l’annonce d’une quatrième boucle ?

Sublime brûlure

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Ce qui s’éclaire ne porte pas de nom et nous parle d’une fête

Sans effort, ni volonté, sa forme totale nous échappe

Sa saveur est sublime, constante, renouvelée et parfaite

Mais, pour l’ignorant, la peur vient vite et sape

L’espoir si sensuel et pourtant spirituel

Car il lui reste tant à brûler de pieds en tête

Sans le total abandon, la liberté n’a pas d’aile